Dès le lancement, le titre révèle en effet une certaine dimension éducative puisqu'il semble suivre scrupuleusement la vie officielle de Jésus Christ, et affiche très régulièrement des citations tirées de la Bible. C'est donc accompagné de fiches estampillées Luc 11:9 et autres Marc 1:4 que l'on effectue nos premiers pas dans la peau du fils de Dieu. Les différents chapitres actuellement accessibles nous demandent entre autres de trouver le prophète Jean le Baptiste dans la ville de Nazareth, de nous faire baptiser par lui, de survivre à la tentation dans le désert, de guider des poissons vers des pêcheurs, de changer l'eau en vin lors d'un mariage ou enconre de guérir le fils d'un soldat romain. Bizarrement, le jeu semble capable de gérer de grandes étendues ouvertes (au prix de graphismes d'un autre âge, nous allons y revenir) mais s'évertue pourtant à zapper d'une petite scène à l'autre. On joue rarement plus de cinq minutes à la suite et la majeure partie de ce temps est souvent occupée par de simples balades. Une roue de pouvoirs (guérison, interaction…) est accessible, mais la plupart des icônes sont encore vides. Cela semble tout de même indiquer qu'à terme nous disposerons de neuf compétences différentes. Hélas, les premiers exemples proposés n'incitent pas à la confiance.
La maniabilité générale est assez catastrophique, et le manque de précision est tel qu'il faut parfois s'y reprendre plusieurs fois pour réaliser des actions à la souris pourtant élémentaires. Le passage dans le désert, qui est peut-être celui qui dispose du gameplay le plus "riche", nous propose par exemple de repousser les attaques de Satan, tout en l'attirant vers nous et en rechargeant régulièrement notre énergie spirituelle sacrée. A priori, rien d'insurmontable pour un gamer habitué aux combos des jeux d'action. Pourtant le manque de clarté des indications et des retours fait que les premiers essais s'avèrent très brouillons. Nous sommes curieux de voir comment le jeu s'en sortira avec les actions les plus complexes, ce prologue laissant entendre que des manipulations d'objets seront parfois nécessaires pour progresser.
OH MY GOD !
Une chose est sûre : I Am Jesus Christ n'hésite pas à "gamifier" les écrits sacrés, quitte à flirter avec la caricature. Par exemple, la séquence de guérison évoquée plus haut se déroule carrément à l'intérieur des vaisseaux sanguins de l'enfant ! L'esprit miniaturisé de Jésus doit alors éliminer quatre virus par une simple imposition des mains. Quant à Satan, il s'exprime avec une voix exagérément caverneuse et ponctue ses dialogues par un rire tonitruant, comme le ferait Diablo ou un méchant de film de super-héros. L'ambiance générale oscille donc en permanence entre le sérieux et le loufoque, et nous sommes encore aujourd'hui bien incapables de dire si les développeurs sont plutôt sincères ou moqueurs. Peut-être un peu deux. En tout cas, ils ne sont manifestement pas touchés par la grâce pour tout ce qui concerne l'aspect technique. Les modélisations, les textures et les éclairages nous ramènent de trop nombreuses années en arrière, et feraient presque passer Pokémon Écarlate et Violet pour des parangons de beauté et de modernité.
Les modélisations, les textures et les éclairages nous ramènent de trop nombreuses années en arrière, et feraient presque passer Pokémon Écarlate et Violet pour des parangons de beauté et de modernité.
Les personnages sont d'une raideur affolante, des fondus au noir masquent régulièrement l'absence d'animations, les mouvements des lèvres s'avèrent rudimentaires (quand ils ne sont pas carrément absents) et les voix alternent entre différentes qualités d'enregistrement et de jeux d'acteurs. Quelques plantages sont également présents, histoire de compléter le tableau. Seuls certains panoramas mettant en vedette l'eau ou les nuages s'en sortent à peu près avec les honneurs. De manière très étrange, le jeu s'évertue également à placer des cinématiques doublons avant chaque chapitre. Autrement dit, ces scènes précalculées affichent leur version de la séquence à venir, avant qu'il nous soit demandé de jouer la scène proprement dite (dans des décors sensiblement différents, histoire de rajouter un peu plus de confusion). Bref, il n'y a apparemment pas grand-chose à sauver dans ce I am Jesus Christ qui, pourtant, rencontrera à coup sûr un certain succès. Entre le grand public attiré par la thématique religieuse et ceux qui voudront rigoler un bon coup comme on peut le faire devant un film de série Z, les chiffres de vente ne seront certainement pas ridicules.