Le premier point fort du jeu concerne certainement son scénario et l'époque à laquelle il se déroule. Située autour des années 60, l'action nous épargne les poncifs de la Seconde Guerre Mondiale et évite la confrontation directe avec les deux Modern Warfare ou le récent MEDAL OF HONOR. De plus, les développeurs ont zappé la sempiternelle mission d'entraînement et nous plongent directement dans l'action. Ici, l'objectif du premier niveau n'est pas de tirer sur des cibles en carton et d'apprendre à sauter, mais carrément d'assassiner Fidel Castro ! Cette entrée en matière musclée suffit pour apprécier la force du gameplay, toujours aussi fluide et intuitif. On évolue sans peine dans les décors et on vise avec précision sans même réfléchir. La mise en scène bénéficie également d'un grand soin puisque même le menu de lancement, qui met le joueur dans la peau d'un soldat ligoté sur une chaise, s'inscrit directement dans l'histoire que l'on vit. En effet, le scénario nous est conté du point de vue d'Alex Mason, un membre de l'unité spéciale SOG (Studies and Observation Group). Interrogé et brutalisé par de mystérieux tortionnaires, il revit les évènements les plus marquants de son passé à coups de flashbacks. Ce procédé narratif a l'avantage de s'affranchir de toute unité de lieu ou de temps et permet même, en de rares occasions, d'incarner un autre personnage que Mason. Résultat des courses : les situations sont extrêmement variées et la lassitude ne s'installe jamais. Cuba, Laos, Vietnam, Russie, Etats-Unis... le moins que l'on puisse dire c'est que durant la quinzaine de missions de la campagne, on voit du pays. Quelques moments forts se détachent du lot, à commencer par cette descente d'un fleuve asiatique où l'on s'enthousiasme moins pour la destruction des navires ennemis que pour la magistrale bande-son qui les accompagne : Sympathy For The Devil des Rolling Stones. On notera d'ailleurs que ce passage n'a rien d'une séquence sur rail puisqu'on dirige à la fois l'embarcation et la ligne de tir.
La chevauchée des balles qui rient
Plus étonnant encore, ce principe d'interactivité "maximale" est repris pour les incontournables séquences en hélicoptère. Désormais, il ne s'agit plus seulement de diriger la mitraillette mais également l'engin dans son ensemble. Même si elle n'a rien de réaliste, la maniabilité est absolument parfaite et offre de très bonnes sensations de vol. En revanche, n'espérez pas piloter réellement le SR-71 aperçu dans les trailers car la scène de décollage de cet avion stratosphérique n'est quasiment pas interactive. Elle n'en reste pas moins impressionnante et bienvenue, puisqu'elle ouvre la voie à une alternance répétée entre ciel et terre. Depuis les hauteurs, on indique la route à suivre à une équipe de soldats situés au sol, que l'on incarne par la suite en vue subjective lorsqu'ils doivent affronter des ennemis, avant de retourner dans le siège du pilote haut-perché. Plutôt sympathique ! La treizième mission risque également de rester dans les mémoires. Non seulement pour son atmosphère enfumée (on y évolue dans un épais nuage toxique, avec obligation d'utiliser la vision nocturne pour apercevoir les ennemis) mais aussi parce qu'elle renoue avec des mécanismes de gestion de santé à l'ancienne. Comprenez par là que dans cette mission, et dans cette mission seulement, votre vie ne remontera pas toute seule au bout de quelques secondes comme par magie. Les balles laissent en effet des impacts irréversibles sur le masque à gaz qui, à force de maltraitance, finit par se briser et causer la mort du joueur. Quelques grammes de difficulté dans un jeu qui n'en pose pas beaucoup par ailleurs. Au chapitre des bons moments, on peut également citer les quelques fois où l'on doit effectuer des descentes en rappel ou en tyrolienne. Tout cela s'inscrit dans un cadre des plus classiques pour un Call of Duty, où échanges de balles, cris et explosions