Forcément, après un tel déluge d’action pour l’Episode 2, qui est d’ailleurs l’un des épisodes les mieux notés de l’Histoire des séries télé sur IMDB (9.5/10), on est d’accord ou pas avec ça peu importe, c’est un autre débat, mais toujours est-il que cet épisode 3 a pour conséquence un rythme plus calme, plus doux aussi, mais pas moins intéressant, surtout qu’il introduit aussi les Scars, ou Séraphites en VF, ce fameux groupe religieux qui se distingue par leur cicatrice au niveau de la bouche, le fameux sourire de l’ange. Les Scars ont un objectif précis : instaurer un monde meilleur que celui d'avant l'épidémie, mais avec des méthodes moyenâgeux. Mais on y reviendra dans quelques instants.
DEUIL-LA-BARRE
J’aimerais d’abord évoquer plusieurs choses, notamment les 5 premières minutes de cet épisode qui prend le temps de se remettre des événements de l’épisode 2. On a ce premier plan avec un travelling arrière qui nous permet de distinguer un amas de cadavres d’infectés du Cordyceps devant les fortifications de la cité de Jackson, de nuit, avec ce teint rougeâtre, qui renvoie forcément à l’imagerie d’une bataille venue tout droit du Seigneur des Anneaux ou de Game of Thrones. Et ce plan est tout sauf anodin, puisque l’épisode 2 a beaucoup été comparé à Game of Thrones, notamment le Massacre de Durlieu ou la bataille de la Longue Nuit. Et c’est normal, puisque c’est le même réalisateur Mark Mylord qui s’en est occupé. Ce que j’aime aussi dans ce début de cet épisode 3, c’est l’absence de dialogues pendant ces 5 premières minutes, comme ce besoin de faire le deuil de ce qui s’est passé. Les images de Tommy aux côtés du cadavre de Joel dans une espèce de morgue improvisée, c’est quelque chose de touchant. Le voir soulever le drap blanc infesté de sang, regarder son frère avec autant de tristesse et d’impuissance, laver le bras de son frère, avec ce plan qui s’attarde sur sa fameuse montre, celle qui le lie à sa fille Sarah, puis entendre Tommy lui dire d’embrasser Sarah pour lui, c’est un vraiment moment de déchirement. C’est typiquement le genre de choses qu’on n’a pas pu avoir dans le jeu vidéo. Joel meurt brutalement, on retrouve Ellie le pleurant devant sa tombe et dans sa maison et rien d’autre. Cet ajout permet du coup d’apporter plus de dramaturgie à ce qui s’est passé, et surtout de réaliser que Joel est bien mort. Cet épisode 3 n’oublie pas cependant de nous proposer la même scène où Ellie va se recueillir dans sa maison, récupérer son Magnum, sentir sa veste, pleurer sa mort et prouver une fois encore que Bella Ramsey a une puissance de jeu exceptionnelle, n’en déplaise aux haters qui ne la juge que par son physique.
TOMMY & DINA : THE NEW GOAT ?
Peu importe… Ce que j’aime aussi avec cet épisode 3, c’est qu’il continue de confirmer ce qui nous est suggéré depuis le départ, c’est que le rôle de Tommy est en train de s’épaissir dans la série. Chose qui n’était pas forcément le cas dans le jeu vidéo et ça fait partie des changements que j’aime beaucoup. Et je suis ravi parce que Gabriel Luna fait un taff monstrueux sur le personnage, une espèce de force tranquille, qui on le sent peut succéder à son frère Joel comme personnage fort capable de porter la série sur ses épaules. Mais Tommy ne sera pas le seul personnage qui va voir sa trajectoire gagner en épaisseur. Il y a Dina aussi, et dont l’interprétation par Isabela Merced continue de confirmer qu’elle est une future grande actrice. Cette logique de réécriture a une véritable logique pour Craig Mazin et Neil Druckmann qui souhaitaient rendre plus tangible la relation entre Dina et Joel, seulement effleurée dans le jeu. Dans le jeu, Dina est avant tout un atout de gameplay : elle assiste Ellie lors des phases d’action. Dans une série télévisée, cette mécanique n’a évidemment pas lieu d’être. Il fallait donc trouver une justification narrative forte pour son implication future. Ça rend leur voyage vers Seattle plus cohérent et surtout plus impliqué. En switchant entre Dina et Tommy dans le chalet où Joel se fait massacrer, ça permet de replacer Dina au cœur du drame et ainsi préparer intelligemment son évolution, en lui donnant des raisons plus personnelles de suivre Ellie dans sa quête de vengeance.
