"What a thrill..." Ces trois mots suffisent à faire frissonner toute une génération. Et lorsque la voix chaude et soul de Cynthia Harrell s’élève dans le vide, entre deux battements de cœur, on comprend que Metal Gear Solid Delta Snake Eater veut aller au-delà du simple remake, mais nous faire revivre une époque bien révolue. Konami ressuscite ici non seulement un chef-d'œuvre de game design, mais aussi une époque, celle de Hideo Kojima au sommet de son art, où le jeu vidéo flirtait avec le cinéma d’auteur sans jamais se trahir. Sauf que cette fois-ci, le père n’est plus aux commandes.
De toutes les façons, l'intro de Metal Gear Solid 3 est probablement l’une des intros les plus iconiques de l’histoire du jeu vidéo. Un moment suspendu entre le côté très assumé d’un générique à la James Bond, la sensualité d’une voix soul et l’arrogance artistique d’un Kojima en pleine possession de ses moyens. Et ça, Konami le sait parfaitement. Alors histoire de faire patienter jusqu’au 28 août, date de sortie de Metal Gear Solid Delta: Snake Eater, l’éditeur a balancé la séquence d’intro complète, remise à neuf. Et surtout, toujours portée par la voix chaude et mythique de Cynthia Harrell. Et là, forcément, l’instant est sacré. Car refaire Snake Eater, ce n’est pas juste retoucher un vieux jeu PS2. C’est toucher au totem, au mythe. C’est rejouer les aventuriers de la jungle soviétique perdue, avec en fond sonore une diva qui enrobe le tout de velours noir.
Car oui, la chanson “Snake Eater” est bel et bien réenregistrée pour l’occasion. Toujours avec Cynthia Harrell, toujours sous la direction de Kyle Cooper, le même monsieur qui avait signé l’intro d’origine. Sauf que voilà, même avec les bonnes personnes, quelque chose cloche. C’est personnel, hein, mais ce nouvel enregistrement manque un poil de nerf, surtout dans le dernier tiers. Les cuivres sont en retrait, la montée dramatique est un brin timide. Là où la version PS2 envoyait du lourd façon Shirley Bassey sous stéroïdes, la version 2025 joue la carte de la retenue. Peut-être trop. Peut-être volontaire. Peut-être juste un mixage pas assez salé. Mais bon, entendre à nouveau “What a thrill…” dans une version 4K, c’est déjà une claque émotionnelle en soi. La nostalgie opère. L’ADN est là. Même si le cœur bat un peu moins fort...