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Top 5 2010 - Florian Viel

>>> FLORIAN VIEL
>> Pigiste

Ce que j’aime chez moi – on est jamais aussi bien servi que par soi-même –, c’est mon admirable capacité à être insatisfait, encore, toujours. Je suspecte d’ailleurs Maxime de m’avoir recruté pour cette raison, mais ça, c’est une autre histoire. Je profite de ce top annuel pour faire la démonstration de ce formidable trait de caractère, que je partage il est vrai avec bon nombre de détenteurs de la nationalité française, donc avec vous, chers lecteurs. Cinq jeux, cinq jolies histoires, mes cinq petits plaisirs de 2010, dont je souligne en long, en large et en travers les défauts. Après tout, qui aime bien châtie bien ! Mais, bien que Rockstar aurait pu veiller à ce que l’intro de son jeu ne plante pas ou que David Cage aurait mieux fait de confier la conception des mécaniques de son Heavy Rain à des game designers joueurs, leurs œuvres, tout comme les trois autres qui complètent ma sélection, m’ont sacrément plu. Parce que j’ai beau râler, mon petit cœur de gamer sait encore s’emballer. Et quelque chose me dit que l’infarctus ludique n’est pas pour 2011 !

1) Red Dead Redemption (X360, PS3)

Tout ce que touche Rockstar ne se transforme pas en or, mais les Anglos-Américains ont tout de même le don de dynamiter la concurrence à intervalles assez réguliers. Après un premier épisode imparfait, la succursale de San Diego se rachète de la plus brillante des manières avec cette suite spirituelle spectaculaire. Un peu dubitatif lors des premières minutes de jeu (gros soucis d’affichage sur l’intro, plantages audios à répétition), j’ai rapidement compris l’enthousiasme de Laurely qui, bien qui fanboy assumé des jeux marqués du R étoilé, n’en demeure pas moins un testeur compétent, et me suis laissé prendre au jeu de la grande aventure version bac à sable. Là encore, la qualité d’écriture et le charisme des héros contribuent pour beaucoup à l’attractivité de ce produit massif, mais pas seulement. Gameplay varié, belle qualité technique, ambiance du tonnerre, chez Rockstar, on sait à la fois raconter des histoires et développer des jeux vidéo, des jeux qui laissent leurs utilisateurs parfaitement libres de leur temps, sans qu’ils ne puissent jamais vraiment s’ennuyer. Que l’on suive scrupuleusement les sillons de la quête principale ou que l’on passe ses parties à jouer au poker, Red Dead Redemption est un titre toujours divertissant. Que demander de plus ?

2) Mass Effect 2 (PC, X360)

Le premier Mass Effect représentait, d’une certaine manière, la quintessence du jeu de rôle à l’américaine. Grosse réalisation, gros effets, héros charismatiques, belle qualité d’écriture, références en pagaille, la première licence de SF créée de toutes pièces par BioWare manquait un poil de finesse, mais dans le genre, on ne faisait pas mieux. Pour le second volet de cette future trilogie, les développeurs se sont montrés plus frileux… tout en prenant des risques. Nouveau système de combat, moteur refondu, remplacement du Mako par le Hammerhead, simplification outrancière, linéarité excessive, l’équipe d’Edmonton a tenté des choses, avec plus ou moins de succès. Un peu décevante au regard des attentes suscitées par le premier volet, cette suite ne semble servir que de simple laboratoire, comme si le studio testait différentes options avant de se lancer dans la préparation de l’épisode final. Les joueurs sont-ils les victimes de cette curieuse approche empirique ? Pas vraiment. Moins bluffant que son prédécesseur – l’effet de surprise est passé –, Mass Effect 2 m’a tout de même occupé une bonne partie du mois de janvier. C’est beau, immersif, très bien écrit… et ça laisse présager le meilleur pour le 3. Vivement 2012 !

3) Heavy Rain (PS3)

Quelles que soient les qualités ou les défauts que l’on prête au bonhomme, une chose est sûre : David Cage a du bagout et des tripes. Qu’on y songe ! Voilà un homme qui a rendu visite à différents investisseurs au début des années 2000 en déclarant quelque chose du genre : « je prépare un nouveau projet, ça s’appelle Fahrenheit, ça va être génial, y aura un tueur fou, des corbeaux, du shamanisme, une touche de Matrix, des placards à ouvrir, plusieurs héros, dont un qui ne ressemble à rien mais qui pourra coucher avec des femmes superbes. Ah et il fera froid, aussi ». Un gros budget,  un demi-échec commercial et une polémique critique plus tard, le même David Cage s’en est allé présenter son jeu suivant à d’autres investisseurs : « je prépare un nouveau projet, ça s’appelle Heavy Rain, ça va être génial, y aura un tueur fou, des liens psychiques, des origamis, des placards à ouvrir, plusieurs héros dont un drogué, un gros quinqua et un autre qui ne ressemble à rien mais qui pourra coucher avec une femme superbe. Ah et il pleuvra, aussi. » Comme son créateur, Heavy Rain en a dans le ventre. Qu’on y songe ! Voilà un jeu lent et souvent ennuyeux, qui développe des mécaniques dont l’archaïsme, bien que recouvert du vernis marketing d’une pseudo-révolution ludique, saute à la gueule dès les premières secondes.  Et pourtant, la nouvelle production de Quantic Dream réussit à nous tenir en haleine, nous pousse, par son niveau de finition et son atmosphère unique, à mener l’enquête à son terme. Rien que pour ça, chapeau !

