God of War Ragnarök débute exactement comme on pouvait s'y attendre. On retrouve donc Kratos et Atreus, légèrement plus vieux, toujours en conflit avec les divinités de la mythologie nordique, à commencer par Freya, qui ne leur a pas pardonné le sort réservé à son fils Baldur. Dans ce contexte hostile, Atreus convainc son père de partir à la recherche de Tyr, un dieu ancien, seul capable de l'emporter face à Odin dans le combat final du Ragnarök. Bien entendu, cela n'est que le point de départ d'une odyssée autrement plus vaste, mais nous y reviendrons plus loin. Les premières heures ressemblent donc à un tuto géant dans lequel on réapprend les bases du gameplay, un peu surpris d'ailleurs que Kratos et Atreus aient perdu tout leur équipement et pouvoirs. Le jeu donnent une justification a cet état de fait, mais elle est tout de même assez légère, et vous arrachera sans doute un petit sourire narquois...
Très vite, quelques nouveautés apparaissent, comme la nouvelle utilisation des lames du Chaos. Les chaînes de ces dernières servent désormais de « grappin » pour se hisser ou descendre rapidement le long des parois, ou encore afin de se balancer à des points d'accroches. Elles permettent aussi de saisir des éléments du décor (colonnes de pierre, etc.) et de les faire bouger, débloquant ainsi un passage. On découvre aussi la possibilité de givrer la hache ou d'enflammer les lames, ce qui dans un premier temps sert plus à résoudre quelques énigmes (les fameuses geyser d'eau gelées aperçues dans le trailer) qu'à combattre. Et...c'est à peu près tout. Les 5/6 premières heures se déroulent donc sans réel émerveillement, et surtout sur le modèle du premier épisode. La construction est vraiment similaire, de même que les environnements visités. Le jeu débute au royaume de Midgard, certes transfiguré par un hiver rigoureux, mais que l'on connaissait déjà. Le second endroit dévoilé est nouveau, mais vous enferme assez vite dans des décors là aussi très proches du premier volet (vous comprendrez). A ce stade de l'aventure, le spectre du « God of War 1.5 » étend son ombre inquiétante... Et puis, soudainement le jeu décolle, montre enfin ce qu'il a réellement dans le ventre. A partir de là, l'ascension ne va plus s'arrêter.
UNE ENVOLÉE MAGIQUE
D'un point de vue scénaristique, l'aventure fait un brusque virage, et les enjeux et situations prennent de l'ampleur. On ne révélera pas ici de détails, mais comprenez bien une chose : God of War Ragnarök ne raconte pas seulement l'histoire de Kratos et son fils Atreus, c'est une véritable odyssée qui vous plonge au cœur de la mythologie nordique. Certains personnages du premier volet prennent une épaisseur folle et insoupçonnée, tandis que les nouvelles têtes ont également un destin passionnant, complexe, tout sauf manichéen. Et tout cela prend une envergure démentielle au fil des heures, rendant chaque nouvelle rencontre importante, chaque nouveau lieu incroyablement attractif. Côté gameplay, les choses s'améliorent aussi, passé le prologue. On découvre ainsi de nouvelles façons d'utiliser la hache, que ce soit pour le combat ou l'exploration, mais aussi des mécaniques inventives à base de réactions en chaîne, par exemple. Le plus intéressant, c'est que certaines aptitudes sont spécifiques à un seul royaume, et ne se retrouvent pas ailleurs, évitant ainsi l'écueil de la répétition ad nauseam.
De même, les nouveautés entraperçues au début du jeu (comme la fonction grappin des lames du chaos) prennent enfin tout leur sens. La capacité de traverser les décors très rapidement dynamise clairement l'exploration. En combat, les grappins ajoutent aussi de la verticalité, avec la nécessité de passer rapidement d'un « étage » à l'autre du décor pour traquer les ennemis, ou simplement s'offrir un court répit. L'interaction avec votre environnement est aussi plus poussée, avec la possibilité de saisir et d'envoyer sur vos ennemis des arbres, des rochers, des colonnes, etc. Vous pouvez également détruire certains éléments, pour déloger par exemple des monstres agrippés en hauteur. Tout cela donne une patate folle aux affrontements, qui se transforment en véritable chorégraphie meurtrière où l'on change d'armes et de techniques à la volée, en fonction de la situation. Pour qui maîtrise bien l'ensemble des moyens mis à disposition, c'est un régal. Petit bémol, cependant : comme dans le premier épisode, les coups portés avec les poings, pieds et et le bouclier restent de loin les plus efficaces pour sonner les adversaires rapidement, afin de les saisir (avec R3) pour leur asséner un coup fatal. On est donc tenté d'abuser de ces techniques, ce qui rend parfois les combats répétitifs. Le jeu a néanmoins une « parade » à ce comportement, avec la présence de certains adversaires « protégés », contre lesquels il faut impérativement utiliser le feu ou la glace. Reste que, de toutes façons, vu l'intensité des combats, on est contraints de donner tout ce qu'on a. Mais rappelez-vous quand même l'efficacité des frappes à mains nues, cela peut servir...
ENFIN DES BOSS !
