La Chine est devenue un acteur incontournable du jeu solo, l’Occident doit désormais le prendre en compte et nous ne sommes qu’au tout début de cette émergence. Mais pour le moment, les propositions sont très centrées sur un genre en particulier : les Souls-like, ou du moins les jeux qui leur ressemblent, ou qu’ils reprennent certaines mécaniques. On aime ou on n’aime pas, mais il est certain qu’ils ont acquis un savoir-faire évident dans cette catégorie et Wuchang Fallen Feathers va tenter de se faire une place de choix le 24 juillet prochain, sa date de sortie sur PC, PS5 et Xbox Series, sachant que le jeu sera disponible day one sur le Game Pass. Un plutôt bon choix poussé par l’éditeur 505 Games qui s’occupe de l’édition du jeu en Occident, et qui va permettre au jeu d’atteindre un maximum de joueurs, ce Wuchang Fallen Feathers n’ayant pas la hype qui a entouré Black Myth Wukong l’année dernière, mais il sera très intéressant de suivre les ventes dans son pays natal : la Chine.
SE FAIRE PLUMER
Pour rapidement vous resituer l’histoire du jeu, sachez qu’elle tourne autour de Bai Wuchang, une guerrière pirate évoluant dans un monde en décomposition. L’action se déroule à la fin de la dynastie Ming, dans une Chine dévastée par les conflits entre factions et envahie par d’étranges créatures issues d’une maladie mystérieuse. C’est une époque de grands bouleversements et de changements pour la Chine, avec notamment le début du commerce avec les empires européens et l’arrivée des premières armes à feu, jusqu’à la famine généralisée et la Grande Peste. Et cette maladie a d'ailleurs servi de base pour créer la particularité du personnage central de Wuchang, un bras gauche sur lequel pousses des plumes de couleur bleue. Je ne pourrai pas vous en dire davantage, la démo de 60 minutes était là pour qu’on puisse se faire la main sur son gameplay, qu’on pourrait donc situer à mi-chemin entre Bloodborne et Lies of P.
Par contre, ce qui est plutôt cool et qui rompt justement avec les Souls-like habituels, c’est qu’on n’est pas dans un monde dark fantasy, mais bien dans un univers plus enchanteur, avec plein de couleurs éclatantes, des décors avec une végétation bien fournie, des temples aux lignes élégantes, des chutes d’eau, des arbres centenaires, des sanctuaires éclairés à la bougie et une architecture chinoise traditionnelle, des Bouddha sous diverses formes et tout cela contribue énormément à l’immersion, surtout pour les joueurs occidentaux qui ne sont habitués à autant d’exotisme. Le personnage principal de Wuchang Fallen Feathers apporte aussi un vent de fraîcheur au genre, puisque la silhouette de Bai Wuchang est plutôt fine et elle arbore un visage presque innocent, en contradiction avec la fureur avec laquelle elle peut déployer. À la manière de Stellar Blade, elle dispose également d’une vaste garde-robe à débloquer, souvent sexy et largement mise en avant par le studio chinois, ce qui pourrait lui valoir une popularité similaire à celle de Eve sur les réseaux sociaux.
J’imagine que le jeu deviendra probablement plus sombre et glauque à mesure que la malédiction va progresser, mais la grande luminosité et les couleurs perforantes de cette démo étaient pour moi une vraie belle bouffée d’air frais pour le genre. La zone que j’ai explorée se distinguait par sa verticalité inattendue, avec notamment un sentier qui longeait une rivière et qui m’a conduit jusqu’à un échafaudage de bois accroché à flanc de falaise, que j’ai gravi tout en tranchant les ennemis postés sur ma route. La vue, une fois au sommet, valait largement l’effort.
