Après les événements de Metro Last Light, la vie continue dans les couloirs de métro moscovites. Mais loin de se contenter de cette vie de reclus, Artyom part régulièrement affronter les créatures mutantes à la surface, dans le but d'y trouver d'autres survivants. Naturellement, il va finir par découvrir des signes de vie, et se retrouve même à fuir à bord d'un train, avec Anna sa snipeuse de femme et quelques autres fidèles compagnons de route. Nous ne vous donnerons guère plus de détails en ce qui concerne le scénario, car l'aventure vous réserve un petit twist dès ses premières minutes. Pas de surprise en revanche en ce qui concerne les graphismes : tout comme ses prédécesseurs, Metro Exodus reste un mètre étalon en la matière. La première rencontre entre Artyom et un hurleur devrait vous en convaincre, l’œil vif de la créature prouvant à lui seul le souci du détail qui semble avoir guidé les développeurs. La diffusion de la lumière et les effets météo ne sont pas en reste, le jeu nous proposant régulièrement des panoramas absolument splendides.
Techniquement et artistiquement, on ne peut que s'incliner. Le soin apporté à la réalisation s'étend jusqu'à des aspects secondaires, que d'autres studios auraient tout simplement négligé. Les craquelures et saletés sur la vitre du masque à gaz, le fait qu'on puisse essuyer ce dernier d'un revers de main, ou encore les araignées qui courent sur l'écran si on ne brûle pas leurs toiles sont à nouveau de la partie. Et l'interface se montre presque entièrement diégétique, à la Dead Space. Autrement dit, la plupart des informations ne sont pas bêtement affichées à l'écran, mais intégrées à la combinaison d'Artyom (compteur Geiger, boussole indiquant la direction du prochain objectif principal, durée restant de filtres pour le masque à gaz…). Quant à la carte des environs, elle est matérialisée par un véritable objet dans le jeu, qu'Artyom peut retourner pour lire l'objectif en cours, présenté sous la forme de notes manuscrites. Le résultat est sans appel : la majeure partie du temps, aucun HUD disgracieux ne vient polluer l'écran.
METRO, BRICO, DODO
Il subsiste tout de même une ou deux exceptions à cette règle, comme la possibilité d'afficher les armes et munitions que l'on possède, ou encore les manipulations effectuées sur les établis. Mais c'est plutôt pour la bonne cause, puisque ce dernier point permet au joueur de personnaliser totalement les armes, grâce à des dizaines d'accessoires allant du chargeur à la lunette de visée, en passant par tel ou tel type de poignée. Il est également possible de fabriquer de nouvelles munitions et de nettoyer les armes (la crasse s'entasse visiblement dessus au fil du temps) afin d'améliorer leurs performances. Toutes ces opérations s'effectuent grâce des composants matériels et chimiques que l'on récupère dans l'environnement. Les armes pneumatiques, que l'on doit recharger en augmentant leur pression, répondent une nouvelle fois à l'appel et viennent elles aussi enrichir le gameplay des combats. Metro Exodus aime également inciter le joueur à choisir la voie de l'infiltration, toujours facultative puisqu'un échec dans ce domaine aboutit simplement au déclenchement d'affrontements plus directs. Mais il reste souvent préférable d'éteindre les différentes sources de lumière, de désamorcer les pièges et d'assommer les ennemis en les approchant par l'arrière afin de passer inaperçu dans certaines sections des niveaux. Le scénario apporte même régulièrement une justification à la clémence, par exemple en soulignant que nos adversaires sont des esclaves qu'il serait plus juste d'épargner. Vous pouvez toutefois faire comme bon vous semble, mais sachez que certaines de vos décisions auront parfois des conséquences sur le devenir de vos compagnons, et sur la fin de l'aventure.
