>> FABIEN PELLEGRINI <<

> PIGISTE MAIS AUSSI PLAGISTE <

Et une année de plus au compteur, une ! Je ne vous cache pas que je préférerais rajeunir, mais hélas, il reste encore à la science quelques progrès à faire en matière de lutte contre la sénescence cellulaire. Tant pis, on se contentera de profiter des incessantes avancées technologiques numériques, et donc vidéoludiques. De ce point de vue, l'an de grâce 2018 aura été plutôt un bon cru, du côté des jeux indépendants comme des AAA. Preuve en est que j'ai réussi à remplir mon Top 5 en piochant uniquement parmi les jeux testés pour Jeux Actu, donc sans recourir à tous ceux que j'ai terminés à titre personnel. Bon, le problème c'est qu'il en va de même pour le Flop 3, ce qui veut dire qu'on a également eu droit à pas mal de titres décevants cette année. Espérons qu'en 2019, on ne finisse pas par se retrouver avec un Top 3 et un Flop 5…

MON TOP 5 DE 2018

1/ GRIS (PC / NINTENDO SWITCH) 

Arrivé in extremis en toute fin d'année 2018, Gris coiffe tous ses concurrents sur le poteau. Alors que bien trop de titres indés s'engluent dans la mode des gros pixels, histoire de surfer sur la vague du "c'était mieux avant", le titre de Nomada Studio prend le contre-pied de ce lassant conformisme et impose une direction artistique extrêmement personnelle, forte et séduisante. Les somptueux graphismes signés Conrad Roset sont soutenus par un gameplay au poil, qui se renouvelle dès que le rythme de l'aventure pourrait commencer à retomber, et par une bande son magistrale, qui cumule effets sonores subtils et musiques marquantes. Avec ABZÛ qui débarque sur Switch et Journey qui s'apprête enfin à être porté sur PC, les amateurs d'expériences vidéoludiques poétiques sont particulièrement gâtés ces derniers temps.

2/ FROSTPUNK (PC)

Le nouveau jeu des créateurs de This War of Mine sort du lot à plusieurs titres.L'atmosphère sombre et désespérée de Frostpunk tranche avec le caractère bon enfant de la plupart des jeux de gestion. Son ambiance glaciale voire glaciaire nous change du post-apocalyptique traditionnel, qui a généralement un penchant pour les déserts arides (ou le rose fluo si l'on se réfère à l'étrange tendance que semblent vouloir lancer en 2019 Rage 2 et Far Cry New Dawn…). Le gameplay littéralement centré autour d'un générateur de chaleur oblige à penser d'une manière nouvelle la disposition des bâtiments. Enfin, la forte scénarisation tranche avec l'aspect bac à sable de la plupart des concurrents. Et si ce dernier point avait pu décevoir quelques joueurs, les développeurs ont largement complété leur titre depuis. Depuis le mois d'avril on a notamment eu droit à l'arrivée d'un mode survie, d'un mode sans fin et d'un nouveau scénario. Le tout, gratuitement ! Noté 16/20 à sa sortie par votre serviteur, Frostpunk mérite bien son 17 dorénavant.

3/ MUTANT YEAR ZERO : ROAD TO EDEN (PC, PS4, Xbox One)

Depuis le reboot de la licence XCOM en 2012, la tactique a repris du poil de la bête dans la production vidéoludique. Notamment dans Mutant Year Zero, qui s'y connaît en poils de bête (et en plumes) puisqu'un sanglier et un canard humanoïdes mutants forment la base de l'équipe que l'on dirige. Ce contexte post-apocalyptique pas comme les autres (je vous ai déjà parlé des déserts arides et du rose fluo… ?) agrémente son gameplay tactique au tour par tour de phases d'exploration et d'infiltration en temps réel, le tout étant parsemé de quelques touches d'humour fort sympathiques. On espère que le succès sera au rendez-vous pour cet épisode, histoire qu'un second puisse être mis en route. Et puisque l'univers de Mutant Year Zero est tiré du jeu de rôle papier éponyme, on est même en droit de rêver à un véritable RPG sur PC et consoles. Il semblerait qu'un créneau vienne de se libérer depuis la sortie de Fallout 76…

4/ TWO POINT HOSPITAL (PC)

