Cinqante et une minute, c’est la durée de cet épisode 8, réalisé par Ali Abbasi, un cinéaste danois né en Iran, habitué plutôt aux films d’auteur qui parviennent d’ailleurs à se faire remarquer dans les différents festivals. La Berlinale, Copenhague et même Cannes en 2022, il a tapé dans l’œil de HBO qui lui a confié également la réalisation de l’excellent épisode 9 de The Last of Us, avec son intro choc et percutante, mais on en parlera en détails la semaine prochaine. Pour l’heure, revenons à notre centre d’intérêt avec cet épisode 8 centré sur deux personnages, celui de David, le chef d'un groupe de survivants qui vivent dans une espèce de petite bourgade qu’il dirige d’une main de fer, et James incarné dans la série par Troy Baker, l’acteur qui jouait Joel dans les jeux vidéo. Ça fait tellement bizarre d’ailleurs de le voir dans un rôle différent, celui de James, un mauvais quoi, d’autant que physiquement, le comédien s’est mis dans les bonnes conditions. Il est maigre, il a le regard fatigué et on sent que le froid est tout sauf synthétique. D’ailleurs, pour la petite histoire, la production a tourné dans des conditions réelles, dans le froid canadien et ça se voit sur le visage des acteurs. Regardez bien les joues d’Ellie qui sont rouges, frappées par le froid, tout comme celle de Troy Baker, ou bien encore les oreilles et le nez de l’acteur Scott Sheperd, qui interprète David. C’est tout sauf du fake et d’ailleurs, dans les décors, on ressent l’authenticité de la neige et de ce froid polaire.
Autre détail appréciable : ce sont les acteurs qui ont été choisis pour représenter le clan de David, ils ont vraiment le physique qui va avec le monde post-apo, ce qui n’était pas forcément le cas avec d’autres personnages des précédents épisodes. Regardez bien, tout le monde est maigre, fatigué, exténué, mal habillé, mal coiffé et donne parfois le sentiment d’être malade, ça colle bien avec ce statut de groupe cannibale, qui bouffe de la chair humaine pour survivre… Quant au personnage de David que je viens d’évoquer, sachez qu’il peut être considéré comme un gourou, une sorte de prophète qui guide ces gens désespérés qui n’ont plus que la foi et la religion où se réfugier. C’est d’ailleurs un aspect intéressant qui est développé dans la série et qu’on n’a pas eu dans le jeu vidéo. Et le choix de l’acteur Scott Sheperd est plus que pertinent, parce que physiquement, il incarne à la fois la quiétude et la confiance, comme le mal et la perversité. Son jeu permet d’ailleurs de passer par ces deux aspects très intéressants du personnage. Pour info d’ailleurs, Scott Sheperd, on l’avait vu dans le Jason Bourne de 2016 (avec Vincent Cassel en méchant) ou X-Men Dark Phoenix en Dr John Grey. Dans le jeu vidéo, c’était l’acteur Nolan North qui incarnait David, un rôle à contre-courant que Neil Druckmann lui avait offert, lui qui avait toujours joué le Nathan Drake d’Uncharted.
Comme dit plus haut, cet épisode 8 reprend énormément de passages du jeu vidéo, à commencer par la rencontre, alors qu’Ellie était partie chasser le cerf. De la même manière, David va tenter d’amadouer Ellie en tentant de la rassurer, lui prouver qu’il ne lui veut aucun mal, lui proposer même de faire partie de son clan, alors qu’en vérité, il n’a qu’une chose en tête : retrouver l’assassin d’un de ses hommes. La séquence près du feu où ils se réchauffent en attendant le retour de James est lui aussi identique au jeu vidéo, avec les mêmes dialogues, comme cette phrase culte : rien n’arrive par hasard… De même, lorsque nous vous disions que cet épisode 8 va permettre de retrouver le véritable Joel, c’était une double-lecture, parce qu’en plus d’avoir l’acteur Troy Baker dans la série, c’est aussi le retour du Joel version Pedro Pascal qui fait son grand come-back, après avoir passé un épisode 7 complet allongé sur un lit, surtout que l’épisode était focalisé sur le passé d’Ellie. Donc là, par la force des choses, en raison de la menace de ce groupe de cannibales qui viennent pour se venger, Joel est obligé de sortir de son « coma » pour se défendre et ensuite partir à la recherche d’Ellie qui s’est faite capturer par David et ses hommes. Et c’est là qu’on va retrouver le Joel violent, sans concession des premiers épisodes. Peu importe que son ennemi lui ait révélé de bonnes informations, Joel va tuer, comme une bête, lui aussi porté par la rage de retrouver Ellie vivante.
