Par quoi commencer avec cet épisode 2 ? Sachez tout d’abord que sa durée était de 53 min, un épisode plus court que le premier qui faisait 1h21, mais qui a permis surtout de découvrir les premiers Clickers. On les attendait, ils étaient là, on n’a pas été déçu. Et qui d’autre que Neil Druckmann pouvait mieux retranscrire la rencontre entre Joel, Ellie et Tess avec ces créatures presque démoniaques ? Mais on y reviendra dans quelques instants. Pour l’heure, j’aimerais commencer cette analyse de l’épisode 2 avec son intro, qui permet d’en savoir un peu plus sur la contagion du cordyceps dans le monde. L’épisode 2 s’ouvre ainsi à Jakarta en Indonésie le 24 septembre 2003, et petite parenthèse, je comprends mieux pourquoi le pays avait eu droit à un habillage de la série quelques jours avant la diffusion du premier épisode. C’est donc là-bas, à Jakarta, que les premiers infectés sont apparus, dans un champ de grain et de farine, à l’ouest de la ville. Cette intro est très importante, car non seulement, elle permet de poser les bases de l’infection mondiale, avec des traces du patient zéro, ou du moins, l’une des premières infectées, qu’on découvre allongée dans une chambre froide, nue prête à être disséquée, mais aussi parce que ça permet de comprendre les différences avec le jeu vidéo. Dans l’œuvre originale, c’est en respirant des spores qu’on se fait contaminer par le cordyceps, dans la série télé, c’est via la farine.
FROM THE SPORES TO THE FARINE
Craig Mazin, le showrunner, avait déjà expliqué ce changement de contamination en interview il y a quelques semaines, et il avait évoqué le fait que ça permettait d’éviter aux acteurs de porter tout le temps le masque. Nous nétions pas vraiment d’accord avec sa justification, car dans le jeu vidéo, les personnages ne portent pas systématiquement le masque, pas en extérieur, seulement en intérieur, et je pense que cette excuse, et attention, c’est moi qui spécule dessus, provient du fait que Pedro Pascal s’était plaint de devoir porter le masque en permanence dans The Mandalorian. Il avait démenti par la suite, mais comme vous savez, les rumeurs ne naissent jamais de rien du tout… Toujours est-il que cette séquence d’ouverture de 10 min permet de poser le contexte de cette contamination, avant l’outbreak, en 2023, et permet aussi de se caler avec ce qui s’est passé dans notre réalité, avec le fameux COVID-19 apparu soi-disant dans un marché d’animaux de Wu-Han. Ça permet de faire écho avec notre monde. Et ce que nous avons beaucoup aimé dans cette séquence, c’est la performance de Christine Hakim Bermain, actrice indonésienne qui non seulement joue super bien cette scientifique avertie mais en panique face à cette contagion soudaine, mais en plus donne un début de réponse tragique sur le cordycepts. "Star bombing", bombarder la ville, il n’y a que cette solution de viable. On entre de plein fouet dans la série.
Ce que nous avons beaucoup aimé dans ce 2è épisode, c’est cette mise en scène à la fois intimiste et grandiose. Intimiste dans certains plans comme celui où l’on aperçoit Ellie en position fétale, vue de haut, au milieu de la végétation, percée par un halo de lumière. Grandiose parce que c’est aussi l’épisode qui nous permet de découvrir le monde ravagé de The Last of Us de plein jour, d’apprécier la qualité des décors, mais aussi des effets numériques. Le musée et le capitole sont juste magnifiques et super bien rendus, c’est assez satisfaisant de les regarder. Rien n’est laissé au hasard, c’est bourré de easter eggs dans tous les sens, il y a des ref au jeu vidéo partout. Il y a ce passage inondé où les personnages doivent traverser, ou bien encore ce moment où Joel fait la courte-échelle pour que Tess trouve un moyen de dégager une porte. On est vraiment dans le jeu vidéo, avec des passages toujours bavards qui permet 1/ d’en savoir plus sur le lore et des événements tragiques pour chaque personnage, et 2/ que Joel et Ellie puissent commencer à tisser des liens d’amitié et de confiance. Autre élément important de ce 2è épisode, ce sont les conditions des infectés et ce que cette série change par rapport au jeu vidéo. On apprend par exemple que certains peuvent vivre quelques mois et mourir, tandis que d’autres sont là depuis une vingtaine d’années. Et puis, on arrive à cette scène où ils croisent la rouge de centaines d’infectés et c’est là que Tess va faire des révélations importantes. Que les infectés sont infectés entre eux, que le fungis, le cordyceps quoi pousse aussi dans le sol et permet de créer un lien de communication entre des infectés situés à des endroits différents. Tess rappelle d’ailleurs que Ellie est peut-être immunisée par les morsures, mais elle peut mourir d’une attaque d’infectés qui peuvent lui arracher la jugulaire par exemple.
