
Alors, commençons par poser les bases au cas où ce ne serait pas encore bien clair pour les deux du fond : Hyrule Warriors Les Chroniques du Sceau n’est pas un jeu Zelda classique. On ne va pas se balader dans un vaste monde ouvert, résoudre des énigmes ou chercher des Korogus à l’infini. Ici, on parle d’un Musô, qui est le terme pour évoquer un genre bien particulier venu du Japon, un beat’em all ultra massif où l’on passe 95% de son temps à dézinguer des vagues d’ennemis presque inertes, juste pour le plaisir coupable de tout défourailler. C’est un peu régressif comme jeu, mais les développeurs d’Omega Force ont acquis une telle expertise ces 30 dernières années qu’ils ont su faire évoluer le genre de fort belle manière. La preuve avec leur Dynasty Warriors Origins sorti en Janvier 2025 et qui était une belle réussite, aussi bien en termes de gameplay que de technique, de graphismes mais aussi de narration puisque le jeu avait fait l’effort de nous raconter une histoire qui tenait plus ou moins la route. C’est exactement l’objectif recherché avec Hyrule Warriors Les Chroniques du Sceau, qui va venir enrichir la chronologie officielle des derniers Zelda et combler les trous scénaristiques lorsque la princesse d’Hyrule a été catapultée dans le passé en introduction du jeu Tears of the Kingdom. Donc si jamais vous voulez tout savoir sur la Guerre du Sceau, ces événements qui étaient vaguement mentionnés dans TOTK, vous êtes au bon endroit, surtout que le studio Omega Force n’a pas lésiné sur la quantité de cinématiques. Non seulement, elles sont nombreuses, mais en plus, elles sont toutes doublées en français, avec des voix de qualité. Franchement, ça ajoute un vrai petit plus et ça rend certaines scènes beaucoup plus marquantes qu’on ne l’aurait cru pour un Musô, et surtout, ça permet de souffler entre deux batailles redondantes.
MUSÔ UN JOUR, MUSÔ TOUJOURS ?
Parce que oui, on va pas se mentir, Hyrule Warriors Les Chroniques du Sceau étant un Musô pur et dur, il n’y aura pas de grandes révolutions dans sa structure et son gameplay, et si jamais vous aviez déjà joué à Hyrule Warriors l’Ere du Fléau il y a 5 ans, c’est peu ou prou la même chose. En gros, on est catapulté dans des niveaux à plusieurs chemins qu’il faut parcourir pour tout simplement nettoyer la vermine qui y séjourne. Le pattern de base est le même que celui de n’importe quel Dynasty Warriors, à savoir marteler les touches pour enchaîner des combos, remplir une jauge afin de déclencher une attaque spéciale par la suite et faire le maximum de dégâts chez l’ennemi. Et ce n’est pas tout, il y a aussi les attaques synchronisées. En gros, lorsque deux personnages se trouvent à proximité et que vos skills le permettent, il est possible de balancer une attaque coordonnée qui déclenche une petite cinématique assez stylée. Et attention, chaque duo a ses spécificités : certains vont attaquer à distance ensemble, d’autres balancent des frappes monstrueuses, certains contrôlent des golems, il y en a pour tous les goûts, et chaque saynète est différente. Cerise sur le gâteau, certaines attaques synchronisées donnent des bonus aux héros, comme de la régénération de vie, un peu plus de protection, etc. Bref, ça ajoute vraiment du sel au gameplay et évite que le jeu devienne juste un “martelage de boutons” monotone. Chaque personnage a son propre pattern, sa petite signature, et ça, c’est plutôt cool. De même, pour donner un semblant de profondeur au gameplay, Hyrule Warriors Les Chroniques du Sceau introduit un système RPG où l’on gagne en XP, ce qui va monter en niveau et débloquer des compétences. Ces compétences, vous pouvez les choisir, les réorganiser, ou même les remplacer par des objets à utiliser en plein combat. Après, on va pas se mentir, c’est très léger comme système et on peut presque tout automatiser, mais on sent que les développeurs voulaient faire un peu illusion. 
CASSER LA ROUTINE, OU PAS...
