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Test également disponible sur : PC - PS5 - XBOX Series X

Test Metal Gear Solid Delta Snake Eater : la beauté d'aujourd'hui, la rigidité et le cringe de l'époque

Test Metal Gear Solid 3 Remake : la beauté d'aujourd'hui, la rigidité et le crin
La Note
14 20
Avec Metal Gear Solid Delta Snake Eater, Konami et le studio Virtuos ont choisi la prudence, privilégiant une reproduction quasi à l’identique du jeu de Kojima de 2004, sans altérer ni le scénario, ni les cinématiques, ni le doublage ni même le gameplay, alors qu’il en avait grandement besoin. Les interactions lourdes, le CQC parfois imprécis, les animations lentes et une IA désormais has-been rappellent que ce titre appartient à une époque révolue, et que le simple lifting visuel ne suffit pas à masquer ces failles. Il y a pourtant bien eu quelques ajustements bienvenus comme cette nouvelle caméra 3D, les déplacements accroupis, et le champ de vision élargi, mais tout a du mal à bien s’adapter à ce gameplay vieux de 20 ans. Pour autant, le travail graphique réalisé avec l’Unreal Engine 5 est spectaculaire, aussi bien au niveau des personnages, leur faciès, les environnements, et la gestion de la lumière qui apporte une profondeur inédite. De fait, Metal Gear Solid Delta Snake Eater n’est pas un remake aussi ambitieux qu’un Final Fantasy VII Remake ou le Resident Evil 2 de 2019 de Capcom, mais plutôt un remaster enrichi et modernisé visuellement. Il permet de redécouvrir un monument du jeu vidéo dans des conditions techniques supérieures, tout en conservant intact l’esprit du titre original, avec ce que ça implique de défauts. Pour les nouveaux joueurs, il représente une porte d’entrée idéale dans l’univers de Snake et de l’infiltration, à condition de faire fi de la rigidité du gameplay. Pour les vétérans, il offre un retour nostalgique, avec les qualités et défauts d’un classique de la PS2.

Les plus
  • Une vraie refonte visuelle réussie
  • La nouvelle vue, plus dynamique
  • La richesse du gameplay restée intacte
  • Quelques méliorations pratiques : déplacement accroupi, visée plus aisée, champ de vision élargi, menus plus ergonomiques.
  • Des options pour retrouver l'expérience de 2004
Les moins
  • Un gameplay inchangé et qui a mal vieilli
  • La lenteur des animations, tout prend un temps fou.
  • L'IA est aujourd'hui dépassée
  • CQC encore imprécis malgré quelques améliorations.
  • Level design d'une autre époque
  • Les écrans noirs de transition qui auraient dû sauter
  • Le doublage a aussi pris un coup de vieux
  • La mise en scène cringe de Kojima est bien là


Le Test
Après avoir boudé le jeu vidéo classique pendant près de 10 ans, Konami a semble-t-il décidé de revenir en force dans une industrie en plein changement. Moins d’un an après le remake réussi de Silent Hill 2, l’éditeur japonais nous propose de découvrir une autre restauration de grande envergure, celle de Metal Gear Solid 3 Snake Eater, un monument du jeu vidéo que certains considèrent presque comme la Bible du jeu vidéo (les pauvres). Si le remake de Silent Hill 2 a été réalisé par les Polonais de Bloober Team qui ont eu carte blanche pour tout refaire, graphismes comme gameplay, pour le jeu de Hideo Kojima, c’est le studio singapourien (et ses antennes chinoises et vietnamiennes) qui se sont occupés de le remettre au goût du jour. Seul souci, ils n’ont pas eu le feu vert de la part de Konami de retravailler le gameplay, ce qui est assez problématique quand on sait que le jeu a plus de 20 ans dans les dents, et que la jouabilité est restée dans son jus de l’époque, le cringe de la mise en scène de Kojima y compris…

Metal Gear Solid Delta : Snake Eater

Avant qu’il ne se reconvertisse en influenceur food, mode et ciné, Hideo Kojima faisait des jeux. Il les fabriquait ouais. Presque tout seul dans son coin, au point où son nom apparaissait généralement une vingtaine de fois dans les génériques de chacune de ses productions. Lui qui aime tout contrôler, du game design à la réalisation des cinématiques, en passant par la direction d’acteurs, le montage des trailers et même la communication, Kojima a besoin de briller, c’est sa façon de se sentir vivant. La presse l’a d’ailleurs toujours accompagné dans cette manière de se mettre en avant, le considérant comme une véritable rockstar du jeu vidéo, un génie du 10ème art, un homme influent. S’il mérite sans doute énormément d’éloges sur ce qu’il a apporté dans cette industrie, c’est une époque qui est semble-t-il révolue, lui qui admet ne plus jouer au jeu vidéo aujourd’hui et s’intéresser à d’autres passions. Un changement de cap et une baisse de qualité qu’on a pu ressentir à travers ses derniers jeux (Death Stranding 1 et surtout le 2 vous l’aurez compris), prouvent à quel point Hideo Kojima s’est détourné de ce qui est pourtant le coeur d’un jeu vidéo (le gameplay) pour ne porter attention qu’au narratif et à des histoires toujours aussi faussement complexes et souvent saugrenues. Mais en 2004, année de sortie de Metal Gear Solid 3 Snake Eater, les choses étaient différentes et Kojima nous faisait étal de tout son savoir-faire et de ses références cinématographiques qu’il a su injecter intelligemment dans son jeu. Il était à son prime comme on dit. Toutefois, ce remake de MGS 3 va aussi prouver que son jeu faisait partie d’une époque bien distincte, qui a tristement mal vieilli…

