Après avoir eu en main les modes Coup d’Envoi et exploré en long, en large et en travers, déjà ici, le mode Carrière, il nous tardait de mettre une main ferme et définitive – un peu comme celle de Manuel Neuer devant Neymar, pas forcément un bon souvenir européen pour les supporters du Paris Saint-Germain d’ailleurs – sur FIFA 21, histoire de savoir ce que cette édition a dans le ventre. Et surtout, de savoir comment le situer… Pourquoi cette question ? Parce que dans quelques semaines, FIFA 21 aura droit à son upgrade sur consoles next-gen (Playstation 5 et Xbox Series S et X). Parce qu’à l’arrivée d’une nouvelle génération de consoles et ce n’est pas qu’applicable et valable que pour EA et FIFA, l’allitération foot du géant américain a tendance à jouer la montre, histoire de mieux préparer son entrée sur son nouveau terrain de jeu. Alors, est-ce que ce nouveau FIFA se contente de jouer la temporisation ou se veut déjà un avant-goût des prochaines versions à venir ? Un peu des deux mon général. Non, en réalité, beaucoup plus de l’un que de l’autre, parce que si certains changements ont été apportés et devraient - ce n’est qu’un avis personnel - perdurer par la suite, on n’a pas pris réellement de gros risques côté EA. Ou alors, pas forcément les bons.
PARCE QUE LA MEILLEURE DÉFENSE, C'EST L'ATTAQUE
Explication : on va commencer par le plus important, le gameplay. Le nerf de la guerre. Celui qu’EA peine véritablement à conforter ces dernières années, le plus souvent par un défaut d’équilibre, en alternant des opus beaucoup trop défensifs… et les épisodes beaucoup trop offensifs. On casse le suspense tout de suite, c’est vers la deuxième option que tend clairement et en l’état - les patches, ça existe et ça va arriver prochainement, c’est certain - FIFA 21. Les mécaniques introduites cette saison sont toutes pour le jeu d’attaque : des appels de balle que l’on peut orienter soi-même lors d’un une-deux ou encore des joueurs que l’on peut locker - autrement dit choisir et bloquer - décidant ainsi qui fera un appel manuel de votre part. Si la première option est assez intuitive, bien qu’elle se perde un peu avec les nombreux mouvements “naturels” de vos joueurs - on y reviendra - la deuxième nous laisse toujours autant dubitative. Parce que pas du tout intuitive d’abord et parce que pas du tout confort à effectuer ensuite, sachant qu’après avoir bloqué votre joueur avec les deux sticks, c’est l’IA qui reprend la course du porteur du ballon, qui fera du surplace façon quaterback…
Oui FIFA 21 est aussi rapide que ces prédécesseurs, un peu moins dans le déplacement de ces joueurs mais beaucoup plus en raison du jeu de passes, avec une assistance poussée, des remontées de terrain beaucoup trop dynamiques et des profondeurs meurtrières une fois qu’elles sont trouvées.
Les mouvements des joueurs, on y revient, ont gagné en intelligence. Et en signature. Les renards des surfaces se comportent désormais véritablement comme tels, tandis que les friands de profondeur vont mordre avec envie dans les moindres espaces disponibles. En clair, tout le monde bouge sur le terrain, très bien, trop bien même pour la défense, qui, elle, ne suit pas bien toujours très bien ce remue-ménage. La faute autant à cette diversité offensive revendiquée qu’à la vitesse de l’ensemble : oui FIFA 21 est aussi rapide que ces prédécesseurs, un peu moins dans le déplacement de ces joueurs mais beaucoup plus en raison du jeu de passes, avec une assistance poussée (on le savait), des remontées de terrain beaucoup trop dynamiques (deux-trois passes maximum parfois) et des profondeurs meurtrières une fois qu’elles sont trouvées. On n’oubliera pas non plus de mentionner l’Agility Dribbling, ce procédé de dribbles censé vous permettre de vous libérer dans les petits espaces et qui s’avère finalement être une arme offensive de plus, une arme beaucoup trop forte pour être bloqué correctement par la ligne défensive adverse.
(TROP) CHAUD DERRIÈRE
Qu’a donc la défense pour s’opposer à ça ? Un moteur de collisions retravaillé réduisant de beaucoup les contres favorables. Une meilleure réactivité sur certaines pertes de balles. Et c’est… tout. Et c’est problématique, forcément. Entre des latéraux beaucoup trop vite aspirés (rien de neuf), une défense centrale qui a tendance à trop s’aventurer hors de sa zone (vite, les instructions individuelles) et des milieux défensifs qui ne remplissent pas leur rôle de sentinelle et sont trop vite éliminés, le constat est forcément frustrant. Si presser peut être une solution, elle est aussi à double tranchant, plus que l’an passé finalement, puisqu’une passe en profondeur sera synonyme de sanction quasi immédiate, le niveau des gardiens étant lui aussi assez dommageable, avec une facilité déconcertante (toujours) à encaisser des buts au premier poteau et dans des angles délicats, voire à mal se positionner face à l’attaquant adverse.