LIGHT SOULS
Le jeu est développé sur Unreal Engine 5 et on peut le dire, les graphismes sont de très bonne facture. Mais comme vous le savez bien, l’esthétique d’un jeu ne suffit pas pour en faire un bon jeu et pour s’imposer dans l’univers exigeant des Soulslike, il faut que le système de combat soit solide. Et sur ce point, Wuchang propose des mécaniques assez familières avec du corps-à-corps, des esquives, des parades, des blocages, tout en y ajoutant des éléments supplémentaires bienvenues. Le jeu permet notamment d’équiper deux armes et de passer de l’une à l’autre à la volée, ce qui apporte une belle fluidité aux affrontements, d’autant que le panel d’armes est plutôt vaste, chacune avec sa propre sensation en main et ses spécificités. À cela s’ajoutent des attaques spéciales uniques à chaque type d’arme, déblocables au fil de la progression, et activables après avoir rempli une jauge en réussissant des esquives parfaites. Le résultat est souvent spectaculaire : l’une de ces attaques, par exemple, voit le personnage bondir dans les airs avec une hache avant de s’écraser au sol dans une explosion de flammes.
Il faut aussi noter que le système de combat de Wuchang mise sur la rapidité et le timing. En effet, plutôt que de s’appuyer lourdement sur la garde ou la parade, le jeu récompense les esquives exécutées au bon moment. Ça permet alors de remplir une jauge appelée Puissance Céleste (Skyborn Might), qui permet ensuite de déclencher des attaques spéciales. L’idée, c’est d’inciter le joueur à rester en mouvement, à chercher les ouvertures plutôt qu’à camper derrière un bouclier ou une posture spécifique, et ça c’est plutôt une bonne chose. Sur le plan défensif, l’esquive est au cœur du gameplay de Wuchang, et grâce à la vivacité de l’héroïne, esquiver constitue la principale réponse face aux assauts ennemis. C’est quelque chose qui est évidemment présent dans tous les soulslike, sauf que ici, l’esquive prend une place encore plus centrale, le gameplay se voulant plus mobile et plus réactif. Et d’ailleurs, les parades et les blocages ne sont pas disponibles en permanence : ils sont même associés à certaines compétences d’armes spécifiques. Ce choix de game design force le joueur à varier les situations, d’autant que les parades et les contres sont absents dans les premières heures de l’aventure si on n’a pas encore débloqué les bons équipements. Du coup, les amateurs de builds plus lourds, qui misent sur la défense pour créer des ouvertures, devront donc s’adapter un peu au départ.
THIS IS MADNESS !
Autre système original du jeu, c’est la présence de la mécanique "Madness Descends". En fait, après plusieurs défaites face au même ennemi, Wuchang entre dans un état de puissance instable. Les attaques deviennent alors surpuissantes, mais on encaisse bien mieux les dégâts. C’est une mécanique qui mise sur le haut risque / haute récompense, et qui fonctionne plutôt bien lors des combats de boss. Parlons justement des boss. Ceux que j’ai affrontés étaient bien conçus et offraient un vrai challenge, même s’ils ne m’ont pas paru inoubliables ou particulièrement originaux. Le premier, un imposant chaman en lévitation, lançait des sorts à distance avec un gigantesque bâton. Le combat demandait une maîtrise précise de l’esquive, et après plusieurs essais, j’ai fini par trouver mon rythme de croisière. Ça m’a pris quand même 20 minutes. Par contre le second boss, avec la sauvegarde bien plus avancée, j’ai pas réussi à l'abattre. C’est une guerrière rapide et imprévisible qui m’a fait plier en deux-deux, parce que non seulement elle disposait d'une arme à 2 épées, mais elle enchaînait les combos avec une telle rapidité que j’avais à peine le temps de respirer. Je n’ai pas compté le nombre de fois où je suis mort, mais une chose est sûre, si vous avez le moindre doute sur la difficulté du jeu, sachez que Wuchang ne vous fera aucun cadeau.
Wuchang Fallen Feathers arrive le jeudi 24 juillet, et s’il maintient la qualité de cette démo du Summer Game Fest, il pourrait bien se faire une bonne place parmi les innombrables Souls-like qui existent déjà.