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The Batman : plus dark et plus sale, entre Seven, Zodiac et un soupçon de Saw, notre critique

The Batman : plus dark et sale, entre Seven, Zodiac et Saw, notre critique
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The Batman, sans doute le film le plus attendu de ce début d'année 2022, est enfin là, après plus d'un an et demi de tournage entre-coupé d'une pandémie de COVID. Attendu, fantasmé, craint également, il cristallise ce que les fans du Dark Knight attendent de lui : un film sombre, noir, dans lequel on trouve un Bruce Wayne torturé par son passif et qui est en train de devenir le justicier que Gotham City attend. Non seulement, le film de Matt Reeves est à la hauteur, mais en plus, il donne une nouvelle dimension au personnage jamais exploré dans les films jusqu'à présent : le Batman détective.

Depuis son annonce officielle en 2017, The Batman est un projet important pour Warner qui a pendant de nombreuses années divisé sa communauté, ou plutôt celle des amoureux des films DC. Avec l'échec artistique de Justice League et du Snyderverse, beaucoup d'acteurs ont baissé les bras autour des projets qui devaient en découler derrière. Jared Leto bien sûr, mais aussi Ben Affleck qui devait se charger d'incarner et de réaliser ce film solo Batman, et qui a finalement jeté l'éponge en 2017. C'est Matt Reeves qui a été appelé à la rescousse, lui qui s'est fait remarquer avec Cloverfield en 2008, Laisse-moi entrer en 2010, et qui n'est autre que le remake du film Morse (regardez Morse d'ailleurs, c'est un super film, la version suédoise hein, mais si le remake américain est pas si mal), et les deux derniers épisodes de La Planète des Singes, L'Affrontement et Suprématie. Très vite, le projet The Batman prend de l'ampleur, déjà parce qu'on apprend qu'il s'agira d'un film qui ne fera pas partie du fameux DC Universe , qui a aujourd'hui plus aucune raison d'être d'ailleurs, et ensuite parce qu'on apprend en 2019 que le rôle de l'homme chauve-souris a été confié à Robert Pattinson.


Si la plupart des cinéphiles se réjouissent qu'un acteur de sa trempe va reprendre le rôle iconique de Batman, pour celles et ceux qui ne voient qu'en lui le Edward Cullen des 5 films Twilight, c'est un mauvais choix. Et clairement ces gens-là n'ont pas suivi la carrière de Pattinson qui a prouvé à de nombreuses reprises qu'il était un très grand acteur. De l'eau pour les éléphants, Cosmopolis, The Rover, The Lighthouse et le Diable tout le temps sont des films que je vous conseille si vous voulez avoir un bel aperçu des ses performances d'acteur. Et si ses rôles ont toujours été très confidentiels après Twilight, The Batman va lui permettre d'accéder à une nouvelle renommée internationale, puisque le grand public va le découvrir dans un autre registre, loin du vampire lover un peu fragile qu'on a découvert il y a 15 ans. Là il campe un Bruce Wayne très jeune, qui a une vingtaine d'années, qui est encore très traumatisé par la mort de ses parents et surtout, il est dans sa deuxième année en tant que justicier masqué. Et c'est là que l'approche du rôle de Batman est intéressant, on explore une nouvelle facette du personnage, qui n'a pas encore la stature du super-héros que les habitants de Gotham City adulent.

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Dans ce film, personne ne respecte vraiment Batman, ni la Police qui le considère comme un freak qui se déguise et qui n'a pas la légitimité de venir marcher sur ses plates-bandes, on voit à plusieurs reprises qu'il est rejeté par les forces de l'ordre, qu'il s'agisse des hauts gradés comme du simple policier dans l'exercice de ses fonctions. Et du côté des citoyens de Gotham City, on ne considère pas Batman comme le sauveur de la veuve et de l'orphelin, et il y a cette scène au début du film où Batman intervient pour sauver un mec qui se fait agresser par des voyous déguisés. Une fois que Batman s'en est débarrassé, il s'approche du mec qui s'est fait malmener par la racaille, et lui-même a peur que Batman s'en prenne à lui. Il l'implore de ne pas le taper. C'est là où l'on se rend compte de la situation compliquée dans laquelle se trouve Bruce Wayne, qui a besoin encore de s'imposer pour être considéré à sa juste valeur. Et cette notion de justicier gentil, il ne peut pas vraiment l'avoir puisqu'on découvre un Bruce Wayne torturé, qui se cherche encore, qui ne maîtrise pas bien ses émotions et surtout qui a une rage de vaincre, qui se traduit par des coups portés qui sont vraiment violents. A chaque fois qu'il intervient, on a l'impression qu'il en fait une affaire personnelle. Et justement, cette facette méconnue de Batman et de Bruce Wayne, c'est quelque chose que Pattinson parvient à très bien retranscrire à l'écran. D'ailleurs, pour la petite anecdote, sachez que Matt Reeves et Robert Pattinson se sont inspirés de Kurt Cobain, le chanteur de Nirvana, pour proposer cette version de Bruce Wayne / Batman, lui qui était torturé, mais très confiant publiquement, mais en réalité plein de fêlures et de fragilité. Un mec reclu sur lui-même, qui se drogue, c'est comme ça qu'ils ont façonné le Batman de 2022, un gosse de riche qui a perdu ses parents, ses repères et qui vit comme un paria et sa seule thérapie, ça été de devenir Batman. Ce n'est pas un hasard si l'un des thèmes principaux du film, c'est Something in the way de Nirvana, chanson ultra dark dans sa musicalité et ses paroles.