ÇA CLACKE BIEN ?
D’ailleurs, avant d’entrer dans le musée, on voit Joel examiner une racine de cordyceps, complètement asséchée, ce qui l’amène à penser que tous les infectés à l’intérieur sont peut-être morts. Erreur fatale et c’est là qu’on va découvrir les premiers Clickers, ces infectés évolués aveugles, qui réagissent au son et uniquement au son. Une scène réussie, pleine de tension et qui permet de revoir toutes les mécaniques de gameplay du jeu vidéo. Entre les persos qui évoluent avec les lampes-torches, le fait d’avancer accroupi pour ne pas faire de bruit, contourner des éléments du décor, ou bien ces moments où ils détournent l’attention des Clickers en jetant un objet plus loin pour leur échapper. Tout est là. J’aime aussi beaucoup, ces cadavres qui laissent couler cette marre de sang visqueuse, comme dans le jeu vidéo. Neil Druckmann joue d’ailleurs avec sa caméra, qu’il n’hésite pas à déplacer pour faire sortir les Clickers hors-champ pour qu’on ne puisse pas savoir où ils sont. Non, c’est vraiment réussi et comme je le disais plus haut, il n’y a que Neil Druckmann qui pouvait retranscrire parfaitement cette scène incroyable.
Autrement, dans notre première vidéo, celle où l'on vous résume les 9 épisodes, nous vous évoquions les différences de destinée pour certains personnages, une réécriture presque nécessaire pour surprendre les joueurs qui connaissent le jeu vidéo par cœur, offrir plus de profondeur et d’humanité à ces protagonistes, mais aussi apporter un aspect plus dramatique à la série, parce que c’est par ces codes que ça fonctionne. C’est le cas de Tess dont la mort a été entièrement réécrite par Neil Druckmann. Une mort à la fois tragique, répugnantes et poétique et qui permet de faire le lien avec cette connexion que possèdent les Infectés entre eux via ce cordyceps communicatif. Et puis, il faut dire que dans le jeu, Tess n’avait pas pu bénéficier d’une mort à la hauteur du personnage. On entendait des coups de feu puis un soldat dire qu’il l’avait neutralisée et on voyait son corps depuis le premier étage du capitole. C’était assez expéditif. Là, ce baiser où les infectés passent à côté d’elle sans qu’elle soit inquiétée, car comme elle a été mordue et infectée, ils la considèrent comme l’un des leurs. Ça rappelle évidemment cette scène dans World War Z où le jeune garçon malade ne se fait pas tuer par les zombies. Non, c’est bien trouvé.
Vous l’avez compris, après un premier épisode très réussi, qui posait les bases du lore de The Last of Us et permettait de constater la qualité d’écriture de la série, nous voilà avec un 2ème épisode fort en scènes mémorables et en émotions. L’intro à Jakarta qui glace le sang, le monde post-apo superbement bien retranscris, comme dans le jeu vidéo, la scène de combat avec les 2 clickers, la mort de Tess revisitée, les acteurs toujours incroyables de justesse et qui ont compris l’essence de leur personnage respectif, on est sur un quasdi sans-faute. La suite va continuer à monter crescendo, suivre ce que le jeu vidéo avait fait, mais aussi nous surprendre davantage. Et l’épisode prochain, l’épisode 3, va faire beaucoup parler de lui, pour son approche osée et ses librtés prises avec le jeu vidéo. C’est à la fois le plus inattendu, le plus touchant et l’un des plus mémorables.
Rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau débrief du coup.