Pour la première depuis l'existence de la Summer Game Fest, l'équipe de Jeuxactu (enfin, soyons honnête, il ne reste plus que moi) s'est rendue à Los Angeles pour couvrir l'événément et découvrir tous les jeux qui sont montrés ici, en présentation comme en hands-on. Mais avant, on s'est rendu dans le prestigieux YouTube Theater à Los Angeles, un lieu aussi impressionnant qu’excentré pour assister à la conférence. Pendant deux heures, Geoff Keighley a enchaîné les annonces dans un événement dense, parfois inégale en rythme, mais globalement marquante par la diversité des jeux présentés et quelques moments très forts.
Dès les premières minutes, Mortal Shell 2 a ouvert les hostilités avec une bande-annonce intense. Et tant pis si on n'a pas joué au au premier opus, ce second volet semble aller encore plus loin dans son univers sombre et brutal. Les combats au corps-à-corps y sont très viscéraux, sanglants, avec une attention particulière portée sur les exécutions et le ressenti du choc. Petite originalité : en plus des armes de mêlée, le jeu introduit des armes à distance, une combinaison peu fréquente dans ce type de Souls-like. Mais c’est bien Resident Evil 9 Requiem qui a marqué la fin de la conférence, provoquant une vague d’émotions parmi les fans, au point que Carole Quintaine, sur place, a littéralement hurlé de plaisir, et sans arrière-pensée aucune. La date de sortie a d'ailleurs été annoncée, ce sera le 27 février 2026. Pourtant, une interrogation persiste : où est Léon S. Kennedy ? L’un des personnages emblématiques de la saga est absent de cette première bande-annonce. Tout laisse à penser qu’il apparaîtra dans de futures communications, peut-être lors de la Gamescom Opening Night Live, annoncée pour le 19 août prochain.
Une avalanche de jeux : plus de 47 titres dévoilés
Geoff Keighley a proposé une sélection très large, confirmant une tendance : le jeu vidéo ne vit plus uniquement au rythme des grandes messes comme l’E3. Aujourd’hui, les annonces se répartissent toute l’année, chaque éditeur préférant gérer son propre timing. D’ailleurs, PlayStation était absent cette année, contrairement à l’an dernier, ce qui a pu décevoir certains. Malgré tout, 47 jeux présentés, c’est colossal. Le rythme de la conférence a souffert d’un léger “ventre mou” en milieu de parcours – moment souvent consacré aux pubs ou à des titres moins forts. Mais l'ouverture et la clôture ont été bien rythmées, avec des annonces qui ont su créer l’événement. Un extrait inédit du jeu Death Stranding 2 a été dévoilé sur scène par Hideo Kojima lui-même. On y découvre une scène entre deux personnages : Nil, joué par Luca Marinelli, et une Lucy, une docteure incarnée par Alissa Jung. Détail intéressant : les deux acteurs sont mariés dans la vraie vie, tout comme leurs personnages dans le jeu. Cette mise en abyme – Kojima adore ça – renforce l’aspect émotionnel du récit. Dans cette scène, on sent que Nil a perdu la mémoire, ce qui crée une tension entre les deux. Ce lien entre fiction et réalité donne une saveur très particulière à cette séquence, tout en laissant entrevoir l’un des fils narratifs du jeu.
Tom Hardy en jeu vidéo, ça attire tout de suite l’œil
L’un des trailers qui a immédiatement retenu l’attention, c’est celui de Chronicles Medieval, un jeu où la caméra est placée derrière le personnage, au centre du personnage, laissant penser à une séquence de gameplay, sauf que non, c’était clairement de la cinématique. Mais ce qui a surtout interpellé, c’est la voix, celle de Tom Hardy, s’il vous plaît. Oui, l’acteur incarne un personnage encore mystérieux, mais sa simple présence vocale suffit à faire lever les sourcils et à capter l’intérêt. Le projet reste flou, in-engine probablement, mais la promesse est là. On veut en savoir plus.
Act of Blood : l’uppercut venu d’Indonésie
Là, on tient quelque chose. Véritable claque de cette conférence, Act of Blood est un beat’em all indonésien développé par un seul homme, Farjou. Un jeu qui a déjà fait parler de lui via une démo virale ces derniers mois sur les réseaux. Et ça se comprend. Mélange de Sifu et du film culte The Raid (de Gareth Evans), le titre met en avant le Pencak Silat, art martial indonésien, avec une brutalité et une véracité saisissantes. On sent les os craquer, les membres se briser, le tout dans une chorégraphie millimétrée. Certains plans m’ont directement rappelé Old Boy, avec ses couloirs remplis d’ennemis à dézinguer en side-scrolling. La boucle est bouclée : le cinéma s’inspire du jeu vidéo, qui à son tour retourne puiser dans le 7e art. Magistral. Sortie prévue en 2026, et franchement, je l’attends de pied ferme.
Côté horreur, deux titres ont retenu mon attention : End of Abyss, avec sa vue légèrement aérienne, m’a fait penser à un Little Nightmares encore plus malsain. Une direction artistique glauque à souhait, des créatures difformes et organiques à faire pâlir un Lovecraft, et cette ambiance oppressante, presque poisseuse. Et puis Ill, projet FPS financé via crowdfunding, qu’on pensait perdu à jamais. Eh bien non, il est là. Et il fait froid dans le dos. Visages déformés par la maladie, proportions grotesques, chair tuméfiée… Un monde grotesque et organique, à la Resident Evil, Silent Hill ou Scorn. On est dans le malaisant pur, mais qu’est-ce que c’est efficace.
Autre surprise : Stranger Dan Heaven, anciennement connu sous le nom de code Project Sanity, est le nouveau projet des créateurs de Yakuza / Like a Dragon. Cette fois, direction le Japon militarisé de 1943, en pleine Seconde Guerre mondiale. On y incarne un enquêteur brutal aux méthodes expéditives, chargé de missions moralement discutables. Le gameplay s’annonce plus rugueux, plus terre-à-terre, avec toujours cette touche narrative si chère au studio. On sent qu’ils veulent s’affranchir peu à peu de la formule Yakuza, pour proposer autre chose. L’ambiance est là. C’est flou, mais intrigant.
Resident Evil 9 Requiem, le retour aux sources
Et puis, clou du spectacle, Resident Evil 9 Requiem qui est venu clôturer une conférence très riche en anonces. D'ailleurs, Capcom a joué avec nos nerfs. Le trailer commence dans un décor très “bureau du FBI”, loin des codes classiques de Resodent Evil, avant de basculer dans un Raccoon City ravagé, méconnaissable : explosion géante, cratère au milieu de la ville, commissariat à moitié détruit… Un retour aux vrais zombies, à l’horreur viscérale, aux créatures dégueulasses et difformes est aussi annoncé. On découvre un nouveau personnage : Grace Ashcroft, fille d’Alyssa (vue dans Resident Evil Outbreak), aux côtés de l’incontournable Leon S. Kennedy. Deux personnages jouables, gameplay distinct ? À voir d'ici la sortie. Mais ce qui m’a surtout plu, c’est que la sortie est fixée au 27 février 2026, ce qui signifie qu'on a moins d’un an à attendre. Pas de vaporware ici. Juste un trailer bien ficelé et une promesse de retour aux racines. En bref, une Summer Game Fest 2025 bien rythmée, généreuse, et surtout pleine de projets concrets. Capcom en feu, les indés qui frappent fort, l’horreur qui revient en force, et cette sensation que le jeu vidéo, aujourd’hui plus que jamais, assume enfin tous ses genres.