Evidemment, le contrôle de cet éditeur de jeux mobiles est un objectif clé pour Vivendi, puisque Gameloft et ses 21 millions de joueurs actifs est le second plus gros éditeur de jeux mobiles au monde. De plus, l'une des forces de l'éditeur est de disposer d'un algorithme de ciblage qui permet d'analyser la clientèle avec une grande précision. Vincent Bolloré, qui est aussi patron du publicitaire Havas, ne pouvait pas laisser passer une occasion pareille. Le prix d'achat de Gameloft – près de deux fois supérieur à sa valeur boursière – témoigne de son importance pour la stratégie de Vivendi.

Cette stratégie centrée sur les jeux vidéo est relativement récente, et découle de l'arrivée de Vincent Bolloré à la présidence du conseil de surveillance il y a deux ans. En effet, on se rappelle qu'en 2013, Vivendi avait liquidé toutes ses participations dans le géant Activision-Blizzard, mais c'était alors sous la présidence de Jean-René Fourtou. Bref, un nouveau patron et une nouvelle stratégie pour l'entreprise qui ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Le risque principal pris par Bolloré est finalement de voir la plupart des créatifs quitter le navire s'ils ne sont pas d'accord avec les nouvelles méthodes managériales. Cela avait d'ailleurs été le cas lors du rachat d'Activision-Blizzard, où Massive Entertainment (The Division) avait trouvé refuge chez Ubisoft.
Pour tenter de désamorçer ce problème, le directoire de Vivendi a envoyé hier une lettre aux employés de Gameloft, dans laquelle ces fameux créatifs sont brossés dans le sens du poil. Afin d'apaiser les craintes, le groupe souligne d'ailleurs qu'après le rachat d'EMI Recorded Music, "l'immense majorité" des artistes sont restés fidèles à la maison de disques. La prochaine étape est donc clairement la prise de contrôle d'Ubisoft, bien que le prix très élevé payé pour Gameloft, et les bons résultats financiers de l'éditeur de Montreuil (dont l'action à presque doublé) puissent freiner les ardeurs des financiers de Vivendi.

