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Top 5 2010 - Stéphane Sautonie

>>> STEPHANE SAUTONIE
>> Pigiste

Difficile de dresser un bilan et de faire un choix parmi tous les jeux qui sont sortis cette année. J’ai donc dû me résoudre à en laisser certains de côté comme le cosmique Super Mario Galaxy 2, le très littéraire Alan Wake ou encore le retour de notre singe cravaté préféré avec le délicieux Donkey Kong Country Returns. Autrement, en ce qui concerne le bilan de cette année, je ne peux que me réjouir des quelques prises de risques de certains jeux, Heavy Rain en tête. Si ce ne sont clairement pas les jeux qui se vendent le plus et qui sont les plus appréciés, ils montrent que le média jeu vidéo peut apporter autre chose que les traditionnels poncifs qui misent tout sur l’action et le relâchement d’adrénaline dans notre corps. Le côté ludique c’est bien, mais si on essayait de voir au-delà ? C’est donc dans cette optique qu’a été effectué mon classement.

1 - Red Dead Redemption

Red Dead Redemption a été un succès aussi bien pour les joueurs que pour la critique. Avec ses paysages qui donnent envie de s’arrêter toutes les deux minutes, ses personnages charismatiques, son humour décalé et ses messages façon Rockstar, dur de ne pas céder à la tentation du Grand Ouest. Si le déroulement du jeu, que ce soit au niveau de sa structure ou de sa prise en main, ne se révèlent pas des plus originaux, c’est surtout le tournant pris par la narration dans la dernière partie du jeu qui m’a chamboulé. Sans en dévoiler davantage, il faut savoir qu’une fois les nombreuses missions d’action effectuées, les choses se calment vers la fin et l’histoire nous dévoile de manière posée les rapports entre John Marston et ses proches. Ce sont donc des scènes plus profondes avec quelques réflexions entre les personnages qui donnent davantage de corps à l’ensemble et font qu’on ne joue pas avec John, on l’incarne. Il est donc possible de raconter des choses en mettant en avant la puissance de l’écriture au détriment du spectacle et c’est tant mieux. Difficile de donner tout mon ressenti sans spoiler mais très clairement, ce changement de cap qui privilégie l’émotion au profit de l’esbroufe pyrotechnique m’a non seulement agréablement surpris mais surtout montré que de nombreuses choses positives sont encore possibles dans ce jeune média qu’est le jeu vidéo.

2 - Heavy Rain

Heavy Rain, en voilà un jeu que j’attendais et qui ne m’a franchement pas déçu. Décrié par de nombreux joueurs par son côté "grosse cinématique agrémentée de QTE", le jeu de David Cage a au moins le mérite de vouloir pousser l’expérience vidéoludique un peu plus loin que la moyenne. Quand on se lance Heavy Rain, c’est pour y vivre une histoire, profondément s’attacher aux personnages et finalement faire les choix les plus honnêtes possibles. A l’instar de la fin de Red Dead Redemption, Heavy Rain communique également  avec le joueur par des moyens trop peu abordés dans les jeux vidéo (la relation père fils, la culpabilité, la dépendance à une substance addictive ou encore simplement les gestes du quotidien qui donnent un background et renforce l’identification aux personnages). Alors oui, le titre possède des bugs, la prise en main est un peu rigide, le scénario n’est pas toujours des plus surprenants et les incohérences et le squelette du titre sont visibles dès la seconde partie. Mais au final, tout ça on s’en fout, le voyage offert par Heavy Rain est tellement immersif et prenant qu’il devient difficile de lâcher la manette. Une des forces du jeu est aussi les discutions entre joueurs qu’il offre une fois le terminé. A coup sûr, échanger sur les différentes possibilités est bien plus intéressant que refaire le jeu qui dévoile malheureusement les ficelles scénaristiques. J’ai aussi été impressionné par la force attractive de Heavy Rain. C’est donc à deux que j’ai fait le jeu, avec quelqu’un qui n’est pas du tout familier avec les jeux vidéo et sincèrement, l’expérience n’en a été que plus captivante et c’est tant mieux.

3 - Metroid : Other M

Avant Metroid Prime sur Game Cube, je ne m’étais jamais essayé à une des aventures de Samus Aran. Honte à moi, je sais. Après être ressorti de la trilogie Prime de Retro Studios qui a su porter la franchise en 3D avec brio, et enchaîné tous les épisodes précédents dont le fantastique Super Metroid, c’était avec une certaine appréhension que j’abordais ce nouveau volet signé Team Ninja. Heureusement que les doutes se sont rapidement envolés et que le plaisir de jeu s’est installé quasi instantanément. Si Samus n’a pas triplé sa taille de bonnet façon Dead or Alive, elle a clairement développé son background et notamment les éléments qui la relient à son mentor le général Malkovich. Nappé de nombreuses cinématiques tout simplement somptueuses qui s’insèrent excellemment entre les phases de jeu avec une transition parfaite, le jeu donne enfin la parole à Samus et franchement, je dois dire que j’étais scotché du début à la fin. Le titre a aussi quelque chose qui manque à trop de jeux : les temps de chargement qui cassent l’illusion de vivre une histoire au premier plan. Bien-sûr côté histoire, on est loin d’arriver à l’explosion scénaristique d’un Metal Gear Solid 4 : Guns of the Patriots et certaines répliques peuvent paraître niaises, mais finalement on pardonne ces quelques écueils tant l’ensemble est généralement captivant et cohérent avec le reste de la saga. Les petites références à Star Wars, 2001 : l’Odyssée de l’Espace et son intelligence artificielle dotée d’une conscience ou certains jeux comme Dead Space et Resident Evil : Code Veronica pour un personnage féminin important mais néanmoins redouté ont aussi retenu mon attention. Une chose est sûre, Sakamoto a bien potassé son sujet. Autrement, la prise en main est une pure merveille et les sensations sont bien présentes avec seulement quelques boutons, une prouesse donc. Peut-être trop linéaire et pas toujours très beau, il faut l’avouer, Samus m’aura malgré tout, une nouvelle fois, marqué au fer rouge comme il se doit.

