Impossible de parler du deuxième trailer de GTA VI sans évoquer le raz-de-marée médiatique et populaire qu’il provoque depuis sa sortie il y a même pas 24h. Au moment où j’écris ces lignes, la bande-annonce a déjà dépassé les 60 millions de vues en seulement 19 heures sur la chaîne officielle de Rockstar Games. Un chiffre astronomique qui témoigne d’une chose : GTA VI est déjà plus qu’un jeu, c’est un événement culturel planétaire. Chaque image est disséquée, analysée, rejouée. Rockstar ne vend pas seulement un jeu vidéo, il vend son imaginaire, son savoir-faire. Mais avant de nous lancer corps et âme dans le décorticage de ces fameux PNJ qui semble être absolument dingos, j’aimerais qu’on s’attarde deux secondes sur les premières secondes du trailer, et notamment les premiers mots de Jason Duval, notre personnage central. A la question d'une connaissance venue lui rendre visite alors qu'il travaille sur le toit de sa baraque, Jason rétorquequ'il répare quelques fuites ("I’m just fixing some leaks”). Rockstar a digéré les fuites massives de 2022, les a intégrées au récit, et les retourne en un coup de poing narratif. Un clin d'œil absolument malicieux et qui prouve que Rockstar Games sait jouer de son image. Une belle entrée en la matière pour ce 2è trailer tombé de nulle part, sans prévenir et qui a mis la planète entière d'accord et sur le cul surtout.
Du cul d’ailleurs, vous allez en avoir et pas qu’un peu. C’est un autre aspect non négligeable du jeu, qui semble déjà se dessiner à travers le deuxième trailer : il va y avoir du cul, du cul, beaucoup de cul, sous toutes ses formes et de toutes les tailles aussi. Rockstar l’avait déjà mentionné dans le premier trailer et ne s’en cache pas dans cette deuxième vidéo, et il faut s’attendre à un contenu où la sexualité et le désir seront omniprésents, parce qu’il ne faut pas oublier que le jeu va se déroulera dans l’état de Leonida, l’équivalent de la Floride, mais surtout à Vice City, référence à Miami oui, mais Vice City, c’est la ville du vice, du péché et si vous trouviez que c’était trop léger dans GTA 5, je pense que les strip clubs vont être particulièrement représentés dans GTA 6.
L’AMOUR COMME MOTEUR DU JEU
Mais résumer GTA 6 à un panorama de plaisir charnel serait une grosse erreur, parce que GTA 6, c’est aussi et surtout cette relation amoureuse forte : celle entre Jason Duval et Lucia Caminos, deux personnages qui semblent irrévocablement liés, et qui, pour l'instant, semblent follement amoureux. Cette relation est au cœur du jeu et apportera son lot de drames et de questionnements sans doute. Pour le moment, on ne veut que le côté idyllique, mais connaissant l'écriture de Rockstar Games, il faudra s’attendre à des moments plus dramatiques. Les histoires d'amour, c’est toujours en dent de scie, surtout entre criminels. Bref, entre passion et trahison, on ne sait pas encore si cet amour résistera aux épreuves et aux missions, ou s’il volera en éclats à un moment donné. Et peut-être bien que, comme l’histoire de Bonnie & Clyde, mais aussi le film The Place Beyond the Pines, qui semble influencer GTA VI dans son traitement de la déchirure des relations, l’un des deux personnages pourrait bien mourir. Hey qui sait ? Au départ, on peut contrôler les deux personnages, mais qu’à partir d’un moment donné, on va se focaliser uniquement sur un des deux. Cette possibilité ajoute une dimension tragique à l’histoire. Une fin inéluctable pour l'un d'eux ? Le temps nous le dira. Mais le film, avec sa tension émotionnelle et son côté presque fataliste, pourrait bien se retrouver dans les choix narratifs que Rockstar réserve à Jason et Lucia. Ce qui est certain, c’est que, derrière les scènes de sexe, de crimes et de frénésie de Vice City, c'est avant tout l'humain qui se cachera au cœur de cette aventure.
