>>> Sébastien MAGNE
>> Bouyaka Productions
> Responsable éditorial pôle jeux vidéo
Noël. L'heure des marronniers dans les médias, de faire le bilan de l'année écoulée et une fois encore, l'industrie du jeux vidéo nous a fait rêver en 2010. Petits et grands, filles et garçons, vieux et jeunes, plus que jamais, la planète joue.... Il n'y a pas si longtemps, débattre sur la salopette de Mario en soirée mondaine, un verre de champagne à la main était inconcevable. Aujourd'hui, c'est devenu presque un thème aussi anodin que le décryptage du programme télé au bureau. Franchement, ça fait plaisir de pouvoir porter un t-Shirt Otaku avec Solid Snake dessus et voir que dans la rue, des gens lambda reconnaissent cette figure emblématique du jeux vidéo. Et en prime qu'ils trouvent ça cool ! Les mentalités et l'image du jeu changent dans le bon sens et on ne peut que s'en réjouir. Un jour, chez le coiffeur, entre deux coups de ciseaux, nous pourrons entendre : "Il fait froid en ce moment, c'est un temps à rester au chaud à la maison avec sa console, moi je vous le dis ma bonne dame." Flippant un peu quand même !
1. Heavy Rain (PS3)
Depuis son annonce en 2006, j'attendais Heavy Rain avec excitation évitant toutes bandes annonces et autres preview pour m'éviter le spoiler. Une fois en main, je n'ai lâché le jeu que pour voir ma fin parmi la vingtaine de dénouement possible. La force de ses personnages et son gameplay si original font du joueur le véritable acteur de cette histoire de kidnapping d'enfant (le votre) par un serial killer. Pour apprécier ce thriller numérique de Quantic Dream, il faut s'impliquer totalement dans l'action et prendre le risque d'être déçu par les conséquences de ses actes. Heavy Rain offre une expérience émotionnelle rare et particulièrement mature dans un marché du jeux vidéo encore trop adolescent dans sa globalité à mon goût.
2. Red Dead Redemption (PS3)
Dans le monde, il y a ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creuse... Pour ma part, je choisis le flingue avec l'impitoyable Red Dead Rédemption. Ce jeu revêt presque un caractère éducatif à travers la découverte de la violence brute de l'ouest américain du début du XXème siècle et de cet esprit d'infinie liberté où rien n'est impossible pour celui qui évite les balles. Sans parler du colossale travail de la part des équipes de Rockstar San Diego pour offrir un gameplay aussi riche, c'est surtout au niveau du découpage scénaristique et la mise en scène que ce jeu est véritablement bluffant. De sa galerie de sales gueules digne des plus grands western "Sergio Leonesque", aux voix d'acteurs confirmés, nous sommes en face d'un jeu terriblement vivant et centré sur la nature humaine. Légende ou sociopathe de l'ouest ? A vous de choisir dans Red Dead Redemption qui malgré son univers d'un autre siècle est une production majeure emblématique d'une nouvelle génération de jeux vidéo.
3. LIMBO (Xbox 360)
Amoureux d'univers poétique et onirique à la Ico ou Braid, j'attendais avec impatience l'arrivée de Limbo. En pleins cœur de l'été, je me suis donc rué sur le Xbox Live Arcade pour me laisser envahir par les limbes glaciales. Jeu morbide à la mécanique implacable, nous y incarnons un enfant fragile plongé dans un monde mystique et fondamentalement hostile. Pour le traverser, il doit éviter les nombreux pièges vicieux mis en travers de sa route. Une faute et c'est une mort brutale et dérangeante qui est infligé au personnage. Apprendre de ses erreurs, recommencer sans cesse la même action pour réussir et s'absoudre enfin de ses péchés, voici ce qui vous attend dans les limbes. Avec ses environnements magnifiques tout de noir et blanc, la résolution des tableaux s'appuie sur le visuel et les sonorités. Le moindre bruit est un indice potentiel pour atteindre la lumière salvatrice. Les limbes, cet univers éthéré de la religion catholique, sont donc brillamment retranscrit à la fois dans le gameplay et l'esthétique de Limbo. Un chef d'œuvre ludique situé pile entre l'enfer et le paradis.
4. SUPER Street Fighter IV (Xbox 360)
Avec la sortie de Street Fighter 4, et en 2010 sa version Super, aucun autres jeux compétitifs n'arrivent à m'animer. Exit PES, Virtua Tennis et autre licences de sports, entre amis c'est Super Street Fighter 4 ou rien ! Quand je regarde par curiosité, le nombre d'heures passées sur les deux versions cumulées, j'arrive à un total d'environ 600h. Jamais un jeu ne m'a scotché aussi longtemps devant mon écran. Grâce à la subtilité et la technicité de son gameplay, la courbe de progression est hallucinante pour n'importe quels joueurs amoureux de combo et autres stratèges dans le versus fighting. Les néophytes peuvent évidement s'amuser en faisant n'importe quoi avec la manette mais Street Fighter prend tout son sens lorsqu'un joueur exécute un Shoryu cancel to ultra net et sans bavure au moment précis où il l'a décidé pour obtenir la victoire. Ceux qui ne comprennent pas ce que j'écris doivent de toute évidence encore s'entrainer car un Hadoken ne renvoi pas les coups.
5. Splinter Cell : Conviction (X360)
Grand fan de Sam Fisher, j'ai toujours eu un faible pour la série Splinter Cell. J'avais eu la chance, il y a quelques années, de visiter les studios d'Ubisoft Montréal pour découvrir les premières ébauches de développement sur l'opus Conviction. L'objectif pour les équipes était de dépoussiérer la licence Splinter en incorporant des éléments inspirés des films d'action à la mode comme Jason Bourne mais tout en restant fidèle à l'esprit de la série. La vidéo de l'époque présentant les intentions des producteurs était d'une telle efficacité que chacun des journalistes présents avait la mâchoire décrochée. Mais après le rêve vient la réalité. Trop difficile à réaliser techniquement, manque de temps ou de moyens, les équipes d'Ubisoft ont dû revoir leur copie à la baisse. Après moult annonces de retard, Splinter Cell : Conviction est enfin sortie de sa planque et comme vous avez pu peut être le constater, le jeu est assez exceptionnel. Loin d'être la grande révolution, cet épisode fourmille d'innovation dans son gameplay et dans sa mise en scène faisant ressentir un sentiment d'ultra puissance vraiment jouissif dans un jeu d'action/infiltration. Le pari me semble gagné pour les talentueuses équipes d'Ubisoft qui malgré les difficultés m'ont fait passer d'incroyables moments avec ce nouveau Sam Fischer. Imaginez donc si tout s'était déroulé comme prévu....
Coup de coeur / Coup de gueule
Parfois, je suis juste heureux d'être un gamer. Je n'ai rien à dire de particulier ni en bon ni en mauvais termes sur l'industrie du jeu vidéo. Nous avons tellement été gâté en 2010 que j'aurais bien du mal à trouver des raisons de me plaindre. Il y en a aujourd'hui pour tous les gouts, tous publics et toutes les bourses. Nous vivons une bien belle époque de jeu vidéo et ce n'était pas forcément mieux avant, désolé. Un peu d'optimisme que diable surtout que l'année 2011 s'annonce encore merveilleuse avec toute une flopée d'espoir vidéoludique. Mes doigts abimés par Street Fighter ne risque donc pas de s'ennuyer.