Première chose à mettre au point avant de partir dans notre argumentaire : cette édition PC de Red Dead Redemption n'est en aucun cas une version remasterisée, mais bel et bien un portage. C'est le studio Double Eleven, entreprise fondée par des anciens de Rockstar Games, qui se sont occupés d'optimiser le jeu comme il se doit et le résultat est tout simplement impeccable. A l'image de ce qu'ils avaient fait l'an passé avec la version Nintendo Switch, le studio Double Eleven a su utiliser les technologies mises à disposition pour sublimer le jeu. Résolution en 4K native pouvant tourner jusqu'à 144 Hz, mise à l’échelle du DLSS 3.7 de NVIDIA et du FSR 3.0 d’AMD, génération d’images DLSS de NVIDIA, la possibilité de régler la distance d’affichage, de gérer la qualité des ombres, d'activer ou non le HDR10 et la possibilité d’utiliser des écrans ultra-larges (21:9) et super ultra-larges (32:9), rien n'a été oublié. Et bien sûr, PC oblige, cette version de Red Dead Redemption prend en charge l'utilisation du clavier et de la souris, qui va quelque peu chambouler le gameplay du jeu. Le titre de Rockstar Games ayant été pensé à la manette, l’utilisation du clavier et de la souris rend les fusillades chirurgicales, si bien que le Dead Eye n'a plus vraiment d'intérêt, lui qui était là pour ralentir le temps et permettre au joueur de viser juste. Ce qu'on gagne en fluidité dans les commandes, on le perd en revanche dans certaines actions, comme monter ou descendre de son cheval, où la rigidité de certains mouvements (nous étions en 2010 hein) risque d'en énerver plus d'un. En revanche, et c'est fort regrettable, aucune possibilité d'afficher du ray tracing dans cette version PC, qui aurait pu être encore plus sublimée... Dommage.
PC MASTER RACE
Passé ces quelques désagréments, on se lance à l'assaut de cette aventure où John Marston va aller dénicher un par un son ancienne bande, celle de Dutch van der linde, après les crasses qui ont été faites à Arthur Morgan dans Red Dead 2. Parce que pour les retardataires, Red Dead Redemption premier du nom est la suite chronologique de RDR 2. Mais on n'ira pas plus loin dans les explications narratives, sait-on jamais, il y a encore toujours des nouveaux venus qui ne sont pas au courant des événements. Sorti il y a déjà 14 ans, Red Dead affiche forcément des graphismes d'une autre époque, avec des modèles 3D qui ne sont plus vraiment à la pointe des canons du genre, mais les ajustements graphiques permettent de profiter d'un jeu qui possède encore un charme visuel fou. Oui, certaines textures accusent le poids des années, mais on reste assez stupéfait du rendu des visages et des animations qui sont encore très propres aujourd'hui. En fait, la grande innovation visuelle de cette version PC de Red Dead Redemption se situe avant tout dans l'éclairage et la notion de jeux de lumière.
Evidemment, en plus de la qualité du portage, c'est toute une nostalgie qu'on retrouve en jouant au premier Red Dead Redemption six ans après un deuxième épisode qui est entré dans l'Histoire avec un H majuscule. Cela permet évidemment de raccrocher les wagons scénaristiquement parlant, de retrouver un John Marston désormais seul, mais habité par une soif de vengeance qu'on comprend bien mieux aujourd'hui, tandis que le sacrifice de certains membres du gag Van der Linde est encore plus un crève-coeur (ou mérité, c'est selon) quand on sait ce qui s'est passé dans Red Dead Redemption 2. On était déjà assez persuadé, mais on a profité de notre nouveau run sur le jeu pour essayer de trouver des indices sur l'existence d'Arthur Morgan, mais rien... Le personnage a bel et bien été inventé de toutes pièces pour les besoins de la suite-préquelle, mais sa philosophie a quand même déteint sur la personnalité de Marston. Evidemment, jouer au premier Red Dead 6 ans après un Red Dead Redemption 2 qui reste visuellement intestable, c'est aussi faire un bon de 14 ans dans le passé. Alors certes, face à certains titres qui sortent cassés ou désuets en 2024, le titre de Rockstar Games reste exemplaire, notamment dans son ambiance, sa narration, son sens du détail permanent et ses missions absolument esquises, mais il faut reconnaître que certains aspects du jeu ont quand même pas mal vieilli. On pense à certaines animations comme la course et le saut de John qui jurent un peu, mais le jeu possède d'autres qualités (l'animation des chevaux par exemple, la richesse des environnement, le souci du détail, l'ambiance globale), toujours impeccables aujourd'hui qu'on est prêt à fermer les yeux.
OLD BUT GOLD
D'aucuns seront ravis de retrouver les vitesses d'animation du jeu, loin du gameplay lourd et tank du deuxième épisode (qui est pourtant l'une des ses grandes forces), en totale osmose avec le côté ultra réaliste que Rockstar Games a volontairement insufflé au jeu. De fait, les gunfights paraissent évidemment plus souples, plus réactives aussi, mais aussi plus "jeu vidéo" quelque part. On rappelle d'ailleurs que l'efficacité des armes repose sur des critères précis, comme la cadence de tir, la puissance ou bien encore le temps de rechargement. La capacité du chargeur peut également s'avérer cruciale au moment de faire appel au Sang Froid (ou Dead Eye) de John Marston. D'ailleurs, ça n'a pas changé, mais le point fort du titre reste incontestablement sa capacité à proposer une richesse dans les tâches à accomplir. Non, on ne parle pas forcément des parties de poker, du lancer de fer à cheval, du jeu du couteau, des duels à l'ancienne à la sauce Dead Eye, ou bien encore du concours du bras de fer ; on pense plutôt à toutes ces missions annexes qui renforcent l'immersion et étoffent le contenu de Red Dead Redemption. Cela permet non seulement de se remplir les poches, mais aussi de soigner la "Réputation" et "l'Honneur" de John Marston, deux jauges qui définissent l'orientation prise par le héros au cours de l'aventure. De toutes les façons, on ne va pas vous refaire le test du jeu de 2010, le contenu étant identique, mais retenir une fois encore que Double Eleven a abattu le travail nécessaire pour que cette édition PC soit la superior version. Et c'est le cas.
MONSTRES & CIE
Sur la dizaine de Go que pèse le jeu sur PC, il faut aussi prendre en compte le DLC "Undead Nightmare", sorti 6 mois plus tard à l'époque. Une façon comme une autre de prolonger l'expérience du jeu, en retrouvant le cadavre putréfié de John Marston. Beaucoup avaient espéré jouer avec le fils de ce dernier, mais c'est bel et bien notre cow-boy en version mort-vivant qu'on retrouvait dans une aventure inédite. C’est en effet dans un univers totalement inédit et décalé qu'on nous proposait de découvrir avec Undead Nightmare. Si les environnements restent les mêmes, on se surprend à les apprécier de manière différente. Les villes sont pour la plupart du temps déserts et le brouhaha ambiant a laissé place à un silence de mort quand ce ne sont pas des hurlements qui viennent perturber ces instants de solitude. Ce DLC permettait donc de prolonger l'histoire d'une dizaine d'heures de jeu supplémentaires et le plaisir de retrouver ce monde surréaliste était d'ailleurs le petit bonbon dont on avait oublié presque le goût. Un retour de 14 ans en arrière et un plaisir non dissimulé surtout.