
L’une des particularités du premier Nioh, au-delà de son approche Souls-like assumé, c’est le choix de son personnage principal, Williams Adams, navigateur anglais, considéré comme étant le premier Anglais à avoir foulé les terres du Japon au XVIIème siècle, et par la même occasion le premier samouraï blanc. Un titre honorifique qui lui a permis d’être au cœur de 1001 histoires et d’avoir son moment de gloire pour lancer la franchise Nioh. Dans Nioh 2, rappelez-vous, les développeurs avaient opté pour un contre-pied total, puisque c’était un personnage lambda qu’on dirigeait et qu’il était possible de créer de toutes pièces. Pour Nioh 3, KOEI Tecmo a décidé de fusionner le compromis entre le personnage identifié du premier épisode avec toujours cette faculté à façonner son avatar de la tête aux pieds. C’est donc aux commandes d’un certain Tokugawa Takechiyo qu’on va démarrer l’aventure, lui qui est destiné à devenir le nouveau Shogun à l’ère Sengoku, mais qui va devoir faire face à la jalousie de son frère qui n’a qu’une idée en tête : plonger le Japon dans le chaos total. Il va ouvrir des portes qui vont permettre à des monstres et autres Yokais à envahir la Terre et c’est à Tokugawa Takechiyo de renverser la vapeur, avec sans doute un combat fratricide à la fin. Bon, l’histoire, c’est du classique de chez classique, et ce n’est pas vraiment ce qu’on recherche quand on se lance dans un jeu comme Nioh. Mais Nioh 3 va aussi se démarquer par la possibilité de traverser plusieurs époques historiques du Japon. Il y a l’ère Sengoku certes, mais aussi Edo et Bakumatsu, avec à chaque fois une énorme zone ouverte à explorer où rien n’est vraiment indiqué façon Elden Ring. A ce propos, KOEI Tecmo et Team Ninja n’aiment pas parler d’open world, mais plutôt d’open field. La nuance est subtile, mais elle explique que le terrain de jeu est découpé en plusieurs zones à découvrir ; forcément avec les différentes époques, c’est normal.
DEUX BUILDS POUR LE PRIX D'UN
La série a toujours été réputée pour sa difficulté et ce Nioh 3 ne fera pas exception. Si vous n’aimez pas les Souls-like, que l’ambiance dark-fantasy slash japon féodal slash monstres yokais à dézinguer ne vous plaît pas, passez votre chemin, Nioh 3 pousse les curseurs à fond les ballons avec en prime l’envie d’enrichir le gameplay de façon spectaculaire. Il était question de postures dans Nioh 2, dans cette suite, l’approche est un brin différente puisque Team Ninja propose cette fois deux styles complets : Samouraï et Ninja. Là où la technique du Samouraï repose sur la puissance, la maîtrise du Ki, les parades millimétrées et les trois fameuses postures qui ont fait la renommée du système Nioh, le Ninja adopte une approche diamétralement opposée : légèreté, mobilité, esquives acrobatiques, attaques dans le dos, subterfuges, armes légères et un Ninjutsu plus développé que jamais. C’est vraiment deux styles et deux approches de combat vraiment différentes et qu’on peut d’ailleurs permuter à la volée d’une simple pression sur le bouton R2. Le changement est instantané et ça permet de s’adapter à toutes les situations possibles et dieu sait que vous allez en avoir besoin tant ce Nioh 3 ne vous fera aucun cadeau. A noter également que chaque style de combat dispose de son propre arbre de compétences autonomes et deux sets d’armes diamétralement opposés. D’ailleurs, sachez qu’on peut jouer exclusivement Samouraï ou uniquement Ninja, le jeu ne vous imposera jamais tel ou tel style, le joueur est totalement libre de ses choix.
Nioh 3 introduit sinon de nouvelles mécaniques, notamment ce qu’ils appellent dans le jeu la Jauge d’Art, qui se remplit automatiquement lorsqu’on attaque ou qu’on bloque simplement. Une fois pleine, cette Jauge d’Art permet d’activer la Maîtrise des Arts qui place le joueur dans une situation avantageuse, avec une consommation de Ki réduite, des dégâts accrus et la possibilité d’enchaîner plusieurs attaques martiales successives. Et bien sûr, comme Nioh est un dérivé des Souls-like, le jeu n’oublie pas d'intégrer le système de Perfect Parry, baptisée “Déviation” dans le jeu en appuyant sur L1, et qui permet de récupérer du Ki, de recharger à la fois la Jauge de Ninjutsu et la Jauge d’Arts si on réussit à parer l’attaque d’un ennemi avec le timing parfait. Un conseil, apprenez à maîtriser les parades parfaites sur les mobs, parce que face aux nombreux Boss, vous allez en avoir grandement besoin.