LA BATAILLE DU RAIL
Jusqu'ici, Metro Exodus pourrait paraître comme un Metro de plus, et rien d'autre. Mais ce serait faire peu de cas d'Aurora, la locomotive qui transporte Artyom et ses amis. Ainsi, le récit adopte la structure d'un road movie, ou plutôt d'un rail movie, et nous fait traverser la Russie au rythme des différentes saisons de l'année. Plusieurs arrêts sont prévus, et chacun d'entre eux prend la forme d'un petit monde ouvert, qui propose de nombreux objectifs principaux et secondaires. Le joueur a tout intérêt à régulièrement sortir ses jumelles, afin de marquer les différents lieux singuliers de la map. Certains se révéleront être de simples repaires d'ennemis, qu'on pourra nettoyer pour récupérer du matériel, et d'autres seront bien plus importants, que ce soit en ce qui concerne leur taille, le soin apporté à leur modélisation, ou leur importance scénaristique. Le jeu propose quelques véhicules afin de raccourcir certains trajets, mais leur présence reste relativement anecdotique.
On pourra également trouver ici ou là des caches dotées d'établis, histoire de faire un peu de crafting entre deux missions, et de lits. Metro Exodus gère en effet un véritable cycle jour/nuit et nous laisse l'opportunité de dormir autant qu'on le souhaite, afin de pouvoir remplir certaines missions de jour ou de nuit, au choix. Dans le premier cas, on aura tendance à croiser plus de bandits, et dans l'autre plus de créatures monstrueuses. Les missions scénarisées vous prouveront quant à elles que ce sont parfois les êtres humains qui peuvent constituer les menaces les plus horribles. Certains groupes de survivants ne dépareilleraient pas dans The Walking Dead… L'univers se montre donc plus glauque et déjanté que jamais, le monde ouvert permettant alors de s'offrir quelques bouffées d'air frais. Le fait de visiter des lieux très différents à travers les quatre saisons de l'année apporte une grande variété au jeu, en matière de décors comme de bestiaire. Affronter des crustacés géants au bord d'un lac enneigé ou des créatures des sables dans le désert, ni Metro 2033 ni Metro Last Light ne pouvaient nous le proposer.
STRUCTURE DE L'ARTYOM
Mais le passage au monde semi-ouvert a à la fois des avantages et des inconvénients. L'aventure gagne en variété ce qu'elle perd parfois en personnalité. Certains passages contre des bandits du désert rappellent un peu trop Rage ou Borderlands. Et surtout, si la progression est beaucoup moins linéaire qu'avant, il faut faire en contrepartie avec un rythme moins maîtrisé. Le joueur doit faire face à de nombreux temps morts, notamment lorsqu'il s'agit de se rendre d'un point d'intérêt à un autre. Les déplacements paraissent parfois un peu longuets, surtout que la musique semble être réservée aux séquences de combat. Quelques boucles génériques pour accompagner les moments plus calmes n'auraient pas fait de mal. Les développeurs ont bien tenté d'ajouter de longs monologues et dialogues entre les PNJ en certains endroits, histoire d'insuffler de la vie dans le monde, et distiller ainsi quelques informations de lore au milieu de paroles plus ou moins banales. Mais du coup, le joueur qui ne veut rien manquer se retrouve régulièrement planté comme un piquet à ne rien faire, à part écouter pendant de trop longues minutes des personnages parler entre eux. De plus, Artyom reste désespérément muet quant on s'adresse à lui, ce qui a tendance à briser un peu l'immersion. Au passage, signalons que les voix anglaises sont jouées avec un accent russe, alors que la version française fait l'impasse sur ce raffinement. Au final, les plus gros défauts du jeu proviennent manifestement d'un manque d'expérience avec les mondes ouverts. On sent bien que la série s'y attelle pour la première fois mais, heureusement, cela ne vient pas gâcher l'expérience outre mesure. On s'habitue assez rapidement aux quelques moments de flottement, et l'aventure nous réserve de nombreux temps forts, qui viennent largement jouer en sa faveur.