A en croire Grant Collier, CEO des studios Infinity Ward, le véritable Call of Duty 3 n’est autre que ce Modern Warfare et pas un autre. Visiblement envahi par quelques griefs, notre homme a par ailleurs rajouté lors de notre rencontre avec lui, que son FPS grand spectacle n’a pas sa place sur certaines consoles portables, incapables de restituer l’enfer de la guerre par des graphismes de bas étage. Portant son projet à cœur, Grant Collier et toute son équipe ont commencé le développement de Call of Duty 4 : Modern Warfare quelques semaines après la sortie de Call of Duty 2. Près de deux ans de production donc, où les envies et autres remises en question se sont succéder pour finalement aboutir à un changement total d’ambiance, quitte peut-être à prendre le public mais aussi l’éditeur à contre-pied. Lassés de cette sempiternelle Seconde Guerre Mondiale où chaque événement est désormais interprété comme une redite, les concepteurs ont opté pour un background, plus proche de nous, en phase avec la réalité. Dans Call of Duty 4 : Modern Warfare, l’ennemi est désormais d’origine terroriste.
L’autre guerre
S’il est évident que les joueurs n’achèteront pas Call of Duty 4 pour son scénario, Infinity Ward ne s’est pas seulement contenté de poser des batailles épiques les unes à la suite des autres sans la moindre réflexion. En effet, pouvoir se balader aux quatre coins du globe et incarner respectivement un Marine américain et un soldat britannique de la SAS, ne se fait pas sans un fil conducteur. Dangereux et déterminé, Zakhaev est un terroriste d’origine russe, qui a la ferme intention de faire de gros dégâts humains à travers le monde. En possession de plusieurs missiles nucléaires, notre homme s’apprête donc à montrer au monde occidental de quel bois il se chauffe. Copains comme cochons, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne envoient alors leurs meilleurs hommes pour contre-carrer les plans machiavéliques de fou furieux auquel il manque le bras gauche. C’est donc à travers les yeux d’un Marine américain et d’un soldat du SAS anglais que le joueur traversera les 21 missions qui composent le jeu. Celles-ci sont découpées en un prologue, trois actes et un épilogue final particulièrement réussi. Grâce à son changement d’ambiance et d’univers, Call of Duty 4 : Modern Warfare ne se limite plus à quelques rafales de Thompson ou de vieux coups de baïonnettes. Ici, la technologie est au service de l’armée et désormais les armes sont capables de tirer plusieurs dizaines de balles à la seconde.
A l’instar des précédents épisodes, le joueur s’engage dans la bataille en compagnie de nombreux coéquipiers. Alors que certains FPS misent sur la gestion de ces camarades de guerre, Call of Duty 4 ne s’embête pas de ces éléments perturbateurs et préfère focaliser l’attention du joueur sur l’action. Car on a beau baigner dans un univers contemporain et nouveau pour la franchise, Call of Duty 4 : Modern Warfare ne renie en rien ses origines, bien au contraire. Infinity Ward a même poussé le vice encore plus loin, en rajoutant des séquences de transition, peut-être jouables de manière très passive, mais qui permettent de se plonger encore plus dans l’ambiance dramatique des événements. On retiendra tout particulièrement la scène du coup d’état où Al-Asad, un terroriste arabe, tue froidement un Président devant des caméras de télévision pour montrer l’exemple. Dans la peau de la victime, le joueur est alors traîné sur plusieurs kilomètres à bord d’un véhicule avant de se faire exécuter froidement sur la place publique, sans jamais pouvoir se défendre. Des séquences comme celle-ci, Call of Duty 4 en regorge, si bien que la dimension cinématographique et grand spectacle de la série ne fait que croître davantage. Tout simplement grisant.