YIPI YOKAI
Bon, vous le savez, la série Nioh n’a jamais cherché la simplicité, et Nioh 3 va complexifier les choses, avec notamment cette nouvelle mécanique de fusion qui s’intègre au système d’Esprits Gardiens. Il est toujours possible d’invoquer ces esprits via une jauge d’Amrita pour obtenir des techniques supplémentaires, tandis que la transformation en créature yokai devient une invulnérabilité temporaire et décuplent les dégâts qu’on inflige, mais avec un long temps de recharge. Les compétences Yokai Cores, qui sont les jauges liées à l’Amrita, permettent de gonfler l’arsenal, mais cette fois, la complexité est répartie sur deux styles distincts, ce qui la rend paradoxalement plus digeste, parce que justement, tout est réparti sur deux builds différents. Le risque, en revanche, c’est de devoir gérer deux builds complets, deux sets d’équipement entiers et deux arbres de compétences, ce qui peut vite devenir un fardeau pour certains. Et puis si jamais vous êtes allergiques au loot à foison, fuyez ce Nioh 3, le jeu en déborde de tous les pores, à l’image des précédents épisodes.
Comme je vous l’ai dit, Nioh 3 n’est pas un open world, mais un open field, ce qui veut dire que cet épisode abandonne les missions étroites et compartimentées des premiers épisodes au profit de ce que l’on pourrait appeler des « zones ouvertes ». De vastes régions, propres à chaque époque historique, que l’on peut explorer librement, avec un sens du danger et de la découverte plus palpable que jamais. Ces zones regorgent de points d’intérêt, d’ennemis cachés, de petites caves infestées de yôkai, de bases à reprendre, de sous-quêtes baptisées « Mythes » et d’éléments de progression qui incitent à fouiller chaque recoin. KOEI Tecmo promet que rieni n’est décoratif ou artificiel : chaque détour, chaque colline, chaque bâtiment abandonné sert un objectif, qu’il soit narratif, ludique ou destiné à renforcer le joueur avant l’épreuve finale. Bref, vous l’avez compris, on est sur une approche à la Elden Ring. Et puis, il faut aussi savoir que chaque zone ouverte se conclut par un Purgatoire, une sorte de donjon final pensé pour pousser les mécaniques du jeu à leur paroxysme et les joueurs dans leurs derniers retranchements. Par exemple, à l’intériur du Purgatoire, les ennemis infligent systématiquement ce qu’ils appellent l’Érosion vitale, une sorte de malus qui réduit progressivement la santé du joueur. Par contre, en rendant le joueur plus vulnérable,la quantité d’Amrita gagnée augmente considérablement, ce qui permet d’utiliser plus souvent la fusion avec son Esprit Protecteur, et donc de se transformer en yokai plus souvent. Tout est question d’équilibre.
Sur les 4-5h de jeu proposées par KOEI Tecmo, Nioh 3 nous a pas mal montré ses possibilités, et son gameplay désormais découpé en deux builds est in fine très intéressant. On pourrait croire au sans-faute, mais malheureusement, c’est du côté des graphismes que le jeu a du mal à convaincre. Soyons honnête, Nioh 3 ne rivalise pas avec les canons actuels : le modèle 3D du personnage est assez simpliste, les animations manquent de mouvements souples, les textures sont baveuses, le clipping est présent et surtout le moteur accuse le poids des années, car c’est toujours le même que Team Ninja et KOEI Tecmo emploient sur chacun de ses jeux. Alors bien sûr, le jeu est fluide, aucun souci, il tournait en 4K 60fps sur la PS5 Pro qu’on nous avait attribuée, mais graphiquement, Nioh 3 est un jeu en retrait, d’autant qu’en termes de direction artistique, le jeu ne fera pas non plus l’unanimité. On est certes dans un Japon féodal imaginé, mais ce côté corrompu par des miasmes venus des enfers, ce surplus de rouge et de noir saturent un peu trop l’image. Reste à voir comment le reste des environnements arriveront à varier les panoramas. Il ne faut pas hésiter à le dire : Team Ninja va devoir faire des efforts pour rivaliser directement avec les standards graphiques actuels.
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