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D'ailleurs, un petit mot sur la musique de Michael Giacchino qui livre un thème percutant, très sombre, très reconnaissable dès les premières notes. Et c'était pas gagné quand on sait qu'il est plus habitué à des musiques plus enjouées comme la trilogie Spider-Man de Tom Holland, de nombreux Pixar comme Là-haut ou Coco. D'ailleurs c'est lui qui s'occupe du prochain Thor Love and Thunder. Mais non, il nous livre là une superbe prestation. Ce que j'ai aussi bien aimé de Robert Pattinson en tant que Batman, c'est qu'il n'a pas eu besoin de chercher cette voix très grave qui a toujours caractérisé le personnage. On se souvient que Christian Bale forçait dans les graves quand Ben Affleck utilisait un appareil pour transformer sa voix. Là disons que Pattinson joue sur une attitude plus calme, plus posé, qui va bien avec le ton du film, qui est un Batman centré davantage sur l'enquête, qui est une facette qui n'avait pas été bien exploré dans les films.

Justement, en parlant du fait qu'on soit sur un Batman détective, Matt Reeves prend le temps de poser le cadre, les enjeux, de développer chacun de ses personnages et c'est là la grande force de ce Batman, qui est clairement plus sombre que les autres. Je me souviens l'été dernier, lors des premiers screen-tests, on parlait du film comme un film d'horreur, avec un Riddler ultra flippant grâce à l’interprétation de Paul Dano. Et effectivement, cette sensation de horror movie, on l'a dès le début du film avec le premier meurtre qu'on a pu voir dans les bandes annonces, ce mec qui finit le visage bandé d'un gros scotch de chantier. La façon dont le Riddler va scruter et s'en prendre à ses victimes, c'est un mélange entre The Zodiac et Saw. Le Zodiac pour sa façon de jouer avec la Police avec des énigmes complexes, mais pas impossibles, et Saw pour certains meurtres assez malsains.

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Paul Dano est bon, très bon, mais ça, on le savait déjà et son choix pour incarner un Riddler aux antipodes du personnage qu'on a toujours connu dans les comics ou dans le film via la performance loufoque de Jim Carrey est pour le moins pertinent. Pertinent parce que pendant tout le film, il sera masqué, avec ce côté latex SM fait main ultra freaky et flippant et quand il sera démasqué, on aura affaire à un mec au physique lambda, celui de Paul Dano quoi, qui représente bien le personnage du mec lambda qui n'est effrayant que lorsqu'il est dans son costume de Riddler. Puisqu'on en est aux performances et en parlant des méchants, celle de Colin Farrel dans le rôle du Pingouin est très réussi. Il faut féliciter les équipes en charge des prothèses et des maquillages, car il est impossible de deviner que c'est Colin Farrel sous les traits d'Oswald Cobblepot. Alors dans le film, il n'est que l'homme de main de Carmine Falcone, mais là encore, on est sur les débuts du personnage, et d'ailleurs, on voit son emprise se dessiner au fur et à mesure que l'histoire avance. Zoe Kravitz matche bien aussi dans son rôle de Catwoman / Selina Kyle, avec un rôle abordé qui est assez intéressant et différent de ce qu'on a eu avec Michel Pfeiffer et Anne Hattaway. Là, on est sur un personnage plus torturé, avec un passif aux osmoses avec cette ambiance glauque de l'histoire, où l'on n'hésite pas à afficher la bisexualité du personnage, qui a toujours été présent dans les comics d'ailleurs. Donc ce n'est pas vraiment une révélation.

