Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de revenir brièvement sur les dernières rumeurs entourant la date de sortie de Crimson Desert. Il y a à peine 48 heures, le média sud-coréen MTN annonçait que la sortie du jeu serait fixée au 2 novembre 2025, information qu’il aurait obtenue directement de Pearl Abyss lors d’un entretien. Cette annonce s’est propagée comme une traînée de poudre sur les internets, chacun se réjouissant d’enfin disposer d’un horizon de lancement concret. Toutefois, coup de théâtre : le studio a officiellement démenti cette date, précisant que toute information de ce type serait communiquée en temps voulu via ses canaux officiels. Le site MTN se serait-il trompé, ou aurait-il divulgué une information confidentielle reçue officieusement ? La question reste en suspens. Quoi qu’il en soit, tous les interlocuteurs rencontrés à Los Angeles m’ont confirmé que le jeu est bien prévu pour une sortie d’ici la fin 2025. Et avec le report de GTA VI à mai 2026, il est clair que Pearl Abyss dispose d’un créneau stratégique pour s’imposer. En coulisses, on peut aisément imaginer la pression qui pèse sur les épaules du studio pour tenir ce calendrier ambitieux. Mais laissons-les « cook », comme on dit dans le jargon, et accordons-leur le temps nécessaire pour peaufiner leur œuvre.
TIMING PARFAIT
Revenons à cette fameuse session hands-on. La démo offrait la possibilité d’explorer une mission complète ainsi qu’un affrontement contre un boss inédit, tout en laissant une liberté d’exploration dans une portion délimitée du monde ouvert. Ma session, prévue en fin de journée, a duré bien plus longtemps que les 60 minutes réglementaires. Simplement parce que le journaliste prévu après moi ne s’est pas présenté, me laissant ainsi libre de prolonger l’expérience. Ce moment d’exclusivité inattendu m’a permis de tester en profondeur plusieurs mécaniques et d’explorer des zones que d’autres n’auront pas eu la chance de découvrir. Il convient toutefois de préciser que certaines zones étaient volontairement inachevées : peuplées de façon minimaliste, sans faune ni ennemis, elles donnaient un aperçu du travail encore en cours. L’un des développeurs m’a d’ailleurs précisé que cette build de démonstration ne comprenait pas tous les éléments prévus dans le jeu final.
LE BLACKSPACE ENGINE QUI FAIT DES MIRACLES
La première chose qui frappe en lançant cette démo, c’est sans aucun doute la qualité visuelle du titre. Les séquences de gameplay rendues publiques par Pearl Abyss sont fidèles à la réalité de ce que l’on observe manette en main. Grâce à son moteur maison, le BlackSpace Engine, le studio sud-coréen parvient à proposer des graphismes en monde ouvert d’un niveau rarement atteint. Le monde de Crimson Desert impressionne non seulement par son ampleur, mais surtout par l’extrême richesse de ses détails. Durant la mission scénarisée, j’ai pu admirer les premières cinématiques in-game et constater à quel point les visages des personnages sont finement modélisés. Mention spéciale à l’armure du protagoniste Kliff, véritable œuvre d’art numérique : chaque pièce, chaque couture, chaque éclat métallique est modélisé en 3D, loin des textures plates que l’on rencontre souvent ailleurs.
Les environnements constituent probablement l’autre prouesse majeure du jeu. Entre les montagnes enneigées éclatantes de lumière, les nuages évolutifs portés par un système météo dynamique, les volutes de fumée s’échappant de canons à l’horizon, ou encore les effets du vent sur la végétation, l’univers de Crimson Desert respire la vie. À cela s’ajoute une quantité presque déconcertante de PNJ, en particulier sur les champs de bataille, renforçant encore l’impression de monde vivant et organique. Concernant les nombreux effets de particules (que certains considèrent comme spectaculaires mais potentiellement envahissants), j’ai interrogé l’équipe sur la possibilité de les désactiver. Pour l’heure, aucune réponse ferme n’a été donnée. Personnellement, je trouve leur rendu visuel sublime. La démo tournait sur un PC, avec une manette de PS5, en 4K et à 60 images par seconde, une performance remarquable pour la build en question.
