A la manière de la saga Leisure Suit Larry, qui est passée directement du troisième au cinquième épisode, Goat Simulator zappe en effet le second volet attendu, pour directement passer au troisième. Une bonne manière de perturber certains joueurs et, surtout, de rappeler que le jeu est avant tout porté sur la rigolade et qu'il ne doit jamais être pris trop au sérieux. D'ailleurs, même la version collector numérique joue le contresens et s'intitule "Downgrade Edition". Quant à l'introduction de l'aventure, elle brise d'emblée le quatrième mur. Non seulement elle parodie l'intro de Skyrim, mais elle fait également directement référence au fait qu'elle parodie l'intro de Skyrim... Le ton est donné, et cette ambiance caricaturale se poursuivra tout le long de la partie. Vous aurez l'occasion de dénicher de multiples références à Fallout, Wolfenstein 3D, les Simpson ou même Ikea. On pourrait multiplier les exemples presque à l'infini tant les clins d’œil au jeu vidéo et à la pop culture en général sont nombreux, mais il est préférable que vous les découvriez par vous-mêmes. Goat Simulator 3 étant un bac à sable dénué de véritable scénario, l'effet de surprise compte pour beaucoup dans le plaisir de jeu. Nous pouvons tout de même vous préciser que la parodie touche également les mécaniques de gameplay. Ainsi, il faut se synchroniser avec des tours de chèvre afin de révéler les points d'intérêts sur différentes sections de la carte. Le jeu prend en effet la forme d'un petit monde ouvert et en profite donc pour moquer, ou tout simplement reprendre à son compte, les poncifs du genre. Ainsi, vous trouverez également 200 "babioles" à récolter dans les décors, et une trentaine de rampes à emprunter.
GOAT THEFT AUTO
La présence de ces rampes découle directement de celle de véhicules parcourant la carte, et de la capacité de notre chèvre à en expulser les différents conducteurs pour prendre leur place. Accidents, explosions et écrasages de piétons sont également de la partie, comme dans le premier GTA venu. Le jeu se dote également d'un système de quêtes et, étonnamment, il s'agit là de l'un de ses principaux points forts. Qu'on repère ces petites quêtes sur la carte ou qu'on les découvre par hasard, leurs objectifs sont suffisamment vagues pour qu'un minimum d'exploration, voire de réflexion, soit nécessaire pour les remplir. "Trouve la clé des toilettes !" D'accord, mais où ? "Impressionne les juges de la Ferme a un incroyable talent" ! Ok, mais comment ? "Sauve Steve" ! Très bien, mais l'humain en train de se noyer s'appelle "Pas Steve"… La solution n'est jamais bien compliquée, mais il est appréciable de devoir chercher par soi-même plutôt que de suivre un quelconque indicateur d'objectifs.
Remplir ces quêtes "scénarisées" ou les petits défis appelés "Instincts" permet de remporter des points d'Illuminati et de Karma. Les premiers servent à débloquer des portes dans un château-chèvre d'allure gothique, tandis que les seconds permettent d'acheter différents accessoires cosmétiques, généralement bien loufoques. Il est ainsi possible de personnaliser la tête, le corps, le dos, la fourrure et les cornes de notre chèvre. Et même de changer totalement notre avatar, qui peut alors prendre la forme d'une girafe (appelée "grande chèvre"), d'un cochon ("chèvre délicieuse"), d'un poisson ou encore d'un épouvantail. Certaines de ces apparences peuvent être achetées avec les points de Karma, et d'autres ne sont déblocables qu'en réussissant les quêtes associées. Inutile de préciser qu'en remplaçant une chèvre courte sur pattes par une immense girafe, les bugs de collision typiques de la série se voient démultipliés. En effet, le monde ouvert a beau tenir la route, vous n'échapperez pas à quelques problèmes techniques, esthétiques ou de physique, dont les développeurs vous diront qu'ils sont volontaires. D'ailleurs Goat Simulator 3 reprend à son compte la fonction "lécher et traîner" du premier épisode, qui permet à la chèvre de transporter à peu près n'importe quel objet, quitte à voir sa langue s'allonger de plusieurs mètres.
BÊLE, BÊLE, BÊLE, COMME LE JOUR...
De plus, des commandes qui ailleurs seraient considérées comme des fonctions de debug réservées aux développeurs sont ici accessibles au joueur (passage en mode ragdoll, réapparition dans les décors…), tandis que l'interaction de base reste le bon vieux coup de boule. Notre chèvre peut également choisir de se faire chevaucher par un homme ou un animal, bêler, grimper aux échelles, courir sur les murs, glisser sur fils électriques, rebondir sur des matelas et bien d'autres choses encore. Toutes les interactions n'ont qu'un seul et même but final : semer le plus grand chaos possible. Et pour cela, rien de mieux que de jouer à plusieurs ! Goat Simulator 3 peut en effet accueillir jusqu'à quatre joueurs simultanément, et ce en ligne comme en local. Voilà une fonctionnalité réellement bienvenue, qui profite de la présence d'une roue d'emotes et de mini-jeux compétitifs (versions délirantes du foot ou du golf, par exemple). Il est en revanche regrettable que ces mini-jeux ne soient qu'au tout petit nombre de sept. Les graphismes s'avèrent quant à eux assez inégaux, certains éléments paraissant datés et d'autres nettement plus acceptables. Disons qu'ils sont loin d'être à la hauteur de ce qui se fait de mieux en 2022, mais qu'ils suffisent largement pour un jeu-blague de ce type. Car Goat Simulator 3 a beau être plus grand et plus riche que le premier épisode, il conserve tout de même ce statut de jeu-blague. À ce titre, nous sommes d'ailleurs assez surpris de voir qu'il est vendu de base à 30€, soit trois fois plus cher que son prédécesseur, et que l'addition monte même à 40€ pour la Downgrade Edition.