
Comme la saga Assassin’s Creed qui s’amuse à changer d’époque et de héros à chaque nouvel épisode, la franchise Pokémon semble vouloir suivre le même schéma narratif, notamment avec la série Légendes Pokémon, qui après nous avoir emmené dans une époque reculée, presque féodale avec l’épisode Arceus, Pokémon Légendes Z-A nous propose de revenir de nos jours, dans un cadre bien connu des fans et des Français. C’est en effet à Illumis, ville principale de la région de Kalos, et qui avait été le théâtre des combats des épisodes Pokémon X et Y. C’est donc un retour aux sources quelque part et des retrouvailles avec une cité qui rappelle Paris à bien des égards. Entre l’architecture hausmanienne, cette simili Tour Eiffel qui trône au milieu de la cité, et cette ville en forme de cercle, les ressemblances avec la capitale française sont frappantes. C’est donc dans un cadre très urbain que nous allons chasser du Pokémon, ce qui est d’ailleurs une première pour la franchise qui a toujours favorisé les chasses dans des cadres naturels. D’ailleurs, il faut bien admettre qu’on se sent un peu décontenancé par ces décors citadins qui n’appellent jamais à l’exploration. C’est d’ailleurs l’un des points qui fâchent concernant ce Pokémon Légendes Z-A qui offre un terrain de jeu pas très intéressant. Parce que passé la découverte des premières heures de jeu, rapidement, c’est la lassitude de déambuler dans les mêmes environnements qui va s’installer, surtout qu’en termes d’immersion, bah c’est fichtrement raté.
C’EST MOCHE OK, MAIS MOCHE COMMENT ?
Et c’est là que le bât blesse, et que les contraintes techniques liées à une réalisation décevante nuisent à l’expérience du joueur. Si l’on accepte davantage des contrées sauvages un peu vides, en ville, l’absence de vie a un impact immédiat sur la crédibilité des lieux. Alors oui, des passants, vous allez en croiser en vous baladant dans les rues, mais le moteur 3D étant optimisé avec les pieds, tous les passants vont apparaître devant nous avec un clipping des enfers. Même le premier Breath of the Wild sur la première Nintendo Switch ne proposait pas un poping aussi disgracieux. Et ce clipping fonctionne aussi bien en s’approchant des passants qu’une fois qu’on s’éloigne d’eux aussi. C’est terrible et surtout c’est systématique. Certains PNJ se déplacent pour donner un semblant de vie, mais la plupart de ceux qu’on va croiser sur notre route sont immobiles, voire même inertes. Rajoutez à cela le fait que tout le monde soit muet et que vous n’entendrez pas une seule fois le son d’une voix durant tout le jeu, et vous comprendrez qu’en termes d’immersion, on est à des années lumières de ce qui se fait sur le marché à l’heure actuelle. Et des économies d'échelle de cette trempe, Pokémon Légendes Z-A en fait des tonnes, et pas seulement en termes de visuels qui fait que le jeu est complètement obsolète graphiquement parlant. Entre les aplats de textures posés sur les façades des immeubles pour faire illusion, le manque de détails dans les décors et cette répétitivité des bâtiments dans toute la map, on se demande à ce stade si les développeurs de Game Freak ont le skill nécessaire pour s’attaquer à des jeux open world…
La question est on ne peut plus légitime, surtout qu’en matière de level design, c’est tout aussi laborieux, avec une construction des niveaux préhistorique. Alors oui, les fadas Pokémon diront qu’on a gagné en verticalité, mais il faut voir comment Game Freak a pensé les accès sur les toits d’Illumis, c’est-à-dire par le biais d’échelle et d’échafaudages. Par la suite, il y aura des points de téléportation, mais si jamais vous cherchez un peu d’originalité, vous allez déchanter. Il y a également un vrai souci de direction artistique dans ce Pokémon Légendes Z-A qui souffre d’un manque singulier de bon goût. Tout paraît factice dans Illumis, que ce soit les immeubles, les rues, les quelques parcelles de végétation, tout semble cloné d’une structure à l’autre, c’en est déprimant. L’œil bute sur des alignements de gros cubes vaguement texturés, parfois ornés de quelques LED bleues ou rouges, comme pour donner l’illusion d’une modernité artificielle. Mais cette parure clinquante ne fait que souligner la pauvreté du décor. Illumis ne donne pas l’impression d’une ville animée et vivante, mais d’un gros studio en carton-pâte où les murs ne sont là que pour cacher la misère. Reste alors les intérieurs, mieux travaillés que les décors extérieurs, mais c’est bien parce qu’on baigne dans un monde tellement sans intérêt que la moindre pièce un tant soit peu travaillée devient l’attraction du village. C’est en effet tragique.
TEMPS RÉEL & COOLDOWN
Le rythme de l’aventure est en revanche soutenu par le cycle jour/nuit et le fameux « Royale Z-A », qui est en réalité un tournoi nocturne qui transforme la ville en une arène géante, où il est possible d’affronter d’autres dresseurs. En effet, en journée, le joueur chasse des Pokémon, effectue des quêtes et poursuit le scénario, alors qu’une fois la nuit tombée, le Royale Z-A prend vie, avec une zone dédiée aux affrontements de dresseurs pour grimper du rang Z au rang A. Le tournoi change de zone chaque soir et intègre de légères phases d’infiltration pour surprendre l’adversaire. Il faudra d’ailleurs ne pas trop en demander côté stealth, c’est du archi basique, avec une infiltration digne des jeux des années 2000, c’est-à-dire avec 25 ans de retard. Mais le plus grand bouleversement de Pokémon Légendes Z-A reste le passage aux combats en temps réel. Le tour par tour, pilier historique de la franchise, cède la place à une boucle où esquive, timing et positionnement deviennent aussi importants que les types et les statistiques. Les combats gagnent ainsi en rythme et en dynamisme, d’autant que cet épisode introduit à nouveau les Méga-Évolutions, introduites dans Pokémon X et Y, sorti à l’époque sur 3DS.
Forcément, avec ce nouveau système plus libre et moins statique, chaque affrontement demande une observation constante, et même les vétérans des combats Pokémon devront réapprendre certaines stratégies. La variété est également au rendez-vous : corps-à-corps, attaques à distance, zones d’effet, temps de recharge et capacités de soutien enrichissent les mécaniques, mais sans sacrifier pour autant le plaisir immédiat. Cependant, cette nouvelle approche n’est pas sans limites, puisque les combats peuvent devenir brouillons dans des espaces confinés. Mais malgré cet écueil, la dynamique générale est grisante et renouvelle le gameplay de manière convaincante. Tout n’est donc pas que déception dans ce Pokémon Légendes Z-A, il y a même quelques belles idées, mais pour qu’on puisse enfin bénéficier de la transformation tant attendue de la licence, il va falloir que Game Freak se staffe, mette à jour ses outils, son moteur graphique et apprenne aussi à bosser sur comment rendre un open world intéressant. Pour le moment, on n’en est qu’aux balbutiements, mais avec tout le pognon que génère cette licence, il serait grand temps de passer à la vitesse supérieure, la vraie, pas celle qui fait illusion.
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