Parmi les très gros projets de Microids, il y a évidemment Goldorak, Flashback 2, Cobra (dont on ne sait rien encore pour le moment) et le grand retour de Tintin. Pour convaincre TintinImaginatio de leur faire confiance, l’éditeur français a fait appel au studio espagnol Pendulo Studios, des grands spécialistes du point & click avec lesquels ils ont déjà fait Blacksad ou bien encore le récent Vertigo, adapté librement de l’œuvre d’Alfred Hitcock. On leur doit évidemment la grande série Runaway, et petit aveu, on ne cracherait pas sur le retour de cette licence avec laquelle on a passé de bons moments il y a une dizaine d’années. En attendant, c’est sur le projet Tintin que les développeurs espagnols ont travaillé ces deux dernières années, avec cette envie d’adapter la BD Les Cigares du Pharaon. Un choix qui a été fait d’un commun accord entre TintinImaginatio et Microids, considérant qu’il s’agit d’un épisode clef et ce pour plusieurs raisons.
La première, c’est pour la variété de ses environnements, puisque Tintin visite plusieurs pays, et ça, pour un jeu vidéo, c’est une véritable aubaine pour proposer des décors différents. Ensuite, c’est également dans Les Cigares du Pharaon que Tintin fait la connaissance de protagonistes majeurs. Dupont et Dupond bien sûr, mais aussi Roberto Rastapopoulos, qui deviendra l’un des ennemis principaux de notre reporter. C’est également dans cette bande dessinée que Tintin se révèle être le journaliste d’investigation qui donnera un sens à ses aventures et fera de lui le personnage aventurier qu’on connaît. Enfin, on rappelle aussi que Les Cigares du Pharaon forme un dyptique avec Le Lotus Bleu, qui est sa suite et dont le développement est déjà en cours, propos relayé par Stéphane Longeard, PDG de Microids, qui a aussi révélé que le montant de production du jeu Les Cigares du Pharaon avoisinait les 7 millions d’euros. Pour nous convaincre que cette co-production entre Microids et TintinImaginatio peut faire des étincelles, l’éditeur français nous a conviés à un événement pour tester le jeu sur trois niveaux différents. L’occasion d’avoir un bel aperçu des possibilités de gameplay qui s’inspire de plusieurs genres bien connus du jeu vidéo.
"ALLEZ HOP, ON Y VA, EN ROUTE POUR L'AVENTURE..."
La première séquence se déroule sur le paquebot MS Époméo où Tintin croise la route de Philémon Siclone qui tente de rattraper un morceau de papier. Dans la bande dessinée, cette scène tient sur 8 cases seulement, mais dans le jeu vidéo, elle a évidemment été rallongée pour donner plus de consistance et élargir les possibilités. Microids et Pendulo Studios ont opté pour une séquence de course-poursuite avec ce papier volant à base de de Quick Time Events (QTE) qui rappelle évidemment les productions de Quantic Dream. A l’image des jeux de David Cage, il faut réaliser des manipulations sur la manette dans le bon timing pour réussir à franchir les obstacles. Appuyer sur le bon bouton au bon moment, s’amuser avec les sticks analogiques, l’heure où les QTE ont été plus ou moins proscrits du jeu vidéo, il y a en effet un côté nostalgique de retrouver ce gameplay un peu old school.
Pour Microids, proposer une telle jouabilité permet de poser l’ambiance du jeu, de rappeler que le jeu se veut avant tout très grand public, avec une cible enfant / familial qui ne s’en cache pas, mais aussi montrer les capacités visuelles du titre. Et il est vrai que tout de suite, le jeu surprend par ses graphismes, assez soignés il faut bien l’admettre dans surtout dans le ton de la bande dessinée. Alors certes, Tintin affiche un visage plus rondelet et donne vraiment l’impression de faire son âge (c’est-à-dire 15 ans), bien plus que dans la BD d’ailleurs, mais aussi de se dire que le moteur que Pendulo utilise pour chacun de ses jeux fonctionne plutôt bien. Visuellement, c’est assez séduisant, qu’il s’agisse des personnages comme des décors, même si la modélisation de Milou manque sensiblement de nuance, notamment au niveau de ses poils, qui sont en réalité un amas de textures un peu cheap.
CHARMEUR, SÉDUCTEUR, MAIS MINEUR
La deuxième séquence se déroule plusieurs chapitres après la scène d’ouverture, au moment où Tintin fait la découverte de sarcophages où résident toutes les personnes qui se sont approchées de l’affaire de la tombe de Kih-Oskh d’un peu trop près... On se retrouve alors avec un gameplay qui rappelle les jeux de Pendulo, avec ce besoin d’observer méticuleusement chaque objet et recoin du décor pour trouver la solution au puzzle imposé. Chaque indice doit être passé au peigne fin afin de comprendre qu’il faut par la suite reproduire le schéma sur le mur avec de véritables statues, et ainsi ouvrir un passage secret. Si l’on retrouve l’intrigue de la BD, ces séquences font aussi écho au célèbre dessin animé qu’on regardait sur France 3 quand on était plus jeune, avec ces moments où Tintin ne cesse de se parler pour impliquer le spectateur, et ici par conséquence le joueur. La mise en scène fonctionne, les énigmes ne sont pas trop alambiquées, le grand public devrait là aussi adhérer.
Quant à la troisième et dernière séquence, il s’agit d’un passage encore différent, puisqu’on se retrouve aux commandes d’un petit avion de tourisme. Comme dans la BD, Tintin tente de s’échapper de malfrats en Arabie Saoudite et là encore, de deux pages d’action, on se retrouve avec une séquence plus approfondie. C’est très dirigiste, avec un seul chemin à suivre et des obstacles à éviter, mais cela permet à nouveau de mettre en avant le rendu visuel très soigné du jeu, avec des effets qui rajoutent à l’intensité de l’action. Attention de ne pas faire dire ce que nous n’avons pas dit, car c’est dans l’ensemble assez basique dans le gameplay, mais l’exécution est plutôt bien réalisée.