On le sait, depuis quelques années maintenant, Nintendo n’est plus le seul acteur à s’être lancé sur le marché très lucratif des consoles portables. D’autres constructeurs venus du monde du PC ont flairé le bon filon, qu’il s’agisse d’Asus, du Chinois Lenovo et plus récemment l’Américain Valve qui propose sans doute la meilleure expérience à date. Avec les ROG Xbox Ally, Microsoft franchit un cap inédit, puisque la firme de Redmond n’avait jamais osé se lancer sur le terrain des consoles portables, longtemps dominé par Nintendo. Mais le succès du Steam Deck de Valve a convaincu Microsoft de s’acoquiner avec Asus pour sortir cette “Xbox portable” dans des temps records, ce qui explique aussi certains choix très discutables. Cela dit, petite parenthèse pour rétablir la balance : le marché des PC portables reste un secteur très confidentiel, puisque 6 millions de machines, toutes marques confondues, ont été vendues à travers le monde, sachant que la moitié des ventes a été cannibalisée par le Steam Deck. On est donc encore très loin des 150 millions de Switch vendues jusqu’à présent et la raison est d’ailleurs très simple, c’est le prix. Celui du modèle ROG Xbox Ally X affiche une étiquette de 899€, et à ce tarif-là, croyez-le ou non, mais la console est vendue sans chargeur.
D’ailleurs, si jamais vous voulez mettre la main sur le chargeur officiel, disponible sur le site d’Asus, il vous en coûtera 70€ de plus. Avec le bundle complet, on se rapproche donc dangereusement de la barre des 1 000€. Difficile donc de ne pas faire plus contraignant pour le grand public, qui râle déjà quand une console de salon dépasse les 500€. Pour autant, sur le marché des consoles PC portable, la ROG Xbox Ally X affiche un tarif assez proche de ceux de la concurrence, ce qui signifie que les initiés seront moins choqués que le pékin moyen. Il faut dire qu’Asus justifie ce prix élevé par les composants qui sont embarqués au sein de la ROG Xbox Ally X, à savoir un processeur AMD Rysen Extreme de 8 coeurs, 24Go de mémoire, 1To de stockage disque, un écran IPS (LCD donc) de 7 pouces affichant du 1080p et pouvant monter jusqu’à 120hz, ce qui fait d’elle une console monstrueuse sur le papier. Évidemment, à ce prix-là, on aurait rêvé d’un écran OLED et du HDR, mais la facture aurait été nettement plus salée. A noter qu’il existe la version plus accessible de 599€, le modèle ROG Xbox Ally qu’on reconnaît facilement avec sa robe blanche, mais elle offre des performances moindres, ce qu’on vous déconseille si jamais vous voulez faire tourner du Black Myth Wukong ou le récent Battlefield 6 par exemple.
CONFORT & ERGONOMIE
Avec ses 715 grammes sur la balance, la ROG Xbox Ally X semble être une console relativement lourde, mais c’est tout le contraire qu’on se dit quand on l’a entre les mains. La raison est simple : Asus a su parfaitement équilibrer sa console pour nous offrir un confort de prise en main. La console tient parfaitement dans les mains et ce grâce aux poignées latérales en forme de bordures de manettes qui épousent parfaitement la position de nos paluches. C’est d’autant plus vrai que l’épaisseur assez conséquente des manches et leurs formes parfaitement sculptées permettent une accroche adaptée à toutes les mains. C’est d’autant plus vrai que le grip gravé à même le revêtement est non seulement agréable au toucher, mais évite aussi toute sensation de glisse, même après plusieurs heures de jeu. De toute évidence, Asus s’est inspiré des manettes Xbox Series et c’était la meilleure source d’inspiration possible. Résultat : la console semble presque flotter entre les mains, puisqu’elle paraît plus légère qu’elle ne l’est en réalité. Et s’il y a bien un aspect sur lequel ROG Xbox Ally X étonne, c’est bien sur son confort d’utilisation.