4) Alan Wake (X360)

Comme Quantic Dream, Remedy semble être passé à côté des évolutions ludiques récentes. Avec Alan Wake, les peu productifs Finlandais s’enferrent dans des choix de gameplay passéistes. Linéaire, répétitive et rigide, leur dernière œuvre souffre de quelques années de retard, tout en affichant une maîtrise de l’écriture et de la mise en scène encore bien rare dans les jeux vidéo contemporains. Donc, comme dans Heavy Rain, j’ai pesté contre des mécaniques à la con (sauf que celles d’Alan Wake fonctionnaient parfaitement il y a dix ans, ce qui n’est pas le cas des concepts français), mais comme dans Heavy Rain, j’ai avancé, avancé, avancé, totalement séduit par la trame d’un titre qui aurait gagné à faire preuve d’autant d’ambition dans son interactivité qu’il en montre dans sa narration. Hyper stressant sans qu’il ne lui soit jamais nécessaire de multiplier les monstres visqueux, accrocheur bien que scénaristiquement obscur, Alan Wake avait le potentiel pour écrire un nouveau chapitre dans l’histoire du jeu vidéo. Il n’aura finalement droit qu’à un paragraphe dans les anthologies du genre et laissera quelques grands souvenirs aux amateurs de courses angoissantes dans les forêts, ce qui n’est déjà pas si mal. Prions juste pour que ses concepteurs tournent enfin la page de l’action-aventure telle quelle se faisait au tout début des années 2000.

5) DodoGo ! (DS)

Faute d’avoir pu le caser dans le Guide d’Achat 2010, je profite de ces lignes pour rendre honneur au dernier projet de Denis Mercier, game designer passé par Delphine Software (inoubliable Flashback). Uniquement disponible sur la Boutique Nintendo DSi pour la modique somme de 800 points, ce petit jeu de réflexion très inspiré de Lemmings possède toutes les qualités que l’on attend d’un titre du genre : accessible, intelligent, super mignon et addictif. A partir d’un concept simplissime – vous devez raccompagner des œufs de dodos vers leur nid en interagissant avec leur environnement – Mercier et ses sbires d’Alien After All exploitent au mieux les capacités tactiles de la portable Nintendo. Les niveaux sont très brefs mais le challenge se corse progressivement et pour tout nouvel obstacle, vous disposez d’un outil inédit adapté. C’est riche, fun, et parfait pour s’occuper deux minutes ou deux heures. Et si vous en avez fini avec la centaine de tableaux de cette version, le récent, et plus ardu, DodoGo ! Challenge vous attend de coquille ferme !

COUP DE GUEULE
La crise de la "cinquaine" ?

Il ne sera guère difficile de trouver, parmi les grandes sagas de la culture populaire, des tomes 5 de qualité. 2010 ne fut pourtant pas une année propice à la demi-dizaine sur consoles et PC, avec les semi-échecs des cinquièmes rejetons de deux de mes grosses licences préférées, Splinter Cell et Civilization. Décalé, redécalé puis totalement réécrit, Splinter Cell Conviction a finalement atteint les étals au mois d’avril dernier dans une version bien inégale, oscillant entre le brillant et le désolant, partagée entre fulgurances ludiques et séquences profondément ennuyeuses. Cette nouvelle aventure voit Sam Fisher poursuivre la mutation entamée dans Tom Clancy's Splinter Cell : Double Agent mais, faute de réel talent de narration et de mise en scène, Ubisoft échoue à rendre cette évolution spectaculaire. Pis, les équipes du groupe français trahissent l’essence-même de leur héros, autrefois réputé pour son sang-froid tout reptilien et aujourd’hui presque réduit à l’état de grossière et implacable machine à tuer. Raffiné et d’une redoutable efficacité, le multi, grande force de la série depuis sa seconde itération, remonte considérablement le niveau, mais en solo, le père Fisher devrait peut-être songer à prendre sa retraite. Une situation d’autant plus déplorable que la version annulée en cours de route débordait d’ambition et s’annonçait autrement plus passionnante que cet ersatz interactif de thriller hollywoodien.

Toute aussi douloureuse fut ma découverte de Civilization V, dernier-né de la série à laquelle j’ai consacré le plus de temps au cours de mes longues années de jeu vidéo. Une précision : je ne suis pas un as de Civilization, j’y joue doucement et prudemment, mais également beaucoup et longuement, bref, pour détourner la terminologie à la mode, je suis un civ-casual gamer. Malgré tout, j’aime la licence de Sid Meier, sa richesse, et j’aurais préféré que ce cinquième épisode soigne encore davantage son gameplay plutôt que de faire du gringue au "grand public" à grands renforts de moteur 3D et de gimmicks inutiles. La 3D apporte assurément un peu d’exotisme à cette licence qui se devait d’entrer dans l’âge moderne, mais le studio Firaxis aurait pu, en parallèle de cette évolution graphique, mieux explorer des concepts précédemment développés, que ce soit dans ses propres titres ou dans ceux des concurrents. Gestion économique réduite, influence culturelle quasiment vidée de sa substance, disparition des unités de surveillance qui pimentaient la partie diplomatique, Civilization V perd en richesse ce qu’il gagne en accessibilité. Le produit reste intéressant et hautement addictif, mais pour le presque vingtième anniversaire de la série, j’aurais préféré un florilège plutôt que ce succédané.



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