L’âge avance et notre mémoire nous joue parfois des tours, mais s’il y a bien une chose qu’on n’a pas oubliée, c’est l’annonce d’Astérix & Obélix : Baffez-les Tous. Le 24 mars 2021, il est environ 17h30 lorsque Microids nous révèle l’existence d’Astérix & Obélix : Baffez-les Tous, un beat’em all en 2D développé par le studio Mr Nutz, les créateurs de Mr Nutz sur Super Nintendo bien sûr, mais aussi du plus récent Toki, sorti sur Nintendo Switch en décembre 2018. Il ne faudra pas attendre bien longtemps avant que Astérix & Obélix : Baffez-les Tous fasse l’objet d’une hype certaine, rappelant en effet les bons souvenirs des parties sur borne d’arcade que l’on pouvait faire quand nous étions plus jeunes dans le café du coin. C’était dans les années 90, certains d’entre vous n’étaient pas encore nés, et à cette époque, Konami était sans doute l’un des plus prestigieux éditeurs dans le monde. Depuis, les choses ont changé, le jeu vidéo a évolué, Konami a bien du mal à exister aujourd’hui et certains genres sont passés de mode.
Fleuron du jeu vidéo par le passé, le beat’em all a vu son hégémonie décliner au fil des nouvelles générations de consoles, lui préférant des genres nouveaux, plus ouverts mais aussi plus modernes. L’héritage du jeu vidéo sur borne d’arcade étant une relique du passé, difficile de miser sur un genre que le jeune public n’a quasiment pas connu. Mais comme un chacun sait, il ne faut jamais sous-estimer la puissance de la nostalgie, surtout quand les enfants d’autrefois sont les adultes d’aujourd’hui, et qui ont désormais un pouvoir d’achat quasi illimité. Les éditeurs le savent désormais et certains studios ont en fait aujourd’hui leur cheval de bataille. On pense notamment à DotEmu, jeune société française qui fait revivre bon nombre de vieilles licences du passé pour les remettre au goût du jour. Wonder Boy III : The Dragon’s Trap, Windjammers 2 et Tortues Ninja : Shredder’s Revenage à venir et enfin Streets of Rage 4 qui a enregistré plus de 2.5 millions de ventes (chiffres arrêtés en avril 2021), autant vous dire que le secteur est plutôt lucratif ; à tel point que DotEmu vient de se faire racheter par Focus Entertainment pour la coquette somme de 38.5 millions d’euros. Chez Cyrille Imbert, on a sorti cigare, champagne et cotillon, croyez-moi.
LA BAFFE EST VISUELLE !
En parallèle de cela, Microids a également lancé un projet similaire : faire revivre la licence Astérix & Obélix qu’il détient, mais sous le prisme du beat’em all à l’ancienne, rappelant évidemment le jeu de Konami dans les 90’s. Pour mettre en œuvre le projet, l’entreprise française a fait appel à Mr Nutz Studio, avec Philippe Dessoly aux dessins, Pierre Adane à la programmation, Raphaël Gesqua qui s'occupent des musiques et aussi Mickaël Pratali pour le game design. Des vétérans du jeu vidéo français, rejoints quelques mois plus tard par Julien Hubert, devenu producteur au sein de chez Microids. Ensemble, ils vont œuvrer pour faire d’Astérix & Obélix : Baffez-les Tous leur fer de lance de leur catalogue de fin d’année en 2021. Il suffit d’ailleurs de quelques secondes dès lors que le jeu est lancé pour constater que Microids et Mr Nutz Studio viennent sous doute d’accoucher du plus beau beat’em all 2D réalisé à ce jour. Vous allez sans doute vous dire qu’on en fait des tonnes, mais sincèrement, le titre est d’une beauté hallucinante, tant et si bien qu’on a eu du mal à y croire. Les sprites des personnages sont énormes, les décors fourmillent de détails et les animations sont d’une souplesse qui fait plaisir à voir. On a clairement le sentiment d’avoir la bande dessinée qui s’anime sous nos yeux, et c’est cette volonté de vouloir tout faire à la main qui fait la différence. Car oui, tout le jeu a été réalisé avec des méthodes artisanales, presque ancestrales on va dire, et qui permet à ce Astérix & Obélix : Baffez-les Tous de dégager une aura si particulière. Le travail est tellement fin que même le coup de crayon de Philippe Dessoly ne trahit pas la direction artistique donnée par Albert Uderzo, décédé l’année dernière.