Parlons un peu d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Bullfrog en ce temps-là, sur les jeux de gestion régnait en maître. Au siècle dernier, Populous, Theme Park ou encore Dungeon Keeper ont durablement marqué les esprits des joueurs du monde entier. Mais c'est certainement Theme Hospital, sorti en 1997, qui a le plus marqué son époque. Alors vingt-et-un ans plus tard, c'est avec un plaisir non dissimulé qu'on accueille sa suite spirituelle. Fidèle en tous points à son prédécesseur, Two Point Hospital nous propose un univers cynique, des graphismes cartoons, des maladies loufoques, une interface simple à prendre main et des mécaniques de gestion diablement efficaces. Une vraie madeleine de Proust pour les trentenaires et les quadragénaires, et une parfaite occasion pour les plus jeunes.de découvrir dans les meilleures conditions possibles un concept aussi bon pour les neurones que pour les zygomatiques.

5/ CROSSING SOULS (PC)

Ce jeu d'action et d'aventure multiplie les références à la pop culture des années 80, ce qui ne saurait laisser insensibles les joueurs aux tempes blanchissantes. La télé (enfin la VOD) leur a offert Stranger Things, la musique s'est fendue d'un nouveau genre pour eux (la Synthwave), tandis que le cinéma et la littérature leur ont donné accès à Ready Player One. Il était donc temps que les jeux vidéo s'occupent à leur tour de la génération X. Malgré quelques soucis de perspective et une difficulté parfois mal dosée, Crossing Souls se montre extrêmement attachant pour quiconque est né  avant 1981. Quant aux "millenials", ils feraient bien de s'y intéresser aussi, avant que le marché de la nostalgie ne cherche à les démarcher à leur tour. Parce qu'un jeu vidéo à base de SJW, de "special snowflakes" et de Jul, ça va pas le faire...

MON FLOP 3 DE 2018

1/ FALLOUT 76 (PC, PS4, Xbox One)

Avec Fallout 76, Bethesda signe incontestablement le plus gros fail de l'année. Simple mode multijoueurs de Fallout 4 vendu à prix fort, moteur ultra daté, interface pensée avec les pieds, bugs par milliers, expérience multi limitée à vingt joueurs et donc totalement diluée dans une carte immense, système PvP bancal, absence de protection anti-triche, version PC traitée par dessus la jambe, optimisation médiocre sur toutes les plateformes, narration limitée à de simples bandes audio, disparition de tout l'aspect RPG qui faisait le sel de la licence, et même édition collector qui ne tient pas ses promesses, on aura eu droit à tous les problèmes possibles et imaginables ! Dommage, car sur le fond il y avait matière à pondre une expérience intéressante. Avec une note Metacritic stabilisée autour des 50/100 du côté des critiques et de 2,5/10 du côté des joueurs, la messe est dite : "les aventuriers de la tribu réunifiée ont décidé de vous éliminer, et leur sentence est irrévocable".

2/ AGONY (PC, PS4, Xbox One)

A la fois outrancier et ennuyeux, Agony est un mauvais jeu qu'on ne peut pas totalement détester dès lors qu'on s'intéresse à son côté "méta". En effet, les développeurs nous avaient vendu une véritable descente aux enfers et, à bien y regarder, ils ont parfaitement tenu leurs promesses. L'ambiance extrêmement glauque ("malaisante" pour reprendre le néologisme à la mode en 2018), les contrôles perfectibles, le bestiaire limité, le gameplay raplapla et les différents bugs, tout concourt à transformer l'aventure en véritable chemin de croix pour le joueur. A noter qu'un spin-off orienté action et intitulé Succubus est actuellement en préparation. Après s'être brûlés en touchant à Agony, il n'est vraiment pas certain que les joueurs donneront une nouvelle chance (et une nouvelle somme d'argent) à Madmind Studio...

3/ PAST CURE (PC, PS4, Xbox One)

Il ne s'agit pas du plus mauvais jeu de 2018, mais Past Cure a clairement loupé le coche lors de sa sortie. Les développeurs ont tout simplement eu les yeux plus gros que le ventre. Difficile de concilier efficacement scénario surnaturel, pouvoirs psychiques, infiltration à la troisième personne et combats en motion capture quand on est un petit studio indé berlinois constitué d'une dizaine de personnes. Tenace, Phantom 8 nous a tout de même proposé en juillet dernier un très gros patch améliorant le gameplay, la narration et le level design du jeu. Je n'ai pas encore trouvé le temps de (re)tester ça, mais promis, je le mets sur ma liste de bonnes résolutions pour 2019. Journaliste jeux vidéo ? Un véritable sacerdoce !