JASON & LUCIA : L'AMOUR OUF
Parce que oui, ce 2è trailer met en scène les deux protagonistes principaux : Jason Duval et Lucia Caminos, ce qui n’était pas le cas du premier trailer où Jason était mis en retrait, comme effacé. Et comme une réponse aux internautes qui disaient que le jeu allait virer woke, que la figure masculine allait être effacée face à Lucia, la femme moderne, Rockstar Games prend la tengente inverse. Dès les premières secondes, Jason crève l’écran. Musclé, charismatique, sûr de lui et surtout très bavard, il incarne le stéréotype du beau mâle qu'on aime reluquer : un homme d’action à la langue bien pendue. Militaire de formation, il traîne aujourd’hui dans les Keys en mission pour des trafiquants locaux. Mais sa voix trahit un désir profond d’évasion, de vie meilleure, même si c’est en braquant des banques. Hey, on est dans GTA ou pas ? Sa phrase fétiche ? « Quoi qu’il arrive, je couvre tes arrières. » Une promesse faite à Lucia, et probablement aussi une ligne rouge qu’il franchira mille fois.
Un duo qui évoque immédiatement l’imaginaire de Bonnie & Clyde, version 2025. Lucia, en particulier, crève littéralement l’écran par sa prestance. Dès ses premières apparitions, elle impose un charisme froid, magnétique, renforcé par son regard impassible et sa détermination palpable. Lucia n’est pas en reste. Tout juste sortie de prison, sculptée pour survivre, elle incarne la détermination pure. Bien en formes, au pluriel le mot formes bien évidemment, féroce, et stratège, Lucia n’a plus le luxe de l’erreur. Son objectif est clair : monter son réseau, s’emparer du pouvoir, et s’assurer un futur qu’elle contrôle totalement. Sa phrase « Tout ce qui compte, c’est notre réseau et ce qu’on possède » résume bien son ambition sans compromis. Et au cœur de sa stratégie, il y a Jason. Pas juste un complice, mais un véritable partenaire de vie et de crime.
Ce second trailer révèle plus que de l’action : il révèle un lien fort. Jason et Lucia ne sont pas seulement des coéquipiers, ils sont amoureux, avec cette tension électrique entre danger et passion. À chaque course poursuite, chaque regard échangé, c’est leur complicité qui transperce l’écran. Ce n’est pas qu’une romance, c’est une alliance de survie. Dans un monde dominé par la trahison, les trafics, et les réseaux sociaux gangrenés par la violence, leur amour semble être leur seule constante. Et toujours cette question lancinante : qu’est-ce qu’on est prêt à perdre pour avoir plus ?
HOT TOGETHER
D’ailleurs, il y a une séquence que Rockstar a publié, mais de façon isolée, et qui n’est pas dans le trailer 2, c’est une séquence de fusillade qui met en avant une figure marquante de ce nouveau GTA VI, à savoir Raul Bautista qui occupe une place à part. Le personnage évoque immédiatement une figure de professionnel du crime à l’ancienne, méticuleux, discret, mais avec cette aura charismatique presque magnétique. Raul me fait énormément pensé à un personnage sorti d’un polar de Michael Mann. Et pour cause : sa posture, son regard, tout évoque une fusion entre le personnage de Neil McCauley (Robert De Niro) et celui de Chris Shiherlis (Val Kilmer) dans Heat, chef-d’œuvre de 1995 devenu une référence absolue dans le genre. Sans dec, regardez, c’est le visage de Robert deNiro et la coupe de cheveux de Val Kilmer dans le film, sérieusement… Mais le clin d'œil ne s’arrête pas à l’écriture du personnage. Dans cette séquence de 3 secondes au ralenti, on voit qu’il s’agit d’une fusillade qui a éclaté dans une grande artère de Vice City. On n’a pas de son, mas on peut déjà l’imaginer, tant le parallèle avec la scène culte de Heat est frappant. Et regardez bien, dans le fond de cette scène, on aperçoit Lucia en pleine action, arme en main, concentrée, tandis que Jason couvre ses arrières. Lucia, encore une fois, capte l’attention. Elle incarne cette puissance froide et déterminée, presque magnétique. Un charisme pur, qui la place déjà parmi les personnages les plus mémorables de la licence. Raul Bautista ne sera pas le seul protagoniste qui aura droit à son quart d’heure de gloire dans GTA 6, il y en a d’autres : Cal Hampton, Boobie Ike, Brian Heder, Dre'Quan Priest, Real Dimez, Jason Duval, Lucia Caminos, que des noms qui claquent sa mère, et connaissant Rockstar Games, chacun de ces personnages semble ancré dans un système narratif vaste, interconnecté, presque systémique, où l’histoire se construit autant par les dialogues que par les interactions sociales et économiques entre eux.
