Vous l’avez forcément vu à un moment ou un autre, qu’il s’agisse des trailers ou de la masse de screenshots qui se sont échappés de l’alpha du jeu : Microsoft Flight Simulator est une claque graphique comme on n’en avait pas eu depuis très longtemps. Maintenant qu’on y pense, c’est probablement le jeu qui nous a le plus impressionnés visuellement depuis la sortie de Crysis 3 en 2013. Le titre va en réalité proposer plusieurs niveaux de détails, en fonction des réglages graphiques, de la puissance de notre machine, mais aussi et surtout en fonction de notre connexion à internet, et de l’endroit qu’on survole. Lors d’un vol classique à basse altitude au-dessus d’un endroit qui n’a pas grand-chose de spécial, le décor sera généré automatiquement grâce à une IA fournie par la société Blackshark.ia, à partir des photos issues des bases de données de Bing. Dans ce cas, le résultat ne sera pas forcément probant, et il ne faut pas s’attendre à disposer d’un résultat qui nous donne l’impression d’être dans Google StreetView. On reconnaît aisément les endroits survolés, mais il y a peu de chances pour que votre maison soit modélisée à l’identique. De même, la texture des routes ne sera pas forcément présente, et on verra des fois des véhicules circuler à un mètre au-dessus du sol. Pire, certains points d’intérêt qui n’ont pas été retouchés à la main par les développeurs peuvent s’avérer un peu décevants. C’est par exemple le cas du château de Versailles, qui reste loin d’être aussi classe qu’en vrai, tandis que certains terrains manquent à l’appel, dont la base militaire de Villacoublay qui n’a pas de piste praticable. Cette mise au point effectuée, on tient tout de même à redire que le jeu est visuellement incroyable, et qu’il se situe à des années lumières de ce que proposait Flight Simulator X (même bardé de mods), tout en étant très largement au-dessus de ce que peut offrir la concurrence.
UN AVION DE CHASSE
Pour se faire une fracture de la rétine, il faudra se diriger vers des lieux emblématiques, et encore plus particulièrement au-dessus des fameux aéroports haute-fidélité qui ont été retouchés par les développeurs afin de coller à la réalité. Parmi ces destinations, on citera Roissy-CDG (LFPG pour les intimes) dont le rendu fera halluciner tous ceux qui ont un jour pu arpenter ses pistes et taxiways. Tous les terminaux sont méticuleusement reproduits, mais aussi les routes qui y vont et viennent, ainsi que les zone de parking des avions, ou encore les zones de stockage des containers à bagages. Dans le cas de ces aéroports retouchés, on frise le niveau de détail qu’un tour sur Google Streetview pourrait nous procurer, et on en reste bouche bée. Forcément, avec un tel niveau de détails, il va vous falloir une bécane puissante, ou prévoir de baisser les options graphiques. Ces dernières sont très variées, et permettent de jouer sur un large spectre de machines. Dans notre cas, on avait notre gros PC de test avec un i7-8700K, 32 Go de RAM et une Nvidia GeForce RTX 2080 Ti, et nous avons effectué la majorité de nos heures de vol en 4K, toutes options à fond. Dans ce cadre, il faut savoir que le framerate oscillait entre 45 FPS au mieux, tandis qu’on a pu voir des chutes assez impressionnantes, sous les 10 FPS dans certains cas particuliers, lorsqu’on cherchait à mettre le titre en défaut (en rase-mottes, à 120 nœuds, au-dessus d’un des aéroports les plus détaillés du jeu qui fait partie de la fameuse liste des « aéroports faits main »). Reste qu’une fois en vol à une altitude raisonnable, le jeu est impressionnant de fluidité. Par beau temps, la distance d’affichage est simplement bluffante, et sans être en rase-mottes, le niveau de détails trompe notre œil telle une toile impressionniste. Mieux, lorsque la météo se gâte, le titre d’Asobo studios nous offre le spectacle de la nature qui se déchaîne, avec des formations nuageuses plus vraies que nature (chaud, les traversées de cumulonimbus), des éclairs impressionnants, et des déluges de pluie ou de neige. On se croirait réellement en train de faire un vol.
Cette impression est renforcée par le soin maladif apporté à la modélisation des avions. Chaque coucou est une copie conforme de l'original, et tous ceux qui ont pu prendre le manche d’un des modèles présent dans le jeu devraient se sentir comme à la maison. D’ailleurs, le jeu propose un intelligent système de zoom afin qu’on puisse gérer chaque écran et chaque bouton à la souris, sans jamais se prendre la tête. Les développeurs ont même pensé à nous permettre de désactiver temporairement l’affichage du manche à balai, afin que ce dernier n’obstrue pas notre champ de vision. La modélisation impeccable des cockpits est également un énorme avantage lorsqu’on évolue en PSV (Pilotage Sans Visibilité) car on peut consulter les informations données par notre tableau de bord, sans plus avoir besoin d’ouvrir de nouvelles fenêtres comme dans FSX. Les pros des approches compliquées en ILS devraient apprécier. On dispose également d’un menu pop-up qui apparait lorsqu’on passe notre souris en haut de l’écran et qui permet facilement d’accéder à des très nombreux menus, de l’affichage du panneau ATC (le contrôle aérien), à la check-list de l’appareil, en passant par la carte, les options de jeu, et même les tâches que l’on souhaite déléguer à notre co-pilote IA. Les joueurs qui voudront se simplifier la vie pourront ainsi confier à ce dernier le soin de gérer communications radio, ou même lui passer le manche pour qu’il poursuive le vol lorsqu’on a besoin de quelques instants pour nous. Loin d’être un simple pilote automatique, notre copilote est capable de faire voler l’avion de manière logique et raisonnée, même lorsqu’on lui file les commandes en ayant placé l’appareil en mauvaise posture (en perte de vitesse, à trop basse altitude, et en plein dans un circuit d’approche). Sachez au passage que si vous n’êtes pas un vétéran de la licence, il est toujours possible de s’amuser sur Flight Simulator, via la myriade d’aides au pilotage qui sont disponibles.
