Non, n'insistez pas, je ne parlerai pas de cette fameuse et fumeuse année 2020 de manière générale, sous peine d'y être encore dans 50 000 signes très énervés. Histoire de rester dans les limites du raisonnable et de ne pas vous infliger trois heures de lecture, on va se contenter de parler jeux vidéo. Et même là, il y a de quoi faire, car cette année aura été celle de l'explosion du "back catalogue" et des "to do list" à rallonge. Mais si, vous savez bien, tous ces jeux que vous possédez ici ou là d'une manière ou d'une autre, mais que vous n'avez pas encore eu le temps de lancer. De mon côté c'est bien simple, je ne sais absolument plus où donner de la tête. Entre les jeux à tester pour le boulot, les deux cent titres du Game Pass PC accessibles pour dix euros par mois, les incontournables et irrésistibles soldes Steam, et la bibliothèque Epic Games Store qui ne cesse de se remplir de jeux gratuits (près de deux cent titres offerts en deux ans tout de même…), il est absolument impossible de suivre. Jamais le jeu vidéo n'aura été aussi abordable, et donc envahissant. En conséquence, je n'avais que l'embarras du choix pour établir mon top 5 car, d'un point de vue strictement vidéoludique, 2020 aura été une sacrée bonne année !
TOP 5 2020
1/ Desperados III (PC)
Digne héritier des vénérables Commandos, Desperados (forcément…) et du plus récent Shadow Tactics, Desperados III sublime le genre trop déserté de l'infiltration tactique en temps réel. Ambiance western réussie, direction artistique plaisante, interface sans faille et level design de génie : il n'y a quasiment rien à jeter dans le titre de Mimimi Productions, qui s'adresse aussi bien aux habitués du genre, qui n'avaient quasiment rien à se mettre sous la dent depuis des années, qu'aux nouveaux venus, qui tiennent là une parfaite occasion de diversifier leur quotidien vidéoludique. Croyez-le ou non, mais cette exécution minutieusement préparée qui m'a permis d’éliminer cinq gardes d'un simple clic dans la mission Queen's Nest reste pour moi le moment vidéoludique le plus mémorable de cette année.
2/ Mafia Definitive Edition (PC)
La remise au goût du jour de la trilogie Mafia avait plutôt mal commencé, puisque Mafia III Definitive Edition n'était en fait qu'une simple édition Game of the Year, qui ne corrigeait même pas tous les bugs d'origine. Les choses se sont un peu améliorées par la suite avec Mafia II Definitive Edition, qui fait office de remaster classique mais efficace. Mais c'est bel et bien le projet le plus risqué, à savoir le remake complet du tout premier Mafia, qui remporte finalement la mise. Entièrement refait de A à Z, Mafia Definitive Edition transforme un jeu culte mais vieillissant en une production moderne, qui n'aurait même pas à rougir en tant que telle, si elle sortait de nulle part. Autrement dit, que vous soyez un vieux de la vieille qui a connu l'aventure originale ou un petit jeune qui n'en a jamais entendu parler, le plaisir de jeu est garanti dans tous les cas.
3/ Ori and the will of the Wisps (PC)
Lorsqu'on évoque les différentes exclusivités Microsoft, ce sont généralement les Halo et autres Gears of War qui viennent en premier à l'esprit de la plupart des joueurs. Mais les vrais savent que Ori est bien plus attachant que tous ces combattants du futur sous stéroïdes. Cinq ans après un somptueux Ori and the Blind Forest, les autrichiens de Moon Studios récidivent dans l'excellence avec Ori and the will of the Wisps. D'une beauté insolente, que ce soit d'un point de vue technique ou artistique, ce Metroidvania met quasiment tous les autres titres du genre à l'amende. Pamplemousse sur le gâteau : il est disponible dans le Game Pass et peut donc être parcouru pour pas un rond par les abonnés au service de Microsoft. Si vous faites partie de ceux-là et n'avez pas encore lancé cette pépite, vous savez ce qu'il vous reste à faire !
4/ Yakuza : Like a Dragon (PC)
Autrefois réservée aux consoles PlayStation mais désormais accessible à tous, la saga Yakuza prend un tournant inattendu avec Like a Dragon, qui ose changer à la fois de héros et de système de combats. Ainsi, le gameplay de beat'em up en temps réel laisse sa place à un système au tour par tour inspiré des nombreux jeux de rôle japonais de type Final Fantasy ou Dragon Quest. Sur le papier, l'idée paraît assez saugrenue, voire bancale. Mais le résultat fonctionne du tonnerre et redonne un coup de fouet salutaire à une saga qui en est tout de même déjà à son septième épisode principal. Ce virage empêche la série de tourner en rond, et donne une bonne raison de la découvrir à ceux qui ne la connaissent pas encore. Surtout qu'entre les excellents remakes "Kiwami" déjà disponibles et les remasters qui vont débouler sur PC en ce début d'année, le timing est idéal.
5/ Ghostrunner (PC)
En 2020, les jeux se déroulant dans un univers cyberpunk et développés par des polonais ont la côte. Si je ne toucherai pas à celui de CD Projekt avant l'année prochaine, histoire de pouvoir en profiter dans les meilleures conditions, je me suis en revanche régalé à parcourir celui de One More Level. Entre son ambiance full néons, sa bande-son electro synthwave, et son gameplay ultra dynamique, il y a de quoi se faire plaisir. Joueurs PC , n'hésitez pas à télécharger la démo gratuite disponible sur Steam. Elle donne un très bon aperçu du jeu, et vous permettra de savoir si ce die & retry intransigeant est fait pour vous ou non. D'ailleurs il serait bon que plus d'éditeurs reviennent à cette tradition de la démo jouable, qui était autrefois la règle plutôt que l'exception. A l'ère du dématérialisé, il n'ont quasiment aucune excuse pour ne pas offrir ce service.
Coup de gueule : RIP le contrôle qualité
Qu'il s'agisse de Cyberpunk 2077, de Watch Dogs Legion, d'Assassin's Creed Valhalla, d'Empire of Sin, de Serious Sam 4, du remake de XIII, de la version PC de Horizon Zero Dawn, de XCOM Chimera Squad ou encore de Warcraft 3 Reforged, on ne compte plus les jeux démoulés trop tôt en 2020 ! Plantages, problèmes de collisions, scripts qui ne se déclenchent pas, personnages bloqués en "T-pose", glitchs graphiques ou audio, on aura eu droit à un véritable festival de bugs cette année. A croire que Fallout 76 a servi de modèle à la plupart des développeurs et des éditeurs. Certains vont nous sortir l'excuse du covid, d'autres évoquer la pression des actionnaires, et d'autres encore se contenteront d'un message d'excuses public dépourvu de toute explication. Mais tout cela n'a absolument aucun sens puisque pour la majorité de ces titres, il aura suffi de quelques semaines, voire de quelques jours, pour que des patchs salvateurs viennent corriger les problèmes les plus importants. Messieurs les éditeurs, pour le bien de votre réputation et pour la santé mentale des joueurs, il serait préférable désormais de s'en tenir à la seule date de sortie qui vaille : when it's done !