Parlons bestiaire. Celui du premier volet avait été décrié pour son manque de variété, avec notamment des trolls en surnombre. Là encore, God of Ragnarök inquiète durant les premières heures de jeu, avec certes de nouveaux monstres, mais toujours cette sensation que certains reviennent trop souvent. Les choses s'améliorent fort heureusement par la suite, avec une quantité pharaonique de nouveaux ennemis, et un come-back des meilleures créatures du premier épisode. Mais surtout, cette suite propose enfin des combats de boss digne de ce noms. Vous vous rappelez du grand dragon dans le premier opus ? Sachez que ce n'est rien comparé aux monstres colossaux que vous allez croiser, soit au fil de l'aventure, soit dans des quêtes annexes. Il est d'ailleurs fortement conseillé de s'aventurer hors des sentiers battus, de rendre des services aux habitants des royaumes, car votre serviabilité sera récompensée. Certaines missions secondaires ouvrent carrément des pans entiers de chaque carte, où vous trouverez quantité d'énigmes à résoudre, d'objets ou de trésors à récolter. On peut ainsi passer des heures à « se perdre » dans les royaumes, pour accomplir ces quêtes certes annexes, mais très bien scénarisées dans l'ensemble (avec même parfois une petite morale à la clef). C'est aussi un bon moyen de faire monter en puissance vos personnages, de dénicher du nouvel équipement. L'aspect RPG reprend peu ou prou les composantes du premier volet, avec des compétences à débloquer, des runes à installer sur vos armes pour obtenir des pouvoirs spéciaux, des amulettes pour améliorer vos stats, etc. Au chapitre des nouveautés, on notera l'apparition de « pouvoirs » pour le bouclier, ou encore la possibilité de modifier certaines compétences. L'un dans l'autre, rien de transcendant, mais par contre attendez-vous à énormément d'aptitudes à débloquer... Même si, à bien y regarder, certaines sont nettement plus attrayantes que d'autres, si bien qu'on est tenté de les garder tout le long de l'aventure.
UNE MISE EN SCÈNE FOLLE
Visuellement, God of War Ragnarök est dans la droite lignée de son prédécesseur. Le jeu devant tourner à la fois sur PS4 et PS5, le gap technique n'est pas énorme, mais les graphismes demeurent toujours aussi attractifs. Surtout, les décors s'avèrent nettement plus variés et organiques. Vous traverserez ainsi des forêts, des déserts, des étendues enneigées, et aussi quantités d'intérieurs très détaillés. La vie est aussi beaucoup plus présente, avec de nombreuses bestioles qui vous observent ou se baladent ici et là. D'une certaine manière, le climat de chaque lieu est palpable, et le dépaysement garanti. Certes, on retrouve quand même pas mal d'endroits déjà visités dans le premier volet, mais ces derniers ont totalement changé d'apparence, comme le fameux lac des 9, désormais gelé, que l'on arpente à bord d'un traîneau. Les combats sont aussi l'occasion d'effets visuels somptueux qui emplissent l'écran, le tout sans le moindre ralentissement. Mais c'est surtout en terme de mise en scène que ce God of War Ragnarök impressionne, avec des expressions faciales vraiment très réalistes, qui retranscrivent parfaitement les émotions des personnages, et participent clairement à la crédibilité des scènes. Certains combats, notamment contre les boss, mettent aussi une tarte, tant la caméra virevolte pour mettre en valeur la férocité des affrontements.
Surtout, les décors s'avèrent nettement plus variés et organiques. Vous traverserez ainsi des forêts, des déserts, des étendues enneigées, et aussi quantités d'intérieurs très détaillés. La vie est aussi beaucoup plus présente, avec de nombreuses bestioles qui vous observent ou se baladent ici et là.
Les mises à mort brutales sont elles aussi spectaculaires, avec de nouvelles animations vraiment impressionnantes. Et comme son prédécesseur, God of War Ragnarök se déroule intégralement en plan séquence, sans coupe, ce qui est un véritable exploit compte tenu de la construction scénaristique. Bref c'est du très bon boulot visuel, épaulé par une bande-son toujours aussi épique et des doublages français convaincants, même si la VO sous-titrée reste plus aboutie (question de goût). Côté DualSense, les retours haptiques sont sollicités un peu partout, mais brillent surtout quand il s'agit de retranscrire la sensation de repousser l'eau quand on pagaie. La résistance des gâchettes à retour de force n'est pas trop sollicitée, sans doute pour éviter de fatiguer les doigts, vu que l'on passe son temps à appuyer sur ces boutons de tranche. Pas grand chose à reprocher au jeu sur le plan technique donc, si ce n'est un certain manque d'ergonomie des menus, toujours un peu confus et surchargé, au même titre que la carte, pas toujours très lisible. La commande pour faire un volte-face (très important en combat) est aussi attribué à deux combinaisons de touches peu pratiques et instinctives. Et même si l'on peut déporter le volte-face sur le pavé tactile, ce n'est pas la panacée non plus. Enfin, signalons la présence de quelques bugs dans cette version test, certains anecdotiques (sons manquants), d'autres plus handicapants (scripts qui ne se déclenche pas) et qui ont nécessité quelques redémarrage du jeu. Espérons que tout cela soit fixé avec un patch day one.