Metal Gear Solid Delta : Snake Eater


VRAI REMAKE OU SIMPLE REMASTER ?


Il y a toujours eu des débats autour de la nomenclature remake/remaster et ce n’est pas la sortie de Metal Gear Solid Delta Snake Eater qui risque d’y voir plus clair. Autrefois, il s’agissait essentiellement de reprendre un jeu classique et de lui offrir un lifting graphique grâce à un moteur plus moderne. Aujourd’hui, la notion de remake est beaucoup plus souple et varie selon les studios et les projets. Pour certains éditeurs et studios, un remake implique une refonte narrative, des mécaniques de jeu modernisées et une expérience audiovisuelle capable de rivaliser avec les standards contemporains. Pour d’autres, il suffit d’une mise à jour visuelle soignée et d’une performance technique stable pour justifier le terme. Cette diversité reflète le principal défi des développeurs : jusqu’où rester fidèles à l’original ? Quels changements préservent l’essence véritable du jeu, et quelles innovations sont acceptables pour enrichir l’expérience ? Il n’existe pas de réponses universelles, rendant parfois délicat pour le public de juger un remake. Des titres comme Final Fantasy VII Remake ou Resident Evil 2 ont totalement redéfini notre perception de ce qu’un remake peut être, en repoussant les limites de l’ambition et de la production. Pourtant, tous les jeux ne peuvent atteindre de tels sommets, mais une constante demeure : lorsqu’un jeu a marqué un genre ou une génération, les attentes sont toujours très élevées. C’est exactement ce qui se produit autour de la nouvelle version de Metal Gear Solid 3 Snake Eater par Konami et le studio Virtuos. Ce titre, considéré comme étant le vrai chef-d’œuvre de Hideo Kojima, a redéfini le jeu d’infiltration et reste un point d’entrée idéal pour quiconque souhaite découvrir cet univers unique mêlant espionnage et action. La question qui se pose désormais est de savoir comment ce remake réussira à honorer l’original tout en apportant sa propre vision.

Metal Gear Solid Delta : Snake Eater


NOT A HIDEO KOJIMA GAME

Metal Gear Solid Delta Snake Eater est avant tout une reproduction fidèle du classique de la PS2. Le travail de Konami et Virtuos respecte l’œuvre originale dans ses moindres détails, qu’il s’agisse des angles de caméra, du rythme, du scénario, des cinématiques, du doublage et tous les éléments narratifs, tout est resté intact, à la virgule près. Pour certains, cela peut sembler décevant, mais ce choix est parfaitement compréhensible. Créer du contenu inédit sans la touche de Hideo Kojima aurait risqué de nuire au ton unique du jeu, qui oscille constamment entre sérieux et absurdité ; absurdité qui s’est transformée en cringe aujourd’hui… Du coup, ajouter des séquences originales ou des références à d’autres opus aurait pu déséquilibrer cet équilibre fragile. Il est vrai qu’il y avait matière à proposer davantage, mais Konami et Virtuos semblent avoir choisi la prudence.

Metal Gear Solid Delta : Snake Eater
Du terme remake, il faut donc retenir un ravalement de façade visuel, et cela se remarque dès le lancement du jeu, qui abandonne le moteur graphique original de Konami, el famoso FOX Engine, au profit de l’Unreal Engine 5. On sait à quel point l’UE 5 peut-être performant si on le maîtrise, mais il est aussi à l’origine de bien des maux de beaucoup de jeux sur cette génération si on ne sait pas faire usage de ses outils. Mais ici, le jeu parvient à reproduire avec fidélité les designs de Yōji Shinkawa tout en conservant les expressions exagérées et mouvements caricaturaux propres à la série. Les animations retravaillées permettent une transition générationnelle réussie, plus fluide et plus immersive. Snake conserve son apparence de soldat BG, The Boss garde son expression stoïque, tandis que tous les membres de l’Unité Cobra conservent leurs traits distinctifs : les yeux exorbitants de The End, la langue de The Fear, le visage gonflé de The Pain. Même Volgin apparaît avec ses cicatrices, et grâce à l’Unreal Engine 5, la peau semble si réaliste qu’on peut presque suivre la manière dont elle tente de se régénérer.