UN MONDE PLUS VIVANT QUE JAMAIS
Mais au-delà des protagonistes, c’est l’environnement qui stupéfie. Vice City et l'État fictif de Leonida semblent regorger de vie et il y a dans ce GTA 6 une densité de PNJ jamais vue jusqu’ici dans un jeu Rockstar et même dans un jeu vidéo tout court en fait. Mieux encore, chaque PNJ possède est unique en son genre. Sur les 70 images que Rockstar a publié, il n’y a pas un seul PNJ qui se ressemble, pas un ! Aussi bien dans la modélisation que dans le style, mais surtout la morphologie. Et ça, c’est un terrain sur lequel aucun studio n’est encore allé. Regardez bien, chaque PNJ possède un corps différent, une attitude propre, des animations faciales inédites, et même une pilosité unique – oui, même la pilosité a été minutieusement travaillée, qu’il s’agisse d’une barbe en friche, d’un duvet d’adolescent ou d’une aisselle négligée. Encore plus fou, regardez bien la peau des PNJ, elle est en adéquation avec l’âge du PNJ en question. Un PNJ âgé à la peau fripée, qui tombe un peu. Les vieux et les vieilles personnes ont des corps en rapport avec leur âge, mais aussi leur condition physique. Il y a même la marque du bronzage selon les zones du corps. Vous avez déjà vu ça quelque part sérieusement ? Moi pas. On entre dans un niveau de détail qui confine à l’obsession.
TATOOS PARTOUT !
Et puis, nouveau détail qui va changer avec ce GTA 6, ce sont les tatouages. Vous le savez, nous sommes à l’ère des tatoos, c’est quelque chose qui s’est énormément démocratisé ces dernières années, et c’est quelque chose qu’on va retrouver dans GTA 6. Qu’il s’agisse d’un membre d’un gang, d’un policier de Vice City ou d’un dealer des Keys, les tatouages racontent une histoire, et ils sont même intégrés à l'identité du personnage. On y trouve des références à des gangs locaux, à des croyances personnelles, à des moments de vie. Bref, ces tatouages façonnent la personnalité de ces PNJ, un peu comme les gens qui ont tenté les tatouages tribaux au début des années 2000. Les pauvres... Et puis, en plus de la morphologie, il y aura l’attitude, c’est sûr. Les deux trailers le suggèrent déjà : chaque passant semble engagé dans une routine propre, et surtout toujours archi crédible. On voit un homme filmer un accident de voiture, une joggeuse prendre un selfie, une vieille dame nourrir des pigeons — autant d'animations qui font partie de boucles comportementales complexes, comme dans Red Dead 2, mais à une échelle démultipliée. Ceux qui ont joué à Red Dead Redemption 2 savent déjà que Rockstar ne traite pas ses personnages non jouables comme de simples figurants. On se souvient des routines de vie qui avaient été développées dans Red Dead 2, des boucles d’animation, non pas de 30 sec comme la plupart des vulgaires jeux vidéo d’aujourd’hui, non, c’était sur une journée entière ! Imaginez si cette philosophie va encore plus loin dans GTA 6. On le sent déjà à travers les screenshots, ici, les PNJ ne se contentent pas de réagir : ils existent, ils vivent.