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En vérité, le vrai grand personnage du film, c'est Gotham City. On est sur une ville magnifiquement filmée, mélange entre ce côté contemporain, très ancré dans la réalité, une sorte de New York sale, avec des détritus partout, qui baigne dans la corruption et le crime. Il pleut tout le temps, pendant 3h, il flotte sans arrêt, et cette ambiance m'a pas mal rappelé le Seven de David Fincher. On a vraiment l'impression de ne jamais être à l'abri dans le film. Et puis de l'autre, on a ce côté gothique qui manquait aux derniers films. Cette représentation baroque, on la ressent dans ses buildings, notamment la Wayne Tower, dans les cimetières visités, mais aussi un peu dans le personnage d'Alfred aussi, joué ici par Andy Serkis, vraiment crédible dans le rôle. Non, il y a un vrai boulot de production design dans tout le film, c'est assez surprenant, tout comme la Batmobile qui avait la lourde tâche de passer après toutes les autres, et notamment le tank de la trilogie Nolan. Et bah là, on est sur un véhicule qui inquiète, qui fait flipper, à l'image de ce qu'est Batman à ses débuts, il fait peur à tout le monde, même aux citoyens de Gotham.

Là, c'est pareil, la première fois que Batman monte dedans, qu'il fait grogner le moteur, avec cette flamme qui sort de son séant, j'ai eu l'impression de voir Christine de John Carpenter. Et ce qui fait que le film est visuellement puissant et impressionnant, c'est que tout est fait en practical, il n'y a pas beaucoup de CGI, un peu dans certaines scènes oui, mais tout est vraiment filmé à l'ancienne, même la course-poursuite entre le Pengouin et la Batmobile, c'est du réel, du concret. Ils ont rajouté en revanche un peu de trafic en post-prod, mais les cascades sont réelles et ça, ça se ressent à l'écran.

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SPOILER, LE SEUL QU'ON DÉCIDE D'ABORDER

Avant de terminer, on aimerait vous parler dans un personnage en particulier dans le film, et ça sera notre seul moment spoiler de cette critique. Donc si jamais vous ne voulez rien savoir, arrêtez vous ici, car on va parler d'une scène qui se déroule vers la fin du film, une fois que le Riddler a été fait prisonnier dans les cellules d'Arkham. Alors que le Riddler est en train de péter un plomb parce que ses plans ont été contre-carrer par Batman, un homme dans une cellule à côté se met à lui parler. Un homme dont on ne distingue pas bien le visage, mais dont le rire ne va évidemment tromper personne. On veut bien entendu parler du Joker incarné par Barry Keoghan qu'on a pu voir dans Dunkerque de Nolan mais surtout dans l'un des derniers Marvel, Eternals, où il campe le rôle de Druig. Il y avait eu des rumeurs sur son rôle lorsqu'il avait été annoncé au casting, un certain Stanley Merkel, un officier de la Police de Gotham City, une invention de Frank Miller d'ailleurs dans les mini-séries Dark Knight Returns et Batman Year One.

Le personnage est le premier partenaire de Jim Gordon, son meilleur copain, dont le visage n'apparaît jamais dans l'oeuvre de Miller, systématiquement hors-champ ou à contre jour. Et c'est exactement ce qui se passe dans le film. On ne le voit jamais, juste à la toute fin, dans sa cellule. Et clairement, en mettant Barry Keoghan dans ce rôle, c'est qu'il y a bien une intention de développer son fameux Batverse que Matt Reeves a confirmé récemment, ou du moins une suite. Une suite qui mettra en scène le Joker, comme l'a fait Nolan en son temps. Barry Keoghan sera-t-il à la hauteur ? Il se dégage quelque chose avec son physique qui est intéressant pour le personnage. Le seul truc qui nous chagrine, c'es qu'on pensait qu'il y aurait un cross-over entre le Batman de Pattinson et celui d'Arthur Fleck de Joaquin Phoenix  ; évidemment, le choix de Barry Keoghan anéantit le truc. Mais au final, ce n'est pas plus mal. Le Joker de Todd Philipps n'a pas besoin de suite, il se suffit à lui-même.

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Pour résumer, on a affaire à un excellent film Batman, le meilleur depuis la trilogie Nolan, avec une histoire inédite où l'on découvre la version détective du Dark Knight qui n'avait jamais été encore explorée. Matt Reeves prend son temps, 3h avec le générique on vous rappelle, avec une scène post-générique, qui ne sert à rien mais qui a le mérite d'exister. Il se dégage de ce film une ambiance vraiment particulière, plus sombre, plus déglinglos, avec des personnages qui ont été vraiment bien travaillés. C'est un super Batman. Est-ce qu'il est mieux que ceux de Nolan ? C'est difficilement comparable, tant il est différent, mais clairement, ça fait du bien de voir qu'un film de super-héros puisse aborder des sujets aussi forts et graves et je pense que seul Batman peut le faire.

NOTRE NOTE : 9/10

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