Pour la plupart des trentenaires et des quadragénaires qui ont grandi dans les années 90 avec un goût certain pour la pop culture, Cary-Hiroyuki Tagawa restera pour toujours leur Shang Tsung à eux, le sorcier diabolique de Mortal Kombat (1995). Lui qui a rendu la réplique « Your soul is mine ! » culte nous a quitté à l'âge de 75 ans des suites d'un AVC. Mais réduire Cary-Hiroyuki Tagawa à Shang Tsung, ce serait passer à côté de toute l’étendue de sa carrière, d'autant qu'il fut un acteur qui a profondément influencé la manière dont Hollywood a représenté les visages, les récits et les antagonistes issus des cultures asiatiques pendant plus de quatre décennies.
Prolifique, immédiatement identifiable, souvent emblématique malgré des rôles parfois secondaires, Tagawa laisse derrière lui une filmographie qui témoigne autant de son talent que de l’évolution mouvementée de l’industrie. Dans un Hollywood des années 1990 encore frileux à l’idée d’utiliser des acteurs asiatiques pour des rôles centraux, Cary-Hiroyuki Tagawa a imposé sa silhouette, son regard et sa diction comme une signature. Il ne s’est pas contenté d’y jouer un méchant : il a incarné LA référence visuelle et sonore du personnage, au point d’être rappelé sur plusieurs supports (films, séries et jeux vidéo) jusqu’à Mortal Kombat 11 et Onslaught près de 30 ans plus tard. Peu d’acteurs associés à une adaptation vidéoludique peuvent revendiquer une telle longévité symbolique.
Diplômé de kendo et formé au karaté traditionnel, Cary-Hiroyuki Tagawa arrive au cinéma avec un bagage culturel et martial rare pour l’époque. Ses rôles dans Le Dernier Empereur, Soleil levant, Pearl Harbor ou encore Mémoire d’une Geisha ne doivent rien au hasard. En effet, Hollywood, en pleine quête de représentations asiatiques mais encore englué dans les stéréotypes, trouvait en lui un acteur capable de naviguer entre deux cultures. Avec plus de 150 projets au compteur, Cary-Hiroyuki Tagawa symbolise le parcours d’un acteur ayant travaillé dans un système qui ne lui a pas toujours fait de place, mais qu’il a su façonner malgré tout. À l’heure où Hollywood cherche enfin à diversifier ses représentations, Cary-Hiroyuki Tagawa apparaît rétrospectivement comme un pionnier : un acteur qui a ouvert des portes sans bruit, par la seule force de son charisme et de son sérieux.
Il laisse derrière lui trois enfants et deux petits-enfants, ainsi qu’un héritage cinématographique impossible à réduire à un seul rôle, mais que beaucoup résumeront, avec affection, par une simple phrase : « Your soul is mine. »

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