Trois jours seulement après l’annonce de l’accord entre Netflix et Warner Bros. Discovery, Paramount a décidé de monter au créneau et de faire savoir son mécontentement. Le studio dirigé par David Ellison vient de lancer en effet une OPA hostile à 108.4 milliards de dollars, dépassant de loin les 82.7 milliards proposés par Netflix, qui pensait avoir sécurisé son rachat avec un prix de 27,75 dollars par action pour s’emparer de Warner, ses prestigieuses licences et de HBO Max. Paramount, qui avait été le premier à manifester son intérêt, refuse de se laisser distancer. Dans sa communication, David Ellison insiste : son offre en numéraire est plus avantageuse, elle couvre la totalité de Warner Bros. Discovery, y compris ses chaînes de télévision comme CNN et Cartoon Network, et limite l’incertitude liée aux actions et à l’approbation réglementaire. Chose que Netflix voulait séparer pour se concentrer uniquement sur la partie film, streaming et jeux vidéo, sans doute dans le panier de la mariée.
Malgré six propositions soumises sur 12 semaines, Paramount a affirmé que Warner Bros Discovery « n’avait jamais réellement pris en compte » ses offres. « Paramount a maintenant présenté son offre directement aux actionnaires et au conseil de WBD afin qu’ils aient la possibilité de poursuivre cette alternative clairement supérieure », a ajouté le studio. Netflix poursuivra son propre accord pour les parties studio et streaming de WBD, selon des sources proches des discussions. Pour Paramount, cette offensive n’est pas seulement financière : c’est un moyen de séduire les actionnaires et de contester la stratégie de David Zaslav, PDG de Warner, qui avait privilégié Netflix malgré les avances répétées de Paramount. Pour prouver que l'offre est bien meilleure chez eux, Paramount a décidé de valoriser Warner Bros Discovery à 30 dollars par action, 18 milliards de plus que Netflix. La proposition est entièrement en cash, un argument fort face au mélange cash/actions de Netflix.
Pour financer l’opération, Paramount bénéficie de la garantie de la famille Ellison et de RedBird Capital pour l’ensemble des 40,7 milliards de dollars de fonds propres nécessaires. Le financement provient également des fonds souverains du Moyen-Orient (Arabie Saoudite, Abu Dhabi, Qatar) ainsi que du groupe Affinity Partners dirigé par Jared Kushner. Les dettes sont sécurisées auprès de Bank of America, Citigroup et Apollo pour un montant total de 54 milliards de dollars. Paramount précise que Kushner et les fonds du Golfe renoncent à tout droit de gouvernance, y compris les sièges au conseil, évitant ainsi tout blocage pour raisons de sécurité nationale.
Paramount cherche aussi à convaincre les actionnaires de Warner Bros Discovery en soulignant les doutes sur la capacité de Netflix à obtenir l’approbation anti-trust, le streaming ayant indiqué qu’il faudrait 12 à 18 mois pour obtenir le feu vert réglementaire, ce que Paramount qualifie de « supposition irréaliste ». La force des offres concurrentes dépendra de la perception par les actionnaires de Warner Bros Discovery des risques anti-trust, de la valeur potentielle des actifs câblés et des avantages à posséder des actions Netflix. Les actionnaires ont jusqu’au 8 janvier pour voter sur l’offre de Paramount, date qui peut être prolongée.
David Ellison, fils du milliardaire et fondateur d’Oracle Larry Ellison, a déclaré lundi 8 décembre 2025 que si Netflix était autorisé à acheter WBD, « il n’y aurait plus de concurrence à Hollywood ». Il a ajouté dans une interview sur CNBC que Trump soutiendrait l’offre la plus compétitive. Le président a déclaré lundi : « Je connais très bien ces entreprises. Je sais ce qu’elles font, mais je dois voir. Je dois voir quelle part du marché elles détiennent. Aucun d’entre eux n’est vraiment un grand ami à moi. Je veux faire ce qui est juste, c’est très important de faire ce qui est juste. » Cette bataille est donc aussi politique, puisque Paramount bénéficie du réseau Donald Trump via la famille Ellison et Kushner, un avantage non négligeable dans une opération où les régulateurs anti-trust ont le dernier mot.
Le conseil de Warner Bros Discovery examine désormais l’offre Paramount, mais maintient pour l’instant sa recommandation envers Netflix. Les actionnaires pourraient être influencés par la perception des risques anti-trust, la valeur réelle des actifs câblés et l’avantage à posséder des actions Netflix. Si Paramount l’emporte, Warner restera un studio « classique » sous contrôle familial et alliances politiques. Si Netflix gagne, Hollywood verra une entreprise technologique contrôler un des studios les plus puissants au monde. Au final, cette histoire pourrait redéfinir la structure d’Hollywood pour des décennies à venir, et nous de voir ça comme un thriller financier.
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