Ce confort de prise en main a en revanche un revers, celui du design. Certes, on est proche de ce que propose la concurrence, mais sur ce marché des consoles PC portatives, on ne peut pas dire qu’en matière de recherche et développement, on se soit vraiment creuser les méninges. On est davantage sur des produits destinés à un public geek qu’à un objet lifestyle qu’on exhibe sans honte dans les transports. Asus a évidemment repris ce qui avait été fait avec ses consoles portables maison précédentes, non siglées Xbox, préférant l’efficacité à un design très recherché. On n’ira pas dire que les boutons ont été placés un peu aléatoirement, mais je pense qu’on pouvait trouver avoir quelque chose de mieux travaillé au niveau des touches Start et Options qui sont placés trop proches l’une de l’autre, sans compter qu’en termes de repaire logo, on a fait mieux. Mais bon, on y peut rien, le choix était déjà douteux sur les manettes Xbox. Même chose pour les deux boutons arrières qui en plus d’être trop petits nécessitent de tendre un peu plus le majeur pour les atteindre. Evidemment, tout dépend de la taille des mains, mais pour les personnes ayant des mains moyennes ou petites, le positionnement n’est pas le plus optimal. On aurait aimé également un choix de matériaux plus premium, notamment au niveau de la coque qui donne l’impression de sonner creux, mais le toucher agréable et les finitions exemplaires arrivent à compenser le côté cheap de certains éléments : on pense par exemple aux gâchettes qui libèrent une sensation de fragilité, notamment au niveau des bordures. Attention aux chutes malencontreuses, c’est elles qui prendront cher si jamais vous faites tomber votre console au sol.
Autrement, la ROG Xbox Ally X regroupe l’intégralité de sa connectique sur la tranche supérieure, à savoir le bouton Power, la prise Jack, le porte micro SD, les boutons de volume, deux ports USB-C et deux témoins lumineux, sans oublier une petite grille d’aération. Un choix pratique pour la lisibilité mais qui devient vite encombrant lorsqu’on multiplie les accessoires. Boutons comme sticks analogiques sont de bonne facture, aucun souci, les hauts-parleurs très corrects et à un niveau sonore maximum, le son reste bien présent, même si ça manque clairement de basses. En revanche, carton rouge pour la croix directionnelle qui fait non seulement super cheap et se montre aussi imprécise sur les jeux de baston. On est de toutes les façons dans la continuité de la croix directionnelle des manettes Xbox Series qui font partie des pires sur le marché. Pour le coup, c’est raccord dans la médiocrité. L’autre déception, c’est l’écran, non pas dans son rendu visuel, mais sur les bordures noires qui entourent l’image et bouffe sur celle-ci. A l’heure où les constructeurs misent sur des écrans plus fins, mieux optimisés, on a l’impression de revenir 10 ans en arrière avec la ROG Xbox Allly X, du temps de la première Nintendo Switch.
SANS MAÎTRISE, LA PUISSANCE N'EST RIEN
Mais ce n’est pas ce qui déçoit le plus avec la ROG Xbox Ally X, non. Ce qui fait figure d’élément perturbateur de cette machine, c’est son interface, et dès les premières minutes de navigation, on sent le poids de l’ADN PC qui tire la machine vers le bas. Et c’est en cela que cette ROG Xbox Ally X n’est pas une Xbox portable qui aurait mérité d’avoir son propre écosystème, son interface dédiée pensée pour le jeu nomade. Non, il s’agit en réalité d’un PC qui tourne sous Windows 11, une version certes allégée, mais Windows 11 quand même, avec tout ce qui implique de chiant, avec ses menus, ses sous-menus, ses notifications, ses fenêtres qui surgissent au mauvais moment. Ça devient pénible et même si Asus a bien tenté de masquer cette complexité de navigation derrière une surcouche Xbox “plein écran”, censée donner un air de console à l’ensemble, le vernis ne tient pas longtemps avant de craquer. Entre les textes qui sont ridiculement petits, les zones tactiles trop petites pour valider une option, les notifications, les pop-up système qui réclament une autorisation, une mise à jour à lancer, et je vous invite à le faire sinon vous aurez de vrais problèmes de performance, on est loin d’une “interface unifiée” pensée pour l’expérience console, mais d’un OS pensé pour la souris et le clavier.