Ce n’est donc pas une simple coquetterie d’adaptation, puisque ce repositionnement permet d’étoffer la psychologie de Dina, souvent cantonnée au second plan dans The Last of Us Part II. En partageant elle aussi un traumatisme majeur, Dina n’agira plus seulement par amour ou loyauté, mais aussi par douleur, culpabilité, et un besoin viscéral de réparer ce qui a été brisé. Et c’est d’ailleurs évoqué à plusieurs reprises dans cet épisode 3, c’est même elle qui va stimuler Ellie à la garder à ses côtés lors de l’épisode 4 lorsqu’on apprend qu’elle est enceinte.
SCAR TISSUE
Cet épisode 3 va aussi introduire les Seraphites donc, les Scars, qui apparaissent bien plus tard dans le jeu vidéo. Mais là encore, parce qu’on est dans une série télé où le rythme doit être plus intense que dans un jeu vidéo où l’on peut se permettre d’étaler le récit et par conséquence la durée de vie, les choses ont été changées. Les gamers qui ont râlé sur la scène de la planque d’Eugene qui a été chamboulé verront que Craig Mazin et Neil Druckmann commencent à raccrocher les wagons. Dans le jeu vidéo, la planque de Eugene où ça fume de la weed, partage des moments intime, que ce soit dans les anecdotes où échanges corporels sont disséminés tout au long du parcours d’Ellie et de Dina vers Seattle. Dans l’épisode 3, c’est dans un tente qu’on retombe sur le dialogue du baiser à noter sur une échelle de 1 à 10. Le coup du tatouage sur la cicatrice et la scène d’amour chez Eugene seront eux aussi adaptés, mais dans un autre épisode…
Pour en revenir aux Scars, on a le droit à une scène qui les introduit, avec leurs célèbres sifflements stridents, qui sont le signe d’un certain stress dans le jeu vidéo. Mais là, ils ne sont pas les chasseurs, mais les chassés, car le but est également d’introduire une autre faction, une faction qui ne rigole pas non plus, les Wolfs, dirigés d’une main de fer par Isaac, interprété dans la série comme dans le jeu vidéo par l’acteur Jeffrey Wright. C’est lui qui a joué Isaac dans le jeu vidéo, comme ce fut le cas avec Marlene dans la Saison 1 de The Last of Us. Et comme chacun sait, Issac est un personnage qui ne rigole pas vraiment, mais ça, vous le découvrirez dans l’épisode prochain.
Encore une fois, cet épisode 3 continue de déployer son récit, de renforcer ses personnages, les enjeux aussi, continue d’introduire les nouveaux et surtout met en place le début de cette quête de vengeance et l’apparition de Manny joué par Danny Ramirez. D’ailleurs, j’avais oublié de vous en parler la semaine dernière, mais c’est Manny qui se prend le coup de couteau d’Ellie quand elle entre dans le chalet où est torturé Joel et non Jordan. Ce qui signifie que le personnage de Jordan a été sacrifié dans la série. Preuve une fois encore que les changements sont bénéfiques pour la série, parce que les enjeux ne sont pas les mêmes, parce que cette saison 2 ne fait que 7 épisodes, parce qu’il ne faut pas perdre le spectateur en cours de route, il faut le tenir en haleine avec l’essentiel. Combien de personnes par exemple ont arrêté de suivre la série Daredevil Born Again qui ne fait pourtant que 9 épisodes ? Je l’ai déjà, je le répète, ce qui fonctionne dans un jeu vidéo ne marche pas forcément dans un format de série-télé.