La scène de torture est d’ailleurs identique à celle du jeu vidéo, avec ce coup de couteau planté dans le genou, le fait que le prisonnier pointe le village sur une map et qu’il se fasse quand même exécuter salement. L’autre qui est attaché au fond de la pièce va lui aussi paniquer et rappeler à Pedro Pascal que son camarade lui avait dit la vérité. Pas assez pour qu’ils restent tous les deux vivants. Du coup, barre de fer sur le crâne et fade au noir, comme dans le jeu vidéo. Donc pas la peine de tir qu’on ne voit pas la tête explosée, ce n’est pas le but et dans le jeu vidéo, c’est idem. On va retrouver ensuite Ellie, mise dans une grande cage, la même qui servait sans doute à placer les personnes que David choisissait pour abattre et les découper en morceaux pour en faire un bon ragoût. Là où l’épisode 8 va légèrement différer par rapport au jeu vidéo, c’est-à-dire le matériau d’origine, c’est l’absence de James en train de découper un corps au moment où Ellie se réveille. A la place, on a le droit à une oreille qui traine au sol et qui permet à Ellie de comprendre qu’elle a été capturée chez des cannibales. D’ailleurs, la scène au début de l’épisode où l’on se rend compte qu’ils ont pris le corps du père fraîchement décédé est assez forte, avec cette viande si rouge qui va permettre à tout un groupe de continuer à manger. En vrai, dans un monde post-apo comme celui de The Last of Us, ça se défend de manger son prochain en vrai… D’ailleurs, la scène où ils mangent tous ensemble, certains avec entrain et dans laquelle on n’entend plus que les couverts qui s’entrechoquent, l'effet est total !
Pour le reste, on est vraiment extrêmement proche du jeu vidéo, même la scène finale où Ellie essaie de fuir David alors qu’ils sont enfermés dans la grande salle à manger qui prend feu est videogame accurate. Avec ce David qui cherche Ellie en l’appelant par son nom d’un ton pervers, jusqu’au moment où elle parvient à lui planter son couteau au niveau de l’abdomen, c’est tout pareil. La série va néanmoins rajouter un petit détail un peu plus sordide qu’on ne trouvait pas dans le jeu, le fait que David, en plus d’être cannibale, est aussi, pardonnez-moi le vocabulaire d’avance un putain de pédophile, puisqu’elle profite de la situation pour tenter de violer Ellie. Du coup, la haine qui se dégage d’Ellie quand elle le massacre à coup de machette a une résonance encore plus forte. Comme dans le jeu, la caméra reste fixée à Ellie qui lui assène des coups de machette d’une violence inouïe, renforcée par des gouttes de sang qui viennent tâcher l’écran, et cet effet de blur qui s’accentue. C’est très fort. Bella Ramsey est incroyable dans son acting à ce moment précis, tout comme lorsqu’elle sort de la salle, exténuée, le regard perdu pour ensuite retrouver Joel en état de choc. Et puis boum, fin de l’épisode, on laisse le spectateur lui aussi abasourdi par ce qu’on vient de voir. Un épisode 8 qui va donc mettre tout le monde d’accord, mais sachez qu'il y a encore mieux avec le 9ème et dernier épisode la semaine prochaine. Ce sera le plus court, 43 min, mais le meilleur et le plus intense. Soyez prêt et à la semaine prochaine.