Nous sommes le 23 mai 2025. Dans trois petites semaines, MindsEye débarquera sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series. Pour les néophytes, MindsEye, c’est ce que l’on pourrait appeler un GTA-like mâtiné de science-fiction, baignant dans une esthétique futuriste. Une ambition démesurée ? Peut-être. En tout cas, pas si étonnante lorsqu’on découvre que derrière ce projet se cache Leslie Benzies – oui, le Leslie Benzies, ancien président de Rockstar North à Édimbourg et producteur historique de GTA III à GTA V. Depuis son départ en fanfare de chez Rockstar en 2015, il a fondé son propre studio, Build a Rocket Boy, toujours en Écosse. Et voici donc son premier jeu solo, loin de l’ombre tentaculaire des Houser Brothers. Aujourd’hui, j’ai mis la main sur 12 minutes de gameplay. Douze minutes pour tenter de comprendre ce que Benzies a dans le ventre, et surtout, ce que MindsEye a sous le capot. Alors on regarde ça, et on le dissèque ensemble – avec et sans commentaires.
RETOUR DU ROI, OU FAUX DÉPART ?
Présenté comme l’un des titres phares de cette année 2025, MindsEye cristallise beaucoup plus qu’un simple espoir vidéoludique : il incarne le come-back d’un homme-clé de l’âge d’or de Rockstar. Leslie Benzies, pour ceux qui dormaient au fond, c’est non seulement l’artisan majeur de l’ascension de GTA, mais aussi le père spirituel de GTA Online. Rien que ça. Sauf qu’en 2015, le conte de fées vire au règlement de comptes, et Benzies claque la porte après un divorce houleux avec les frères Houser. Depuis, chacun trace sa route : Dan Houser a fondé Absurd Ventures, et Benzies a planté son drapeau à quelques encablures de ses anciens bureaux, avec Build a Rocket Boy.
Il y a deux ans, j’avais eu l’occasion de visiter ses locaux – ambiance start-up, mais avec le marbre au sol. On m’avait présenté deux projets : la plateforme sociale Everywhere, depuis tombée dans un mutisme inquiétant, et ce fameux MindsEye, dont on va enfin parler sérieusement. Car jusqu’à présent, le jeu cultivait un silence quasi mystique. Un mois avant sa sortie, pas la moindre image de gameplay officielle. Pour beaucoup, ça sentait le pâté. Mais rappelons-le : Benzies a été élevé à l’école Rockstar, et chez Rockstar, on ne montre rien, on fait monter la sauce à feu doux.
LE RETOUR DU TPS EN PANTOUFLES
Mais venons-en au cœur du sujet : les fameuses 12 minutes de gameplay. Et disons-le d’emblée, si le jeu ne semble pas complètement à la ramasse, il ne donne pas non plus de frissons. Graphiquement ? Propre, sans plus. Pas de direction artistique tranchée, pas d’identité visuelle marquée – certains diront “générique”, et ils n’auront pas totalement tort. Le héros, Jacob Diaz, campé par Alex Hernandez (le Lincoln Clay de Mafia III), manque cruellement de présence. Il est là, il fait le taf, mais l’étincelle n’y est pas. Côté univers, MindsEye se déroule dans une Redrock City dystopique, désertique et ultra-connectée. Surveillance généralisée, mégacorporations, IA omnipotentes – le bingo du cyberpunk est complet. L’ambiance évoque un best-of des dystopies vues et revues. Mais là où le bât blesse, c’est sur le terrain du gameplay. Les phases d’action à la troisième personne semblent figées dans le temps. Les gunfights ? Fonctionnels, mais sans panache. Les systèmes de couverture ? Déjà vus mille fois. Les déplacements ? Plutôt rigides. Même le compagnon drone, censé apporter un soupçon de stratégie, se contente d’un rôle décoratif. Quant aux séquences de course-poursuite en bagnole, elles souffrent d’un manque cruel de tension. Visuellement, ça claque, mais manette en main, on sent le caoutchouc mou. Les voitures glissent comme dans Watch Dogs – et ce n’est pas un compliment.
CE N'EST PAS MAUVAIS, JUSTE BANAL
Alors oui, inutile de crier au naufrage. On n’est pas dans le désastre total, mais dans un classicisme un peu ronflant. Ce qui gêne, ce n’est pas tant la qualité d’exécution que le manque d’aspérités. Ce MindsEye, c’est comme un plat bien présenté, avec des ingrédients de qualité, mais sans véritable saveur. On attendait un festin, on a droit à une assiette correcte mais tiède. On est en 2025, et l’offre en jeux d’action/TPS a sacrément évolué. Arriver avec une proposition aussi convenue, aussi peu audacieuse, ça interroge. Cela dit, ce côté old school, presque dirigiste, pourrait aussi séduire une frange de joueurs lassés des mondes ouverts tentaculaires, trop exigeants, trop chronophages. Reste à savoir si MindsEye saura transcender sa recette un peu trop sage d’ici sa sortie, le 10 juin prochain. En attendant, je vous laisse découvrir les images. Faites-vous votre propre avis, mais gardez en tête que Leslie Benzies a peut-être encore quelques tours dans son sac. Ou pas.