250 millions de dollars en une semaine au box office mondial, un score Rotten Tomatoes de 83%, une audience qui frôle les 93% de satisfaction : sur le papier, le nouveau Superman signé James Gunn coche toutes les cases du carton estival. Mais en coulisses, chez Warner Bros., on serre les dents et on ne sabre pas encore le champagne... David Corenswet, le nouveau visage de l’Homme d’Acier, a beau avoir convaincu fans et critiques, les chiffres racontent une autre histoire. Car oui, sur ces fameux 250 millions engrangés depuis la sortie du film le 11 juillet, 155 millions viennent des États-Unis, et seulement 95 millions de l’international, marché chinois y compris. En France, en 5 jours, Superman a attiré seulement seulement 442 855 personnes. C'est deux fois moins que Man of Steel (867 443) et moins encore que Superman Returns (533 205) ; ce qui, pour une production censée relancer un univers entier, n'est clairement pas suffisant à en croire le rapport de Variety. Pour Warner Bros, la réaction fut timide avec un petit : « Ça passe. » Autrement dit : pas la catastrophe, mais pas non plus le raz-de-marée espéré. Un analyste du box-office résume parfaitement ce sentiment de demi-teinte :
« Aux États-Unis, Superman a bien atterri, mais les résultats à l’international sont décevants », commente Jeff Bock, analyste chez Exhibitor Relations, à propos des 95 millions de dollars engrangés hors US. « Pour qu’il devienne l’un des grands blockbusters de l’été et serve de relance à tout un univers, il fallait un lancement plus percutant. On verra sur la durée, mais le démarrage reste un peu décevant pour DC et Warner. »
Il faut dire que l’équation était simple : Gunn aux commandes, un casting renouvelé, une rupture avec l’ère Snyder, une tonalité plus lumineuse, et même Krypto le chien pour appâter les familles : tout était en place. Mais dans un monde dominé par le rouleau compresseur Marvel (aussi fatigué soit-il), il ne suffit plus de bien faire, il faut exploser les standards. Et là, Superman semble juste bon élève, sans plus. Surtout que le film a coûté 225 millions de dollars, avec 125 millions supplémentaires investis dans une campagne marketing mondiale, incluant des coups spectaculaires comme la présence d’une statue Superman grandeur nature au sommet du Shard, la plus haute tour de Londres, le 1er juillet, une opération estimée à plusieurs millions.
En parlant de chiffres, fait rare : ce n’est pas l’acteur principal qui a été le mieux payé, mais James Gunn, qui a empoché 15 millions de dollars, soit 20 fois plus que David Corenswet (Clark Kent/Superman) et Rachel Brosnahan (Lois Lane), payés chacun 750 000$. James Gunn touche également un salaire à sept chiffres pour son rôle exécutif chez DC. Quant à Nicholas Hoult, il a touché 2 millions de dollars de salaire pour son rôle de Lex Luthor. Warner a bien des options pour des suites avec Corenswet et Brosnahan, mais aucun projet de Superman 2 ne semble imminent. En revanche, selon des sources, le studio accélère sur un nouveau film Wonder Woman et se dit ravi du scénario que Matt Reeves vient de soumettre pour la suite de The Batman. Sans oublier que Supergirl arrive en juin prochain, avec un premier teaser imminent.
Toutefois, si Superman, le héros emblématique par excellence de DC, ne parvient pas à créer l’événement planétaire, on peut sérieusement se demander si le DCU version James Gunn a les reins assez solides pour affronter les années à venir, avec des personnages moins mainstream tels que Lobo, Green Lantern et d'autres en préparation. Reste à voir si le bouche-à-oreille jouera en faveur du film dans les semaines à venir, ou si ce Superman 2.0 ne sera qu’un souffle d’espoir de plus, avant un énième reboot.