4 - LIMBO

Depuis quelques temps, la scène indépendante ne cesse de surprendre. Après des titres comme Braid, Flower, Castle Crashers, Trials HD et Shadow Complex, voilà que c’est au tour de LIMBO de s’imposer comme le dernier petit chef d’œuvre du genre. Avant tout, LIMBO m’a intrigué par son visuel en noir  et blanc qui donne l’impression d’assister à un rêve éveillé. Le jeune personnage, qui apparaît comme une silhouette avec ses seules yeux lumineux pour le caractériser, semble bien fragile dans ce monde hostile. C’est simple, dès les premières minutes, on comprend que LIMBO demandera de la patience avec ses nombreux pièges. Mais là où le jeu fait fort, c’est qu’il ne fruste pas le joueur car chaque solution s’avère toujours logique et les nombreuses tentatives (la fameuse progression par l’échec) font qu’on ne peut qu’y arriver. A côté de ça, j’ai remarqué que le charme de LIMBO était également fédérateur et de nombreux potes qui ne sont pas habitués aux jeux vidéo ont instantanément adhéré au titre. Emerveillement devant ce visuel qui donne l’impression d’une peinture animée, angoisse lors du passage avec l’araignée ou encore entraide à voix haute pour résoudre une énigme : j’ai pu assister à tout ça dans mon entourage et il faut avouer que c’est bien assez rare pour le noter, notamment pour un titre 18+.

5 - Silent Hill : Shattered Memories

Assez timide au niveau de sa communication, Silent Hill : Shattered Memories possède bien de grandes qualités qui enterrent l’épisode Homecoming six pieds sous terre. Petite piqure de rappel : le jeu est une relecture du tout premier Silent Hill, ce qui fait que par conséquent le game system et le structure même du survival horror se trouvent profondément chamboulés. Ici pas d’armes pour se défendre : la fuite est la seule option. En plus de la frayeur occasionnée par des courses poursuites à la limite du supportable et un stress assez insistant, le jeu sais offrir des moments plus paisibles qui permettent d’explorer la ville et ses sombres secrets. Mais ce qui m’a le plus embarqué dans ce Silent Hill, c’est bien-sûr sa narration qui se montre créative et très efficace au niveau de l’implication du joueur. Concrètement, le joueur vit une séance de psychanalyse où il se remémore ses mésaventures à Silent Hill. Les séquences dans la ville sont donc des flashbacks jouables qui prennent plusieurs formes selon votre profil psychologique.  Oui le votre, pas celui de Harry Mason. Ainsi, divers tests vous demanderont de colorier une maison, de répondre à des questions parfois très personnelles (sexualité, rapport avec la boisson…) ou encore de répondre au fameux test de Rorschach qui demande d’interpréter plusieurs taches d’encre. Ces informations s’intègrent ensuite dans le jeu d’une manière plus ou moins subtile. Du coup, les protagonistes rencontrés changeront d’apparence et de comportement, des affiches sur les murs ou des évènements pourront être totalement différent et bien-sûr, les conclusions, souvent touchantes d’ailleurs, seront fonction de ces choix. Cette espèce introspection du joueur nous fait sentir tout bizarre et très clairement, selon moi, Silent Hill : Shaterred Memories est le genre de jeu qui fait petit à petit avancer le média jeu vidéo vers des sphères plus élevées que celles qu’on a l’habitude de fréquenter.

COUP DE GUEULE
Les temps de chargement

Contrairement aux films ou aux livres, les jeux vidéo sont racontés d’une manière assez hétérogène. On a traditionnellement droit à une scène cinématique d’introduction, à des phases de jeu entrecoupées de petits films plus ou moins interactifs et à une conclusion là encore présentée sous forme de vidéo. Malheureusement, une grosse ombre vient ternir l’expérience narrative : les temps de chargement et autres transitions. En plus de faire attendre le joueur, cela bousille clairement le sentiment de vivre une aventure et d’être immerger dans un monde. Ca m’a particulièrement irrité dans Dead Rising 2 qui enchaîne long chargement sur long chargement, Assassin’s Creed : Brotherhood qui n’hésite pas à en balancer toutes les deux minutes ou encore Epic Mickey qui, avec ses nombreux fondus noirs au sein de la même cinématique, donne parfois l’impression d’être en face d’un stroboscope. Cela ne gêne sûrement pas la majorité des joueurs mais pour moi, la narration se doit d’être fluide pour une plus forte implication. A cette critique, les développeurs vont répondre, très certainement à raison, que les capacités des machines imposent ces moments d’attente intempestifs. Malgré tout, quelques titres ont réussi à m’emporter davantage en soignant leur rythme narratif. Ainsi, Vanquish assure non seulement dans son action frénétique mais aussi dans son absence de coupure qui du coup ne donne pas envie de poser le pad. Autre exemple, Metroid : Other M sur Wii présente pour moi ce qu’il y a de mieux dans le genre. Exempt de chargements, le titre se targue surtout d’une transition exemplaire entre ses époustouflantes cinématiques en CGI, celles avec le moteur du jeu et les séquences de jeu elles-mêmes. Un exemple à suivre.



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