Treize ans après le mésestimé Tron Legacy, la franchise refait surface, armée cette fois-ci de Jared Leto, Greta Lee, Jodie Turner-Smith, Peter Evans et Gillian Anderson. Pour ce troisième épisode baptisé Tron Ares, Disney nous propose de retourner dans le "grid", sauf que derrière les reflets rouges et les combinaisons luminescentes, le film cherche surtout à redonner une âme à la machine. Nous avons eu l'opportunité de rencontrer les acteurs et le réalisateur Joachim Rønning lors de leur venue à Paris il y a une quinzaine de jours. L'occasion de leur poser plein de questions autour du film, mais aussi de l'I.A. qui est de loin le sujet le plus brûlant de ce XXIè siècle. D'ailleurs, dès les premières secondes de l’interview, on a décidé de challenger Jared Leto sur son personnage, un programme IA qui va arriver dans le 'real world' et découvrir le monde des humains et des émotions.
« Un programme ne meurt pas, c'est éternel et vous, physiquement, vous paraissez encore très jeune, le temps n'a pas d'emprise sur vous ». Leto sourit, presque conscient du clin d’œil cosmique, lui qui ne semble jamais vieillir incarne un programme qui découvre la vie. Parfaitement logique. Tron a toujours été une affaire de miroirs : l’humain face à son double numérique, le joueur avalé par son propre jeu et Jared Leto en prolonge l’idée. Il cite Starman de Jeff Bridges, parle de conscience, de renaissance, de reboot. Quant à Greta Lee, elle regarde autour d’elle comme une passagère égarée dans un vaisseau de lumière. « Je n’ai jamais fait de science-fiction, jamais d’action », dit-elle. Et c’est précisément pour ça que sa présence intrigue au casting, mais qui est en réalité parfaitemet logique. Venue du cinéma intimiste (Past Lives), elle débarque dans une mythologie de pixels et surtout un blockbuster signé Disney. Son émotion brute devient le cœur battant du film, celui que Leto décrit comme indispensable : « Les films comme celui-ci ont besoin d’un cœur qui bat. » Derrière les effets, la promesse est simple : ramener de l’humain dans le code.
Le réalisateur Joachim Rønning parle en revanche d’héritage. Comment faire un nouveau Tron sans trahir Tron ? En ouvrant la grille. Faire sortir le virtuel dans le réel, voir un light-cycle foncer dans une vraie ville, confronter le fantasme des années 80 à la matérialité de 2025. Avec Jeff Cronenweth à la photo (The Social Network) et le designer Darren Gilford, Joachim Rønning revisite la vision de Syd Mead. Même ADN visuel, mais un autre monde : celui où nos IA ont déjà quitté l’écran pour se déverser dans le nôtre. Pour Jodie Turner-Smith, elle rit quand on évoque son look. « Enfin quelqu’un me parle de mes cheveux », dit-elle. Son personnage, Athena, n’a pas de sourcils, idée qu’elle a eue elle-même, symbole d’un être à mi-chemin entre la perfection synthétique et la faille humaine. Au fil du film, son maquillage s’intensifie, détail visuel qui traduit le chaos intérieur d’une conscience artificielle en mutation. Et puis il y a la musique et quand on sait que Jared Leto est également un musicien et un chanteur et que son groupe 30 Seconds to Mars fait trembler les foules, il était normal de lui poser cette question : « Et si 30 Seconds to Mars avait fait la BO ? » Mais c’est Nine Inch Nails qui signe le score et Trent Reznor et AtticusRoss, les maîtres du bruit émotionnel et du synthétique qui saigne, livrent une belle partition musicale à ce Tron Ares.
Et bien sûr, comment ne pas évoquer le jeu vidéo quand on parle de Tron. Jodie Turner-Smith cite Duck Hunt, le Snake de son ancien 3310, tandis que Greta Lee se rappelle de Mario Kart, de Super Mario Bros, mais aussi évoque Minecraft, un jeu qu'elle trouve intéressant pour ses enfants, car il apporte une notion sociale. Mais trêve de blabla, on vous laisse en compagnie de ces comédiens et metteur en scène avec notre vidéo.