Metal Gear Solid Delta : Snake Eater

Mais les personnages ne représentent qu’une partie de l’expérience, car l’Union soviétique fictive explorée dans Metal Gear Delt Snake Eater offre un parcours visuel spectaculaire : jungles luxuriantes, cavernes sombres, bases militaires, falaises abruptes, et bien plus encore. Chaque environnement possède sa propre identité, et même plusieurs zones situées dans un même biome se distinguent par des détails uniques. L’éclairage réaliste, absent sur PS2, donne un ton entièrement nouveau et souligne le passage du temps, du lever au coucher du soleil, puis à la nuit tombante. Cette nouvelle lumière et le réalisme de l’Unreal Engine 5 rehaussent certaines scènes emblématiques. Le combat contre The End, par exemple, voit la forêt s’animer de manière spectaculaire : la pluie soudaine, les ombres mouvantes des nuages et la lumière qui tombe sur le boss créent une atmosphère saisissante. La poursuite avec Eva illustre également l’ambition du jeu à mêler cinématique et gameplay : les frontières entre ces deux éléments deviennent presque imperceptibles, offrant une immersion totale, particulièrement pour les nouveaux venus. Alors certes, on a perdu le sépia du jeu d’origine pour une restauration moins marquée en termes de photo, mais bonne nouvelle, il est toujours possible d’activer un filtre qui reproduit la palette de couleurs de l’époque, et en vrai, on préfère la nouvelle colorimétrie. Ouep.

Metal Gear Solid Delta : Snake Eater

"WHAT A TRILL…"

Côté gameplay, Metal Gear Solid Delta Snake Eater propose deux styles de jeu distincts : la version classique (rebaptisée en légendaire), avec la caméra fixe en vue top-down, et la proposition moderne, qui combine caméra 3D, déplacements et visée simultanés, ainsi que le CQC (Close Quarters Combat) sur les gâchettes. Le remake apporte plusieurs améliorations pratiques : marcher accroupi, viser plus facilement en troisième personne, et un champ de vision élargi. Les menus sont plus rapides et ergonomiques, et la boussole indique le chemin à suivre, tout en pouvant être désactivée pour retrouver le défi original. Les modes bonus, comme Snake vs Monkey et Guy Savage, sont également inclus avec des graphismes et un gameplay modernisés.

Metal Gear Solid Delta : Snake Eater


Mais ce qui était autrefois novateur montre aujourd’hui des signes de vieillissement. Certaines interactions avec l’environnement sont fastidieuses, tout comme la possibilité de questionner les ennemis pour obtenir des informations relève de la pénibilité. De même, porter un corps ou prendre un ennemi en otage se fait avec une lourdeur déconcertante, et il est impossible d’interrompre ces animations pour réagir rapidement. Pousser un baril, grimper, ramper ou progresser sur un fil prend également un temps considérable, et le CQC, malgré quelques améliorations, manque toujours de précision et de réactivité. Le camouflage, autrefois mécanique phare, souffre également des limites de l’IA, qui est elle aussi restée dans son jus de l’époque, puisque les ennemis sont incapables de vous repérer, même à quelques centimètres parce qu’on est caché dans les hautes herbes, pas si hautes que ça non plus. Même constat pour le level design, qui aurait certainement bénéficié d’une meilleure fluidité. Les écrans noirs de transition entre deux secteurs plombent inutilement le rythme et auraient dû disparaître avec ce remake. Bref, on ne va pas mentir en vous disant qu’avancer dans le jeu n’a pas toujours été une partie de plaisir…

Metal Gear Solid Delta : Snake Eater


Mis à part le lifting graphique et la caméra améliorée (et encore, comme la structure n’a pas changé, le changement de perspective plombe certains passages), le jeu n’offre rien de nouveau. Toutes les cinématiques gardent les mêmes angles, prises, effets, mouvements et structure. C’est une copie du PS2 avec une amélioration visuelle, ce qui suffit pour certains, mais l’absence d’originalité soulève des questions sur la nécessité de ce remake. L’expérience visuelle est donc très proche de 2004. Le moteur Epic améliore certaines sections, mais le manque d’originalité empêche le titre d’atteindre le niveau attendu par les développeurs. Le doublage est identique à la version PS2, avec une meilleure qualité audio et quelques lignes sur le contrôle. Les voix originales (David Hayter, Jim Piddock…) sont de retour, mais l’ajout de phrases est anecdotique. Refaire chaque ligne aurait été problématique avec le temps écoulé de toutes les façons. Sinon la bande-son originale de Harry Gregson-Williams revient telle quelle, ce qui n'est pas pour nous déplaire, mais on aurait aimé être surpris aussi. La seule vraie nouveauté n'est autre que le thème principal Snake Eater, réenregistré par Cynthia Harrell avec un rythme et une instrumentation légèrement différents, où la voix reflète le passage du temps…

Metal Gear Solid Delta : Snake Eater



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Jeu : Infiltration
Editeur : Konami
Développeur : Virtuos
28 Août 2025

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