Il y a encore quelques années, la série des Kingdom Come Deliverance était considéré comme un outsider dans l’univers du RPG historique. Un projet un peu fou, venu de République tchèque, qui prétendait concurrencer les mastodontes occidentaux sans dragon ni magie, mais avec du sang, de la boue, et des roturiers en haillons. Dix ans plus tard, le pari est plus que gagné : le premier volet a dépassé les 10 millions d’exemplaires vendus à travers le monde, un exploit colossal pour un jeu aussi exigeant qu’anti-spectaculaire. Et aujourd’hui, Kingdom Come Deliverance 2 franchit à son tour une étape symbolique : celle des 3 millions d’exemplaires écoulés, trois mois après sa sortie. 3 millions de copies. En 2025. Pour une suite médiévale et réaliste, où l'on meurt plus souvent de dysenterie que de coups d’épée, c'est un exploit, n'ayons pas peur des mots.
Warhorse Studios, qui a lancé ce deuxième épisode le 4 février 2025, peut savourer tranquillement. Dès le premier jour, le jeu enregistrait un million de ventes. Deux semaines plus tard, le compteur passait à deux millions, avec un pic impressionnant de plus de 250 000 joueurs simultanés sur Steam. À l’heure où nous écrivons ces lignes, les 3 millions sont atteints — preuve que la courbe ne fléchit pas. Le succès commercial s’accompagne d’une reconnaissance critique indéniable. Avec une moyenne presse de 88 sur Metacritic, Kingdom Come Deliverance 2 a séduit par son audace, sa cohérence historique, son système de combat toujours aussi rugueux, et sa narration mature. Mais ce succès n’est pas le fruit du hasard. Il s’appuie sur une base de joueurs fidèles, construite patiemment depuis 2018, et sur une philosophie de design à contre-courant. Warhorse ne cède pas à la mode : pas de world map hyper-saturée, pas de loot clignotant, pas de magie flashy. Ici, on patiente à la forge, on saigne pour chaque victoire, et on paie cher la moindre erreur tactique. Un RPG lent, réaliste, presque ascétique, et visiblement, c’est ce que veulent encore 3 millions de joueurs en 2025.
Ce deuxième opus confirme donc non seulement la viabilité commerciale de la série, mais aussi l’existence d’un public exigeant, en quête de récits enracinés dans l’histoire réelle. Le passage de 10 millions pour le premier jeu à un lancement aussi solide pour le second installe durablement Warhorse Studios comme un acteur sérieux du paysage vidéoludique. Kingdom Come Deliverance 2 pourrait bien devenir le contre-modèle parfait à une industrie parfois trop standardisée. Un rappel qu’avec de l’ambition, de la rigueur et une vraie vision, on peut encore écrire des légendes, même sans couronne.