Et vous savez quoi ? Rockstar est le seul studio au monde à pouvoir faire ça. Pourquoi ? Parce qu’ils ont le temps, les moyens financiers, et surtout l’envie. Ce sont de jusqu’au boutistes, des artisans qui vont au bout de leur vision, avec ce sens du détail unique. J’ai eu la chance de visiter plusieurs studios de Rockstar Games. A Edimbourg, à Londres et à New York, et à chaque fois, j’ai pu constater un fait marquant : des équipes entières — littéralement des départements complets — sont entièrement dédiées à des pans entiers d’un jeu. Des équipes complètes à travailler sur les PNJ, sur les animaux, sur les chevaux de Red Dead 2. Ils sont des milliers de développeurs chez Rockstar à travailler pendant 8-10-13 ans sur un seul et même jeu, ils peuvent donc se le permettre, et encore une fois, ce sont les seuls au monde.
BUBBLE BEER
Un détail n’a pas échappé aux fans les plus attentifs : à un moment du trailer 2, on aperçoit très clairement une PlayStation 5 dans la maison de Jason. Rockstar joue ici la carte de l’ancrage contemporain, et confirme que Leonida n’est pas une caricature rétro, mais bien une retranscription ultra-contemporaine de l’Amérique moderne. Un monde connecté, saturé de réseaux sociaux, d’influenceurs, de viralité et de jeux vidéo. D’ailleurs, Rockstar a mentionné à la fin de la vidéo que les images du trailer 2 ont toutes été enregistrées sur PS5. Pas PS5, mais PS5 standard. Imaginez un peu… Mais au-delà de cette référence évidente de cette séquence, il y a un autre détail, bien plus subtil, qui mérite encore plus l’attention et qui prouve à quel point Rockstar sont les maîtres du moindre petit détail : les bulles des deux bières décapsulées en amorce du plan qui remontent à la surface dans la bouteille. Oui, vous avez bien lu. Rockstar pousse le réalisme jusqu’à simuler la dynamique de gaz dans un liquide. C’est ce genre de minutie, presque invisible, qui fait toute la différence. Ce n’est pas la PS5 qu’il fallait retenir, mais bien ces bulles anodines, qui disent tout du niveau de détail que Rockstar cherche à atteindre. Puisqu’on parle des bières, un détail que peu ont relevé, et qui illustre encore une fois la philosophie de Rockstar : l’obsession du vivant, du vrai, et surtout de l’organique. Dans une séquence brève mais révélatrice du trailer, Jason sort d’un magasin, un pack de bières en main. Ce qui frappe ici, ce ne sont pas les bières elles-mêmes, mais le liquide à l’intérieur des bouteilles. Chaque mouvement du personnage influence la façon dont le liquide ondule, comme dans une vraie bouteille, avec une physique fluide bluffante de naturel. Ce genre de détail serait passé inaperçu dans n’importe quel autre jeu. Ici, il devient un élément de lecture du niveau de réalisme voulu par Rockstar.
Dans une autre scène, un PNJ parle de façon très dynamique, bouteille de bière décapsulée à la main. Et là encore, la magie opère : le liquide mousse, puis déborde naturellement de la bouteille, réagissant aux gestes brusques du personnage. On n’est plus simplement dans l’animation — on est dans la simulation physique pure, appliquée à un objet du quotidien. Une démonstration technique discrète, mais incroyablement éloquente. Ce sont des scènes comme celles-ci qui font de GTA VI un projet à part. Des scènes qui, derrière leur banalité apparente, témoignent d’un soin maniaque du détail visuel et comportemental. Je vous le dis, on n’est pas prêt…
En conclusion, avec ce deuxième trailer de GTA VI, on n’a encore rien vu, mais pourtant, c’est déjà beaucoup. Rockstar nous livre une ambiance, une promesse, et surtout une démonstration de force : Rockstar est encore et toujours au sommet. Tout dans ce trailer transpire l’exigence, la maîtrise et le sens du spectacle. De Jason à Lucia, des PNJ aux tatouages, des détails de pilosité jusqu’à la bière, chaque élément est pensé, intégré, et mis en scène avec une précision chirurgicale. Rockstar ne se contente pas de créer un monde ouvert : ils créent un monde crédible, cohérent, vivant. Et c’est bien pour ça que, 12 ans après GTA V, l’attente autour de GTA VI atteint des sommets inédits. Oui, GTA 6 ne sort pas avant Mai 2026, mais l’histoire, elle, a déjà commencé.