Il faudra vite un patch pour équilibrer un jeu qui en a déjà grand besoin.
Le physique de balle des frappes est assez curieux - les balles fusent à toute vitesse une fois les tirs enclenchés - et le jeu de tête un peu trop cheaté - très compliqué pour le défenseur de passer avec succès devant l’attaquant - pour peu que vous arriviez à centrer correctement. Bref, il faudra vite un patch pour équilibrer un jeu qui en a déjà grand besoin. S’il n’est pas désagréable à jouer, notamment lorsqu’on attaque, tous ceux qui avaient fait de la défense leur principale force de frappe risquent de déchanter fort. A moins de s’adapter au système, ce qui n’est vraiment pas aisé.
UN VOLTA PLUS SURVOLTÉ, UNE CARRIÈRE PLUS IMMERSIVE
Si le gameplay, clairement orienté vers les buts et le spectacle, manque d’équilibre, celui-ci se ressent plus sur le contenu du jeu, sur lequel les équipes d’EA Sports ont bossé. Certes, il n’y a pas révolution en la matière et l’essence des différents modes déjà présents est respectée. Mais voilà, Volta, arrivé un an plus tôt, voit son contenu consacrée à la street culture s’étoffer de collaborations avec des artistes, des joueurs (Hector Bellerin d’Arsenal notamment) et d’expérience de jeu, aussi, puisque les stars du foot vont pouvoir être recrutables via le mode Clashs à l’honneur. Un défi gagné contre l’équipe d’un d’entre eux et c’est l’intégration dans votre team assurée. Une bonne nouvelle, sans compter celle de l’arrivée du jeu en ligne à 5 contre 5 sur les différents modes de Volta, jouable avec des inconnus certes mais aussi avec vos amis. On passera le scénario du mode, toujours propice à mettre en lumière certaines gloires du foot (Kaka en première ligne) mais qui manquent de liant et de coffre pour véritablement entrer en immersion dedans. Ce n’est pas le cas du mode Carrière, lui beaucoup plus étoffé et qui a vu ses grandes lignes de fonctionnement revues. L’aventure en club se veut désormais plus interactive, avec des immersions in game pour prendre le contrôle de votre destin, ainsi qu’une approche plus Football Manager des matches mais aussi de votre effectif, entre le dynamisme, la forme et le tranchant de vos joueurs à prendre en compte. On ne reviendra pas sur ce mode, puisque notre dernière preview concernant FIFA 21 lui était consacrée. Mais quelques semaines après celle-ci, le charme opère toujours, pour notre plus grand plaisir.
Un FUT plutôt bien rempli
Enfin, comment être complet sans aborder le mode de jeu roi sur FIFA, Ultimate Team ? Si l’essence du mode reste la même, EA a opéré quelques changements assez importants. La fin des cartes forme en est un, avec ce que cela implique comme économie et gestion d’effectif de la part du joueur. On apprécie également la nouvelle interface, qui tient sur deux écrans bien distincts, l’un consacrés aux objectifs et récompenses et l’autre aux modes de jeu. La personnalisation du stade est un des axes sur lesquels EA a beaucoup communiqué cette année et si elle est plaisante en plus d’être assez complète (couleurs des sièges, tribunes, chants de supporters, hymne du club, stade), elle fait vraiment office d’accessoire plus que de vrai plus. Mais elle a le mérite d’exister.
On aurait aimé avoir, en fin de génération, un moteur graphique aux allures un peu moins vieillot.
La vraie nouveauté, outre l’interface et des contenus Live plus riches sur FUT, c’est l’arrivée du co’op sur les modes Divisions Rivals et Clashs d’Equipes et l’opportunité de remporter des récompenses pour les deux joueurs. De quoi entretenir la flamme d’un jeu dans le jeu, toujours aussi pay to win mais qui a le mérite d’être jouable et de tout faire pour être joué d’octobre… à octobre l’année prochaine. Que dire d’autre sur ce FIFA 21 ? On aurait aimé avoir, en fin de génération, un moteur graphique aux allures un peu moins vieillot. L’ensemble est de qualité, c’est indéniable, mais EA a encore et toujours cette propension à rater certaines modélisations et accuse toujours le coup, sur ce dossier, devant son concurrent PES. Ce dernier, qui a choisi la stratégie d’une mise à jour, avec un jeu patché d’entrée contrairement à l’édition précédente, a pris le parti de renouveler son gameplay ces dernières années et a d’ores et déjà annoncé la couleur pour la prochaine génération de consoles, en donnant un rendez-vous attendu pour l’année prochaine. Au-delà de son manque d’équilibre, au-delà d’un contenu tout de même enrichi, c’est peut-être ce que l’on peut reprocher à ce FIFA 21 : de manquer de clarté dans sa politique et son enjeu, alors qu’il n’en demeure pas moins, malgré ces imperfections, un bon jeu de foot tout de même.