Based on a true story
Jouant la carte du script à fond les ballons, Call of Duty 4 : Modern Warfare parvient néanmoins à aérer son gameplay grâce à des maps beaucoup moins dirigistes que par le passé. S’il s’agit toujours de suivre les ordres de son supérieur, le capitaine Price, il arrive à de nombreuses reprises de devoir prendre des décisions de son plein gré. C’est en effet souvent le cas lors des prises d’assaut ou des batailles croisées où compter simplement sur ces coéquipiers ne suffit pas pour faire reculer l’ennemi. Dans ce capharnaüm visuel et sonore, il est souvent nécessaire de prendre les devants en pénétrant dans un immeuble, prenant l’ennemi sur les flancs ou alors battre en retraire pour ne pas finir trop vite à la morgue. Si l’intelligence artificielle n’est pas forcément le point fort du titre, quoiqu’elle parvient de temps en temps à nous surprendre, le nombre parfois hallucinant d’ennemis à l’écran nous oblige souvent à reprendre la partie depuis le dernier checkpoint. Que les affamés de la gâchette se rassurent, la difficulté est présente, d’autant que d’autres éléments extérieurs aux tirs ennemis, viennent aussi participer à la descente aux enfers. Il n’est pas rare par exemple de croiser le chemin de Dobermann ou de Bergers Allemands à l’apparence sympathique, mais qu’il faudra abattre pour ne pas finir en os à ronger. Ces confrontations avec ces ennemis canins permettent d’avoir droit à quelques séquences en QTE où il faudra appuyer sur la bonne touche au bon moment pour leur infliger des coups de couteau, ou alors leur tordre le cou.
Si le mode solo de Call of Duty 4 se clôture en l’espace de six heures à tout casser, il n’en demeure pas moins que l’expérience de jeu reste intense du début à la fin. Mieux, le jeu s’offre en sus quelques passages anthologiques qui resteront gravés dans les mémoires, comme ce fameux flashback où le joueur est propulsé 15 ans en arrière dans la peau du capitaine Price, en pleine ville de Pripyat, située à quelques kilomètres de la centrale de Tchernobyl. Outre un gameplay basé sur l’infiltration, qui permet de trancher avec les batailles épiques du reste du jeu, un travail exceptionnel a été réalisé au niveau de l’ambiance, mais aussi de la mise en scène. La fidélité des environnements fait également partie des éléments-clefs qui participent à crédibiliser davantage ce niveau à forte dose d’adrénaline. L’excellent double français ne fait d’ailleurs que multiplier les qualités de ce Call of Duty 4 : Modern Warfare qui ne quitte jamais des yeux son principal leitmotiv : le spectacle. Misant sur le spectacle, Infinity Ward s’est donc arrangé pour ne jamais casser le rythme de l’aventure, si bien qu’on se retrouve à enchaîner les missions sans jamais se lasser, ni voir le temps passer. D’autant que les environnements et les situations sont d’une variété exemplaire. Car l’autre force et atout majeurs de Call of Duty 4 est bien évidemment sa réalisation époustouflante. Plus fin que Call of Duty 3, ce quatrième épisode se démarque surtout par des textures d’une grande richesse où chaque détail compte. A cela s’ajoute des effets de lumière et d’ombre, de flou artistique et de mise au point, de la pyrotechnie à tout va, des explosions par dizaines, une ambiance sonore qui force le respect et une animation encore plus améliorée, il y a de quoi rester scotché devant son téléviseur HD pour peu qu’on joue en 1080p.
Derrière les lignes ennemies
S’il y a de quoi sortir un peu frustré de la partie solo, à cause d’une durée de vie un peu trop courte, Infinity Ward a pensé à prolonger l’expérience à travers un mode multijoueur en béton armé. Déjà très réussi dans les précédents épisodes, le multi de Call of Duty 4 : Modern Warfare marque encore plus le coup en proposant des modes de jeux à la fois riches et intéressants. Jouable aussi bien en écran scindé, en LAN ou bien encore sur le Net, le multijoueur propose pas moins de 6 modes de jeu distincts. On retrouve quelques classiques tels que le "Deathmatch" (rebaptisé en "Mêlée générale"), le "Team Deatchmatch" et "Domination". Il y a également le mode Sabotage où le but est de récupérer le plus vite possible une bombe au milieu de la carte pour ensuite détruire l’objectif ennemi. Le mode "QG" n’a rien de nouveau non plus puisqu’il faut capturer le coeur du camp adverse et le défendre le plus longtemps face à l’ennemi. Reste enfin le mode "Recherche et Destruction" où il est question de défendre et détruire un objectif à tour de rôle en équipe. Comme dans les opus précédents, chaque joueur est libre de choisir la classe de son personnage, parmi les dix classes proposées.
Déjà bien fichu dans le mode solo, le level design des cartes en multi se montre lui aussi d’une grande ingéniosité, avec des recoins dans tous les sens, idéal pour les tireurs embusqués, et des clairières où il est possible de se donner rendez-vous pour se massacrer dans la joie et la bonne humeur. Bref, dans la catégorie FPS, seul le mode multi de Halo 3 parvient à jouer des coudes avec celui de Call of Duty 4, c’est dire !