Avec une durée de 45 minutes, l’épisode 5 est tout simplement l’épisode le plus court de la Saison 2 et encore aujourd’hui, après l’avoir vu 4/5 fois depuis que j’ai reçu les 7 épisodes fin mars, je me demande pourquoi il ne dépasse pas les 60 minutes, tant il y a de choses importantes à aborder. Attention, c’est clairement un épisode que j’ai aimé dans sa globalité, notamment dans sa construction, les thèmes qui sont abordés, la manière dont les choses sont amenées, et le jeu des acteurs de manière générale, mais je pense qu’il y a une mauvaise gestion de l’équilibre et du rythme. Parmi les erreurs qui ont été faites selon moi, c’est cette mauvaise gestion du timing et principalement dans les 2/3 de l’épisode. Pour commencer l’introduction est beaucoup trop longue, surtout pour un dialogue aussi peu percutant. Le sujet est important, il est là pour introduire les spores, élément qui n’avait pas été traité dans la série, oublié dans la Saison 1, mais une dialogue de 5 minutes pour ça ? C’est beaucoup trop long.
SPORES DE COMBAT
Il s’agit en effet d’un échange entre Hanrahan jouée par Alanna Ubach et Elise interprétée par Hettienne Park pour nous faire comprendre le danger de ces particules infectieuses qui se propagent dans l’air. On voit d’ailleurs une porte lourdement barricadée au sein de l’hôpital, qui est désormais devenue une zone de quarantaine, et qui tease déjà le Rat King qui arrivera sans doute dans la Saison 3. C’est là que Elise avoue avoir sacrifié son propre fils, Leon, en le laissant dans les étages inférieurs de l’hôpital, Leon qu’on reverra à la fin de l’épisode quand Ellie se baladera dans ses sous-sols. Je vous le dis, le sujet est important, mais c’est la manière de le raconter qui manque de punch, de patate. J’aurais préféré une scène de 2 min qui nous montre qu’on a dû sacrifier ces soldats, plutôt qu’on nous le raconte avec si peu d’engagement et d’émotions.
De la même manière, ce qui suit derrière aurait mérité d’être expédié plus rapidement aussi, c’est-à-dire les échanges entre Ellie et Dina qui se prépare à repartir dans les rues de Seattle. Cette espèce de mise en place du plan, les explications sur la triangulation des positions, le fait qu’Ellie retourne faire de la guitare pour se remémorer Joel, ce sont des moments importants, surtout pour justifier la haine viscérale qui va jaillir de l’esprit d’Ellie quand elle va se retrouver face à Nora, mais je pense qu’on aurait pu là aussi gratter quelques minutes supplémentaires pour développer une autre séquence que je trouve hautement plus importante. Et ce passage, c’est celui de l’affrontement avec les Séraphites dans la forêt. Dans le jeu, les combats contre les Scars sont archi importants, et sans doute les plus angoissants, parce qu’ils sont coriaces, hargneux même et cette façon de chasser a marqué les joueurs, surtout avec leurs sifflements, angoissant et qui marque les esprits. C’est ça qu’on aurait voulu voir dans la série, un véritable affrontement entre Ellie et quelques uns des Séraphites, une vraie chasse à l’homme où Ellie aurait profité des hautes herbes et des fougères pour les contourner et en éliminer quelques uns.
SCAR & FICTION
Le moment iconique dans le jeu où Ellie se prend une flèche sous la clavicule pour introduire cette nouvelle mécanique de blessure a été changé dans la série, puisque c’est Dina qui se prend la flèche dans la cuisse. C’est scénaristiquement malin de la part de Craig Mazin et de Neil Druckmann, puisque ça va permettre d’immobiliser Dina pour le reste de l’aventure et de retomber sur le même cheminement que le jeu vidéo. Je vous rappelle que dans le jeu, Dina est mise de côté parce qu’elle est enceinte et qu’elle se sent pas bien. C’est ce qui va se passer dans l’épisode 6, mais pour des raisons de blessure cette fois-ci. C’est malin oui, mais bon sang, pourquoi ne pas avoir étiré cette séquence des Scars dans les bois ? C’est ce qu’on attendait tous bon sang ! Non là, on a juste une course-poursuite rushée, expédiée en moins de 5 minutes, séquence de l’éventration y compris, c’est tellement frustrant… Pour le coup d’ailleurs, Craig Mazin et Neil Druckmann ne se sont pas détournés de la violence et on ressent bien ce côté bien lugubre de la façon dont agissent les Scars, ce besoin de faire sortir les tripes de ses ennemis pour les expier de leur péchés. On sait grâce au making of que toutes ces séquences d’hommes et de femmes pendus avec leurs intestins à l’extérieur ont été tournées avec de vraies personnes attachées, ce qui apporte une véritable sensation d’horreur supplémentaire.