KLIFF HANGER
Dans la mission jouée, Kliff doit retrouver ses compagnons dispersés et potentiellement en danger après une embuscade. Le périple nous mène jusqu’à Calphade, et plus précisément dans un village où l’on rencontre des soldats admiratifs de Kliff, considéré localement comme une légende vivante. Le joueur est invité à les aider avant d’entrer dans la bataille, notamment en réparant un canon dont une roue a été endommagée. Cette tâche, apparemment anodine, révèle en fait un degré de soin impressionnant dans les animations. Kliff soulève la roue, la positionne, puis l’enfonce à l’aide d’épaules, dans une animation aussi crédible que fluide. Même replacer un drapeau tombé au sol exige une séquence complète de manipulation. Chaque action est rigoureusement animée grâce à la motion capture et respecte des lois physiques réalistes, conférant au jeu une cohérence visuelle et tactile rarement égalée. Ce souci du détail rappelle le travail minutieux de studios comme Rockstar Games ou Naughty Dog. Toutefois, certains joueurs pourraient percevoir cette "sur-animation" comme un frein à la fluidité, notamment en situation de combat. Les manipulations complexes de certaines interactions peuvent sembler fastidieuses dans un contexte d’action intense. Les développeurs m’ont néanmoins assuré que ces éléments seraient progressivement introduits durant l’aventure, contrairement à cette démo qui propulsait le joueur directement avec toutes les compétences débloquées – un choix qui, de leur propre aveu, peut perturber en si peu de temps.
GAMEPLAY D'UNE RICHESSE VERTIGINEUSE
Kliff est un protagoniste aux capacités de gameplay particulièrement étendues. Selon son équipement (armes, pouvoirs, compétences), il est capable de varier considérablement ses actions en combat. Attaques légères, coups puissants, protection avec le bouclier, mais aussi enchaînements spectaculaires dignes d’un beat’em all, tels que des coups de pied sautés, des balayages, des prises de type catch, voire des exécutions au sol. Il peut même utiliser un ennemi comme bouclier humain ou l’achever d’un coup de lame dans le dos. Il est aussi capable, et c’est assez cocasse, d’aveugler ses adversaires grâce au reflet de son épée. Ce niveau de finesse dans les combats donne parfois l’impression d’évoluer dans un jeu de combat avancé plutôt que dans un simple Action-RPG.
J’ai également pu expérimenter d’autres mécaniques : sauts successifs avec triple impulsion, plané grâce à une cape en forme d’ailes de corbeau, attaques aériennes, et un grappin permettant de s’accrocher à de nombreuses surfaces – un peu à la manière d’Assassin’s Creed. Ce grappin peut même être utilisé comme balancier, ce qui permet d’atteindre des hauteurs impressionnantes, notamment au sommet des arbres. À tout cela s’ajoutent les mécaniques spécifiques aux différentes armes : par exemple, l’arc permet de désigner une cible au sol pour qu’un tir de canon y soit dirigé, une option tactique particulièrement utile face aux foules d’ennemis.
Cette version de la démo m’a aussi permis de prendre en main le cheval, qui répond plutôt bien malgré quelques fonctionnalités absentes, comme le fameux "drift" équin montré dans les trailers. Les animations sont soignées, les transitions entre les allures (pas, trot, galop) sont fluides, et Kliff peut utiliser sa monture comme appui pour réaliser des sauts impressionnants. L’invocation du cheval est rapide, efficace, sans lourdeur inutile. Sur ce point, l’expérience se distingue favorablement d’un Red Dead Redemption 2 où monter à cheval pouvait s’avérer laborieux.
TROUVER LE BON ÉQUILIBRE
En somme, Crimson Desert regorge de promesses. La richesse de ses mécaniques, l’ampleur de son monde, la qualité de ses animations et la profondeur de son système de combat le placent en marge de la plupart des Action-RPG contemporains. Les journalistes présents ont parfois été frustrés par le trop-plein d’informations à assimiler en une heure. Ayant eu la chance de bénéficier d’un temps doublé, j’ai pu approcher l’expérience avec davantage de recul et de sérénité. Il faudra cependant que le studio parvienne à équilibrer cette densité de gameplay pour éviter l’écueil de la surcharge. Pearl Abyss est désormais pleinement conscient de l’attente colossale autour du jeu, et l’équipe présente sur place n’a pas manqué de recueillir avec attention nos retours – qu’ils soient positifs ou critiques. Certains problèmes d’éclairage dans les zones sombres ont d’ores et déjà été pris en compte. Le potentiel est immense, mais le défi consistera à trouver le juste milieu entre ambition et accessibilité. Le report de GTA VI laisse au studio une fenêtre idéale : même s’ils devaient repousser la sortie entre janvier et mars 2026, Crimson Desert disposerait encore d’une marge confortable pour rayonner. Prenez le temps, Pearl Abyss. Le monde vous regarde.