Daniel Vávra, directeur créatif chez Warhorse Studios et figure emblématique de la série Kingdom Come Deliverance, voit dans l’intelligence artificielle générative une véritable opportunité pour l’industrie du jeu vidéo. Contrairement à certaines voix critiques, le vétéran tchèque, bientôt quinquagénaire, espère que ces technologies permettront aux créateurs de concrétiser leurs idées plus efficacement, tout en allégeant les charges mentales et physiques associées aux longues phases de développement. Dans un entretien accordé à The Game Business, Vávra revient sur la complexité du développement de Kingdom Come: Deliverance 2, attendu six ans après le premier opus. Il confie que la dernière année de production a été particulièrement éprouvante :
« J’ai connu de sérieux problèmes de santé à cause du stress. J’ai vraiment besoin de lever le pied. »
Avec une carrière lancée en 1998 chez Illusion Softworks (aujourd’hui 2K Czech), Vávra a contribué à des titres cultes tels que Mafia ou Hidden & Dangerous. Aujourd’hui, il reconnaît que le rythme et l’ampleur des projets AAA pèsent lourdement sur les équipes créatives.
Trop d’idées, pas assez de temps
Le créateur exprime une certaine frustration face au temps nécessaire pour mener à bien un jeu ambitieux :
« Ça m’agace que le développement prenne autant de temps. J’ai plus d’idées que je n’ai d’années devant moi pour les réaliser. »
C’est précisément là que l’intelligence artificielle trouve, selon lui, tout son potentiel. Vávra n’imagine pas un avenir où les développeurs seraient remplacés par des machines, mais plutôt assistés par elles, dans l’optique d’un processus plus fluide, moins chaotique, et plus rapide. Si certains observateurs s’inquiètent de l’impact de l’IA sur l’emploi dans les industries créatives, notamment parmi les artistes et les comédiens, Daniel Vávra se montre résolument optimiste :
« Ce serait formidable que l’IA puisse nous aider de cette façon. J’ai encore plusieurs grandes idées, qui nécessitent énormément de temps et de préparation. Des projets dont je pense qu’ils ont autant de potentiel que Kingdom Come: Deliverance. »
Une vision partagée dans l’industrie
Vávra n’est pas seul à adopter cette posture. Strauss Zelnick, PDG de Take-Two Interactive, a récemment déclaré que l’IA pourrait conduire à la création de nouveaux emplois, plutôt qu’à leur disparition. Une opinion partagée également par Josef Fares (It Takes Two), qui qualifie cette technologie de « fascinante autant qu’inquiétante », tout en reconnaissant que chaque rupture technologique s’accompagne inévitablement de changements sur le plan humain. Daniel Vávra incarne une génération de créateurs qui, sans renier la complexité de leur métier, cherchent à s’appuyer sur les outils émergents pour libérer davantage leur créativité. Dans un contexte où les productions deviennent de plus en plus ambitieuses, l’IA pourrait bien devenir un allié stratégique pour maintenir un équilibre entre innovation et viabilité humaine dans le développement vidéoludique.