Il n’y a pas que la scène des Séraphites qui aurait mérité d’être beaucoup mieux exploitée, l’infiltration dans l’hôpital aussi. On se souvient à quel point c’était compliqué de pénétrer à l’intérieur du bâtiment dans le jeu, surtout avec les chiens pisteurs et les nombreuses factions de Wolfs à éviter, et ça aurait mérité un vrai développement dans la série, quitte peut-être à minimiser le combat face aux stalkers. Parce que même si c’est cool de revoir encore des infectés, les rôdeurs, on les avait déjà vus et surtout l’Episode 4 nous avait donné ce qu’on voulait déjà en matière de zombies. Perso, j’aurais troqué la scène des Rôdeurs contre un combat bien vénère face aux Wolf avec clébards à clef, avec intervention de Jesse à la fin, ça n’aurait rien changé à l’issue de cet épisode 5.
Ce qui n’a a été raté en revanche, c’est la confrontation entre Ellie et Nora, assez proche du jeu vidéo dans son exécution, sauf que la série va se permettre une petite liberté dans la course-poursuite, c’est de faire traverser des couloirs remplis de spore mais surtout de soldats qui agonisent et sont en train de se transformer depuis des semaines, voire des mois. Ce moment est je trouve visuellement très réussi, étouffant dans son imagerie, hanté par les couleurs organiques et les textures du champignon envahissant. C’est là qu’on raccroche les wagons avec la scène d’intro, puisque Ellie va se retrouver devant Leon, ce soldat Wolf, fils d’Elise, laissé pour mort par sa propre mère pour sauver le reste de la communauté. Soit l’opposé total de ce que Joel n’a pas fait avec Ellie. Le miroir inversé dans les décisions de chacun. C’est très fort comme image.
TOUT VA BEAUCOUP TROP VITE
Et bien sûr, l’acte ultime de l’épisode 5 que tout le monde attendait, très proche là aussi de ce qu’on a vécu dans le jeu vidéo, avec cette photo si belle, cette scène plongée dans cet éclairage rouge puissant, avec une Nora qui ne peut plus rien faire. Ellie retrouve l’une des femmes responsables de la mort de Joel et la confrontation entre les deux femmes vire à l’affrontement moral. Nora ne supplie pas. Elle accuse. Elle revendique. Elle dit que Joel méritait sa mort. Et Ellie, elle, ne recule pas. Elle sait que ce qu’elle fait est mal. Elle le fait quand même. Elle va la torturer pour obtenir ce qu’elle veut, en mimant ce que Abby a fait à Joel, en assénant des coup de tuyau rouillé dans les beuj de Nora, qui va elle aussi hurler. Bella Ramsey est impérial dans cette séquence, à la fois calme et déterminée dans son regard et glaçante dans les mots qu’elle va prononcer. Le Where is Abby posé de façon calme, mais assuré nous montre une femme qui est prête à tout pour aller jusqu’au bout de ce qu’elle veut. Elle obtient d’ailleurs ce qu’elle veut. Mais à quel prix ? Elle devient le miroir de Joel. Elle fait ce que lui aurait fait. Pire : elle sait ce que Joel a fait, elle connaît son mensonge, et elle continue. Quand Nora lui demande : « Tu sais ce qu’il a fait ? », et qu’elle répond simplement « Je sais », on comprend que la vérité ne sauve plus. Elle n’absout pas. Elle justifie l’irréparable. Et comme l’épisode se termine avec un flashback où Joel apparaît souriant, réveillant une Ellie, elle aussi tout sourire, comment ne pas sortir satisfait de cet épisode ? C’est d’ailleurs ce qui se passe aussi dans le jeu vidéo, ce besoin de souffler, de voir de la lumière après un passage aussi dark. Le jeu a joué avec nos émotions, la série aussi et cet épisode va évidemment marquer les esprits. Dommage par contre qu’il soit aussi rushé, qu’il dure aussi peu de temps, il aurait mérité de durer au moins 60 min pour que l’impact soit encore plus fort.