Nintendo Switch Sports nous propose six activités différentes : le volley-ball, le badminton, le bowling, le football, le chambara (combat au sabre) et le tennis. Un joueur mal informé pourrait considérer que le menu est particulièrement copieux, et s'estimer chanceux de pouvoir acquérir six jeux pour le prix d'un. Mais en réalité nous avons plutôt affaire à un party game sportif limité à seulement six mini-jeux, ce qui est tout de suite beaucoup moins enthousiasmant. C'est toujours mieux que les cinq choix de l'ancêtre Wii Sports, mais il n'y a tout de même pas de quoi sauter au plafond. Soyez également prévenus que vos manette Pro vont devoir rester au placard. Switch Sports se joue impérativement avec les Joy-Con détachés, la reconnaissance de mouvements étant le seul type de contrôle supporté. Si cette radicalité pourrait être catastrophique dans un autre type de jeu, elle passe ici très bien. Les six activités sont surtout un prétexte pour s'amuser et bouger un peu devant son écran, et cet aspect "motion gaming" est plutôt réussi dans l'ensemble. La précision du positionnement des sabres du chambara est par exemple assez impressionnante, tandis que réceptions, passes, contres et smashs s'effectuent sans trop de mal au volley-ball. Dans tous les cas, la simplicité et l'accessibilité sont systématiquement au rendez-vous. Quelques petits, rapides et efficaces didacticiels sont présents pour expliquer les rares subtilités, tandis que l'intuition suffit par exemple pour taper correctement avec la raquette de tennis ou de badminton. Le football est symptomatique de cette philosophie grand public, puisqu'il se joue avec un ballon géant et délaisse donc le réalisme pour se rapprocher plutôt de l'esprit Rocket League. Le bowling a quant à lui le bon goût de se décliner en deux variantes, la spéciale se démarquant de la classique par la présence de petits obstacles sur la piste. Enfin, le tennis constitue certainement l'activité la plus plaisante malgré son classicisme. Nous avons par exemple particulièrement apprécié la possibilité de laisser le contrôle simultané du joueur au filet et de celui en fond de court à un seul joueur. Il faut dire qu'au tennis, comme au volley-ball et au badminton, tous les déplacements sont automatisés.
LA BEAUTÉ SANS CHARISME
Le choix entre les différents mini-jeux, totalement déconnectés les uns des autres, s'effectue sur un écran nous présentant le quartier Spocco Square. Urbain et végétalisé, cet environnement donne le ton pour tout ce qui concerne les graphismes. Très propres, ces derniers proposent des terrains de jeu détaillés, quelques reflets convaincants, et ne souffrent quasiment pas d'aliasing, contrairement à bien d'autres jeux Switch. L'autre bonne nouvelle visuelle concerne l'abandon des Mii d'antan. Ces affreux bonshommes sont remplacés par des avatars cartoon bien plus crédibles et plaisants. Que les nostalgiques et les masochistes se rassurent, ils pourront tout de même remplacer le visage de leur sportif par une tête de Mii s'ils le souhaitent. Si l'enrobage graphique ne manque pas de qualités, il faut tout de même reconnaître que la direction artistique très lisse (au propre comme au figuré) manque un peu de personnalité. On sent que Nintendo a cherché avant tout à plaire à tout le monde, ou plus exactement à ne déplaire à personne. Heureusement, il est possible de débloquer de nombreux accessoires et tenues afin de donner un peu plus de caractère à nos personnages. Les éléments de personnalisation regroupent différents smileys, stickers, coiffures, maquillages, ballons, raquettes, casquettes, vêtements féminins ou masculins, et "mots" permettant de créer un titre pour notre avatar (qui se voit affublé par défaut d'un triste "débutant"). En ligne, certains joueurs s'amusent d'ailleurs à détourner ce système pour afficher des pseudos très incorrects...
INTERDIT AUX JOUEURS SANS AMI
Pour autant, il n'est pas conseillé de déserter les serveurs pour se réfugier sur le jeu local, car deux pans importants de l'expérience ne sont disponibles qu'online. Il s'agit avant tout des éléments de personnalisation que nous venons d'évoquer. Ils sont regroupés en différentes collections, accessibles uniquement grâce aux points remportés dans les matchs en ligne et renouvelées régulièrement. Les joueurs déconnectés devront donc se contenter des maigres accessoires de base. Ils seront également privés des ligues Pro, ce qui est déjà nettement plus compréhensible puisque ce système de ranking permet de progresser dans un classement mondial. Il est en revanche permis de s'amuser jusqu'à quatre en local, alors que le jeu en ligne est limité à deux participants. Et si les joueurs solitaires pourront toujours affronter des adversaires dirigés par l'IA, absolument rien d'autre n'est prévu pour eux. Ni les jeux de sport ni les party games ne leur sont vraiment destinés à la base, certes, mais nous n'aurions pas craché sur une petite aventure nous permettant de tester les différents activités dans un contexte légèrement scénarisé. La prise de risques, l'audace et la générosité ne sont donc pas vraiment les points forts de Nintendo Switch Sports, qui remplit en revanche parfaitement son contrat en matière de fun immédiat et de motion gaming efficace.