POUR LES PETITS ET LES GRANDS
Côté gameplay, Microids et Mr Nutz Studio ont opté pour une jouabilité qui s’adapte à tous les types de joueurs, sous-entendre qu’il s’agira d’un jeu grand public. Alors oui, on entend déjà les puristes rager au fond de la salle et nous dire que Streets of Rage 4 proposait un gameplay ultra technique, mais il ne faut pas perdre de vue que la licence Astérix & Obélix est avant tout un jeu familial. Impossible donc pour Julo et l’équipe de Mr Nutz Studio de complexifier à mort le gameplay, sous peine de nuire à l’expérience. Mais attention, grand public ne signifie pas pour autant que le gameplay est dénué d’intérêt ; les développeurs ayant pris le soin d’intégrer des subtilités pas déplaisantes. Avant d’ailleurs de rentrer dans les détails, il faut savoir que Astérix & Obélix : Baffez-les Tous est jouable en solo comme en coopération. Cela dit, qu’on y joue en solitaire ou avec un copain de passage à la maison (pas de coop’ en ligne, du moins pour le moment – sait-on jamais avec une mise à jour prochaine), Astérix et Obélix fonctionne en tandem. Cela signifie que les deux personnages sont liés à la vie à la mort dans le jeu. En effet, si l’un des deux flanche sur le champ de bataille, alors c’est le game over assuré. Ce choix de game design peut heurter au départ, mais il permet non seulement de rendre un peu plus stratégique l’avancée dans le jeu, mais aussi de ne pas trop faciliter la progression. Astérix doit donc veiller sur Obélix et vice & versa. En solo, l’approche est un brin différente, dans le sens où le joueur a la faculté de permuter de personnage d’une simple pression sur la gâchette gauche. A lui donc de gérer les deux barres de santé, pour ne pas se retrouver avec un game over inopportun alors qu’il restait dans la vie dans le second partenaire.
Y A DU MUSÔ DANS L’AIR
Pour ce qui est des mécaniques de gameplay, Astérix & Obélix : Baffez-les Tous reprend les bases du jeu d’arcade de Konami, avec des coups faibles et des attaques plus fortes que l’on peut évidemment combiner pour créer une variété de combos. Evidemment, Microids et Mr Nutz Studio ont apporté leur touche personnelle, tout comme cette fonction « run » qui permet au personnage de courir (avec cette chouette animation qui fait très BD) d’un bout à l’autre de l’écran, en appuyant deux fois de suite dans une direction donnée avec le stick analogique. Non seulement cela permet de donner un peu plus de peps aux déplacements, mais offre en plus cette faculté de donner un coup d’épaule aux ennemis. Un peu comme une boule qui vient percuter un jeu de quilles. Et c’est une feature plutôt bien pensée quand on constate que le jeu ne lésinera pas sur le nombre d’ennemis à l’écran. Certains pensaient à la diffusion des premiers screenshots que ce n’était que du bluff, mais c’est bien réel, il y a une quantité importante de légionnaires romains (et autres of course) à l’écran, tant et si bien qu’il faut savoir gérer ce flux presque migratoire. C’est là que la subtilité dans le gameplay entre en jeu, avec cette notion de bien savoir gérer l’espace et l’arrivée des ennemis. L’idée derrière cette envie de submerger le joueur, c’est de créer ce sentiment de satisfaction à défourailler un maximum de PNJ, un peu comme dans un Musô (les Dynasty Warriors là). Ce n’est pas un hasard si certaines attaques, comme l’uppercut, permet d’abattre les ennemis en un coup et par grappe. Uppercut qui nécessite cela dit un certain sens du timing, histoire de ne pas trop faciliter l’accès immédiat à cette attaque.
Ce qui est plutôt bien vu, et c’est bien normal, c’est que Astérix est différent d’Obélix, avec chacun ses propres spécificités. Si Astérix marche plus vite et se montre plus agile dans les enchaînements, on constate qu’il a moins d’amplitude dans les coups et donnent l’impression d’être un peu plus vulnérable ; ce qui n’est pas le cas dans les faits, les deux personnages étant équilibrés à ce niveau-là. Par ailleurs, si jamais, on y joue en coopération, les développeurs ont prévu quelques petites gourmandises avec des combos en duo free. On peut par exemple s’amuser à attraper un ennemi, le balance vers son partenaire pour que celui-ci le frappe à la volée. Là encore, ça demande un certain sens du timing, et ça permet de renforcer le côté un peu plus poussé du gameplay. On apprécie.
Pour que l’aventure soit plaisante à jouer et suffisamment variée, Microids et Mr Nutz Studio ont opté pour une adaptation de plusieurs BD d’Astérix & Obélix. Bien sûr, à ce stade et pour éviter de divulgâcher l’histoire, Julien Hubert s’est interdit de nous donner trop de biscuit. Tout juste sait-on grâce à la session de jeu et de quelques personnages croisés ici et là que le chapitre sur les Normands sera traité. On sait aussi que 5 BD ont été choisies pour représenter chaque chapitre du jeu, adaptées pour les besoins de l’aventure videoludique. D’ailleurs, pour celles et ceux qui s’inquiètent sur la durée de vie, Julo nous a précisé que Astérix & Obélix : Baffez-les Tous comporte pas moins de 50 niveaux ! Même si nous n’avons pas eu le plaisir de les croiser pendant notre session de jeu, des boss de fin de niveau sont également prévus, avec pour certains des personnages iconiques de la bande dessinée. On aura également droit à des stages bonus, des bonbons comme aime nous le dire Julien Hubert, qui sont là pour faire respirer le joueur entre deux niveaux chargés. Lors de notre preview exclusive, on a eu droit à une course entre Astérix et Obélix sur une plage. A la manière des Track & Field de l’époque, il faut matraquer le bouton pour arriver le plus vite à la ligne d’arrivée. On imagine d’autres surprises de ce goût-là et on ne demande qu’à les découvrir au plus vite. En attendant, ce premier hands-on fut une véritable bonne surprise, et même s’il est encore trop tôt pour statuer, présage d’une belle pépite de la part de Microids. Il était temps !