hurlent de concert pour créer une ambiance toujours soutenue. De quoi passer quelques bonnes heures ! Plus précisément, il n'en faudra pas plus de six pour terminer la campagne en mode de difficulté standard. C'est certes devenu la norme pour les FPS à grand spectacle, mais cela reste tout de même peu dans l'absolu. Quelques autres reproches peuvent être émis, comme par exemple l'inégalité des graphismes. Si le travail sur la lumière est généralement admirable, notamment au Vietnam et à Baikonur, le moteur 3D accuse tout de même son âge par moments, notamment lorsque les visages sont affichés en gros plan. La gestion des scripts laisse également à désirer parfois, surtout lorsqu'un coéquipier nous ouvre la route. Il arrive régulièrement qu'on aille plus vite que lui et qu'on se retrouve à l'attendre pour qu'une porte accepte enfin de s'ouvrir. Autre grief, nettement moins important : les multiples rebondissements du scénario sont très plaisants mais largement prévisibles pour quiconque a une bonne culture cinématographique. De plus, ils nous font attendre en vain une mission finale bien spécifique (impossible d'en dire plus sans spolier...) que les développeurs n'ont pas osé intégrer. Le politiquement correct n'est pourtant pas de mise puisque l'aventure multiplie les séquences de torture, parfois même interactives. D'ailleurs la violence confine par moments de manière irréaliste, voire absurde, au gore, notamment lorsqu'on arrache les deux jambes d'un soldat avec une simple balle de pistolet...
Multi un jour, multi toujours
Mais comme c'est désormais la tradition dans les Call of Duty, le mode solo ne constituera finalement qu'un gros apéritif pour une grande majorité de joueurs, désireux d'en découdre en ligne. Ils pourront tout d'abord essayer le mode Zombie, jouable jusqu'à quatre sur deux maps différentes. L'une d'entre elles est particulièrement réjouissante puisqu'elle représente le Pentagone et nous fait incarner John F. Kennedy, Richard Nixon, Robert McNamara (ancien secrétaire de la défense sous Kennedy) et Fidel Castro. Le principe n'a guère changé depuis Call of Duty : World at War : on gagne des points en butant des zombies et en reconstruisant des barricades, points qui servent ensuite à acheter des armes et à ouvrir de nouveaux passages où se réfugier. Rien de révolutionnaire, mais cela reste très amusant à quatre (et très vite ennuyeux seul). Mais le gros morceau du jeu reste bien évidemment l'option multijoueur à proprement parler. On peut s'affronter sur quatorze maps différentes dans de multiples modes ("Team Deathmatch", "Free for all", "Search & Destroy", "Domination", "Headquarters", "Demolition", "Capture the Blag", "Sabotage", etc.) et même parier avec de la monnaie virtuelle ! Si ces CoD Points peuvent s'obtenir en jouant des parties de manière classique, on peut en décupler le montant grâce aux Wager matches. Jouables à six, ils se répartissent selon quatre modes différents : en One in the Chamber, chaque joueur n'a qu'une seule balle et trois vies, chaque mise à mort faite au couteau ou au pistolet rapportant alors une balle supplémentaire. En "Sharpshooter", les armes changent aléatoirement pour tout le monde toutes les 45 secondes. En "Sticks and Stones", un coup de Tomahawk réduit à zéro le score de la victime. Enfin, "Gun Game" mise tout sur la progression. On commence avec un simple pistolet et chaque kill donne accès à son auteur à une arme plus puissante. Les CoD Points engrangés (les trois premiers de chaque match récupèrent leur mise ainsi qu'un bonus) permettent par la suite d'acheter les armes, perks et killstreaks débloqués grâce aux niveaux d'expérience. L'ensemble des maps, modes, règles de jeu et diverses fonctionnalités (montage vidéo sur toutes les plates-formes, serveurs dédiés sur PC...) garantit une expérience riche et pérenne. Délectable en solo, Call of Duty : Black Ops devient quasiment indispensable en multi !