L’idée d’Asus était bonne à la base, à savoir unifier les jeux, les stores, les services, les lanchers dans un même hub, avec cette surcouche Xbox censée centraliser le tout et rendre la navigation intuitive. Sauf que dans les faits, l’expérience reste chaotique. Il arrive qu’un jeu refuse tout simplement de se lancer depuis le menu principal, qu’il faille insister à plusieurs reprises. Parfois, l’application Xbox se fige, le bouton “Jouer” reste grisé, alors que le jeu démarre en arrière-plan, et vous entendez le son du menu titre sans voir l’image. Le genre de situations symptomatiques d’un système qui n’a pas été étudié pour fonctionner véritablement, mais un cache-misère pour gagner du temps de développement. Chaque session devient un petit exercice d’adaptation, un va-et-vient constant entre la promesse du plug-and-play et la réalité d’un environnement PC. C’est assez pénible et assez incompréhensible. Alors oui, les gens qui viennent du monde du PC, qui aiment bidouiller trouveront que c’est ok, mais si vous êtes du genre à être chill façon joueur de consoles de salon où l’expérience utilisateur doit être simple et fluide, vous risquez de vous arracher les cheveux. Autant vous dire qu’une machine comme la ROG Xbox Ally X n’est clairement pas destinée pour les enfants, tellement l’interface est relou au possible.
LES ROIS DE LA BIDOUILLE
Et ce n’est pas tout, j’ai aussi constaté des soucis au niveau de la gestion de l’énergie sous Windows 11 qui est un OS qui ne sait pas vraiment ce qu’est une console portable. Même en veille, il arrive que des services et des jeux continuent de tourner dans le fond, alors qu’on a demandé de changer de jeu, des tâches se déclenchent sans qu’on ait rien demandé et la batterie fond comme neige au soleil. Il m’est arrivé de poser la machine pensant qu’elle était en veille avec une batterie à 80%, la reprendre 1h plus tard, constater qu’il ne reste que 50% de batterie et voir que les jeux n’étaient pas éteints, ni même en veille. D’ailleurs, sur des jeux énergivores et qui demandent donc beaucoup de ressources, comptez environ 2h d’autonomie, et en vrai, il est préférable d’avoir la console portable branchée au secteur pour les jeux qui demandent beaucoup de ressources. Ouais, c’est un peu antinomique pour une console portable, mais vu les jeux maousse costaud qu’elle peut faire tourner, mieux vaut balancer la sauce et mettre le mode Turbo 35W pour bénéficier des meilleures performances.
D’ailleurs, sur les jeux indé, aucun souci, la ROG Xbox Ally X fonctionne à merveille, c’est un vrai plaisir, mais sur d’autres titres, c’est un peu la roulette russe. Sur des titres comme Dying Light The Beast, Indiana Jones, Ratchet & Clank ou Fatal Fury City of the Wolves, aucun souci, mais sur des jeux comme Spider-Man 2, Street Fighter 6, inZoi, Stellar Blade, c’était laborieux. Ça rame, la fenêtre d’affichage n’est même pas en plein écran sur Street 6. Pour avoir échangé avec d’autres confrères pendant les tests, c’était assez aléatoire, tout dépendait aussi des mises à jour effectuées, mais ce qu’il en sort aujourd’hui, c’est que tout n’est pas encore au point. Encore une fois, l’expérience promise par Microsoft est loin d’être optimale et satisfaisante, selon les jeux, selon les updates, selon beaucoup trop de choses. On est sur un vrai écosystème PC, qui a toujours besoin de bidouiller pour mieux performer. Le problème, c’est qu’à presque 1000€, on ne peut aps se permettre d’être aussi laxiste dans l’expérience client, surtout quand on sait que la concurrence, genre la Switch 2 et le SteamDeck font mieux au niveau de cet aspect et pour moins cher. Maintenant, la ROG Xbox Ally X reste évidemment la console portable la plus puissante, celle qui a le meilleur potentiel et celle qui tiendra mieux sur le temps, mais à date, au lancement, c’est compliqué de vous dire, allez-y foncez. Mieux vaut attendre quelques mois que tout soit stabilisé avec des patchs pour casser la tirelire. Mais clairement, le potentiel est là.