POUR FAIRE DU CIEL LE PLUS BEL ENDROIT DE LA TERRE
On pourra ainsi désactiver l’effet de couple au décollage par exemple (l’hélice de votre avion qui va attirer ce dernier dans son sens de rotation), rendre la physique plus permissive (pour tirer une ressource à 12 G dans un Piper Cub, ou faire voler un 747 sur le dos pendant des plombes) ou encore automatiser de nombreuses fonctions de notre appareil. Mais c’est bien évidemment en poussant le réalisme à son paroxysme que Flight Simulator nous démontre tout son potentiel, et qu’on prend enfin conscience du travail de titan effectué par Asobo Studio. Le comportement des appareils est hallucinant de réalisme, et toute l’aérodynamique est scrupuleusement respectée. On sent parfaitement lorsque nos ailes se couvrent de givre, tandis que le jeu nous permet aussi de s’essayer au difficile art de l’atterrissage par fort vent de travers. Avec un petit appareil léger, et en réglant la météo pour avoir un vent de folie, on peut aussi réussir à voler en marche arrière. Enfin, on sent aussi parfaitement l’effet de sol qui joue à plein lorsqu’on se pose. Si jamais vous êtes des amateurs de vol de brousse, sachez qu’on pourra aussi mettre un Piper Cub sur ses roues avant, en profitant juste du vent généré par l’hélice. Bien sûr, les effets de l’altitude sont aussi présents, avec des moteurs à piston qui voient leur puissance divisée, tandis qu’on cherche à trouver le réglage carburateur le plus pauvre possible. Forcément, avec autant de commandes, la meilleure solution est de disposer de périphériques dédiés. Nous avons pu ainsi essayer le titre avec un Logitech G Flight Yoke et un palonnier de chez Trustmaster. Néanmoins, même avec du matériel spécifique, il faudra toujours disposer d’un clavier sous la main, le nombre de commandes étant trop important. Sachez toutefois qu’il est absolument possible de se contenter d’une simple manette classique, tant que cette dernière est épaulée par un duo clavier / souris. On se demande tout de même comment Asobo va réussir à rendre le jeu abordable pour des joueurs console qui ne disposent que d’un pad.
En ce qui concerne le contenu, il est difficile de pouvoir critiquer un jeu qui propose l’intégralité de la planète Terre en open-world, plus quelques endroits retravaillés à la main (dont entre 30 et 40 aéroports en fonction de la version du jeu). Néanmoins, on se montrera un peu plus mesuré avec les 20 ou 30 appareils fournis (toujours selon la version du jeu), ce qui n’est pas énorme. Bien sûr, chaque zinc nécessite une quantité de travail folle au vu du niveau de détail, mais on aurait préféré une variété un peu plus grande dans le choix. L’intégralité des appareils disponibles sont modernes, ou des versions ultra-modernisées d’anciens appareils (pour les Piper Cub). On aurait adoré pouvoir profiter de quelques vieux coucous comme c’était le cas dans Flight Simulator X qui nous proposait un DC-3 ou encore le superbe Grumann Goose G-21A. Ces avions à l’équipement réduit auraient contribué à offrir une plus grande diversité, et on avoue que le bruit d’un gros moteur radial nous manque un peu. De même, si FSX nous proposait plusieurs missions scénarisées, rien de ce type n’est présent ici. Or ces quelques vols étaient ponctués de tas d’événements, et disposaient tous d’un brin de narration qui permettait de conférer un vernis plus « jeu vidéo » à ce qui reste une simulation de vol pure et dure. Ici, Asobo nous propose bien des challenges d’atterrissage (une liste fixe, et des épreuves qui vont changer périodiquement), mais c’est à peu près tout. Heureusement, ces derniers disposent d’un système de scoring qui ravivera nos instincts de gamer, avec un leaderboard mondial, afin de pouvoir prouver qu’on est le pilote capable de poser un Cessna 208B le plus doucement sur la piste traîtresse de Lukla au Népal. Mais que faire si on n’y connaît strictement rien en pilotage ? Asobo y a pensé, et on retrouve tout un programme pour passer son brevet de pilotage lors de plusieurs vols d’initiation. Tous les aspects principaux sont passés en revue, et après y avoir investi quelques heures, la navigation, le trim, l’IFR et le VFR n’auront plus aucun secret pour vous.