Là où Hyrule Warriors Les Chroniques du Sceau n’arrive pas à berner le joueur, c’est dans sa structure, malheureusement trop basique et surtout qui n’a pas su prendre les nouveaux éléments stratégiques introduits le récent Dynasty Warriors Origins. Parce que oui, la plupart du temps, on progresse selon un schéma ultra simple : on rejoint un point A, on dézingue tout ce qui bouge, on élimine également le commandant de la zone pour débloquer le point B et on recommence. Pour tenter de varier les situations, le jeu nous propose différents objectifs par moments comme des captures d’avant-poste, éliminer un ennemi précis, escorter un PNJ dans une zone précise, etc. C’est assez basique, mais dans cette formule éreintée, il y a ce côté satisfaisant de tout défourailler avec les possibilités mises à disposition. La progression reprend les bases de l’épisode de 2020, l’Ère du Fléau, mais avec plus de cohérence. La carte d’Hyrule fait par exemple office de hub et inclut aussi bien la surface, les Profondeurs et les cieux, puisqu’il faut faire le lien avec Tears of the Kingdom. Depuis ce hub, on dispose de plusieurs options à chaque fois : avancer dans la trame principale, accomplir des missions secondaires, améliorer ses armes, apprendre des techniques, sachant que les quêtes principales prennent entre 15 et 20 min de jeu, tandis que les objectifs secondaires sont plus courtes, 5 minutes environ, mais permettent de récolter rapidement des ressources pour débloquer des améliorations. Ajoutez à cela des phases de shoot’em up lorsque l’un des personnages du jeu se transforme en véritable avion et vous comprendrez que les développeurs se sont creusés les méninges pour éviter la redondance. 
Justement, pour pallier cette répétitivité des actions, Hyrule Warriors Les Chroniques du Sceau va multiplier les personnages secondaires qu’on va pouvoir incarner. Rien de nouveau, c’était déjà le cas dans l’épisode précédent, mais aussi dans les Dynasty Warriors de manière générale. Link étant absent de cet opus, c’est Zelda qui est donc considéré comme le personnage central cette fois-ci. Elle n’a jamais été présentée comme étant une guerrière dans Breath of the Wild et Tears of the Kingdom, mais elle peut compter sur sa magie pour aller sur le champ de bataille. Ce n’est clairement pas le personnage le plus excitant à contrôler, mais fort heureusement, elle peut compter sur de nombreux alliés avec lesquels il sera possible de permuter, même en pleine bataille, il suffit d’appuyer sur la touche Haut de la croix directionnelle. Des alliés rencontrés au fil de l’aventure et des cinématiques, et qui vont varier un peu le gameplay, via de nouvelles mécaniques, des combos originaux, et des styles de combat différents. Par exemple, les Gorons frappent lourd, les Zoras exploitent l’eau, les Piafs se déplacent en lévitation, mais on va pas se mentir, les deux vrais personnages qui sont satisfaisants à manipuler n’est autre que Rauru et le guerrier Golem, qui n’est autre qu’un Link en devenir, transformations en plus. Quant à celles et ceux qui se posent la question, oui Hyrule Warriors Les Chroniques du Sceau propose un mode coopération à deux joueurs, en local ou en ligne en écran scindé. S’il est vrai que l’aventure est bien plus sympa avec un ami, le jeu en devient encore plus simple, sachant que de base, il n’est pas bien compliqué à terminer, Nintendo ayant baissé la difficulté pour son public cible. Mais il y a toutefois un bémol : toutes les missions ne sont pas jouables à deux. Parfois, le second joueur n’a d’autre choix que de regarder, ce qui est frustrant, surtout quand le premier joueur peut contrôler deux personnages. C’est un choix étrange qui limite un peu l’expérience multijoueur.
LE SCEAU DE LA FOI
Autre détail qui risquent de fâcher les joueurs un peu exigeants, c’est la technique. Si la Nintendo Switch 2 tient parfaitement la cadence, rendant enfin les combats fluides, sans chute de frame-rate, ou très rarement, même quand une cinquantaine d’ennemis sont balayés à l’écran, avec des effets visuels en veux-tu en voilà, le jeu souffre énormément d’aliasing, de textures parfois vides, d’une distance d’affichage franchement pas ouf et de décors un peu succincts. Oui, Hyrule Warriors Les Chroniques du Sceau ressemble davantage à un jeu Nintendo Switch 1 dans son rendu visuel, mais au moins grâce aux performances de la Switch 2, il n’est plus plombé par des ralentissements qui auraient pu nuir à l’expérience comme dans l’épisode L'Ère du Fléau. C’est déjà ça de gagné, mais par contre, on n’a toujours pas le sentiment de jouer sur une console portable de nouvelle génération graphiquement parlant, ça c’est certain. Heureusement, la direction artistique reste fidèle à la saga Breath of the Wild et TOTK, avec des couleurs pastels, mais si jamais vous avez joué à la version upgradée Switch 2 de ces deux titres, vous allez tirer la gueule, surtout qu’en plus, il y a un vrai gap entre le jeu et les cinématiques qui s’affichent en 720p, avec une image flou et des artefacts de partout. C’est très laid cette différence de traitement… Bref, on sent que le choix a été fait de privilégier la fluidité sur la perfection graphique, et dans le contexte d’un musô, c’est un compromis logique.
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