
Call of Duty a beau être une licence qui semble aujourd’hui intouchable, capable de vendre entre 10 et 30 millions de copies chaque année, la concurrence devient de plus en plus féroce. Rien que cette année, en 2025, Call of Duty doit affronter deux mastodontes du jeu multi qui sont en train de tout fracasser sur leur passage, à savoir Battlefield 6 et ARC Raiders. Battlefield 6, qui est sorti le mois dernier, a été ressuscité par l’ancien créateur de Call of Duty, Vince Zampella, et qui a permis à son jeu de se vendre à 7 millions de copies en l’espace de 3 jours. Quant à ARC Raiders, personne ne l’a vu venir avec ses 4 millions de ventes en 15 jours, et pourtant, c’est un jeu qui a aussi été imaginé par des spécialistes du jeu de guerre multijoueur, puisque le PDG du studio Embark est un ancien de chez DICE, les créateurs de Battlefield 6. Et c’est désormais aux côtés des sud-coréens de Nexon que ce dernier travaille puisque Embark Studios appartient à Nexon. La routourne a tourné les gars, j’arrête pas de vous le dire… Tout ça pour vous dire que l’hégémonie de Call of Duty dans le genre FPS multi de guerre, elle est remise en question en 2025, d’autant que depuis le rachat de la licence par Xbox et le fait que le jeu soit désormais day one sur le Game Pass a créé un manque à gagner énorme pour Activision. Si l’on en croit un rapport de Bloomberg en octobre dernier, depuis le rachat par Xbox, Call of Duty a perdu 300 millions de dollars, ce qui est évidemment énorme. Bref, le colosse Call of Duty semble aujourd’hui bien fébrile et ce n’est pas ce Black Ops 7 qui viendra me contredire…
(RE)CALE of duty
Parce que même si Call of Duty a beau être un jeu tourné vers le multijoueur avant tout, la campagne solo a toujours autant son importance. Je l’ai déjà dit et je le redis, il existe des gens qui achètent Call of Duty chaque année juste pour la campagne solo avant ensuite de revendre le jeu. C’est évidemment une minorité face à la commu Kalof qui n’attend que de se retrouver en ligne, mais il suffit de voir les épisodes où Activision a décidé de se débarrasser du solo, Black Ops 4 au hasard, pour comprendre qu'il est impossible de sortir la campagne de son équation. Mais comme chacun sait, fabriquer un vrai mode solo, ça demande énormément de temps, beaucoup d’argent aussi et un certain sens de la créativité. Et ça, c’est clairement quelque chose qui a manqué à Treyarch et à Raven Software, puisqu’ils avaient moins d’une année pour façonner cette campagne solo. Comment faire du coup pour faire illusion ? Treyarch et Raven Software ont alors eu l’idée de recycler énormément de choses présentes dans le endgame et le mode zombies pour gagner du temps. En gros, si vous vous attendez à une campagne solo classique, avec mise en scène hollywoodienne et scénario nanardesque comme à son habitude, vous allez vite déchanter. Ce qu’il faut savoir déjà, c’est que la campagne solo de Black Ops 7 est jouable en coopération jusqu’à 4 joueurs, un peu comme Black Ops à l’époque en 2015, sauf que cette fois-ci, la proposition se heurte à de nombreux problèmes qui font que ce n’est pas une vraie campagne solo, mais plutôt un cache-misère façonnée en 2-4-6 pour faire illusion. En fait, étant donné que cette notion de coop’ constitue le paramètre majeur de cette campagne, le lancement des missions s’apparente à celui d’une partie multijoueur, c'est-à-dire qu’il est possible d’être rejoint par des amis ou des inconnus via le matchmaking. Comme si on était en multi. D’ailleurs, il y a systématiquement un compte à rebours qui précède le début de chaque mission, avec la possibilité en plus de converser avec eux. Quand vous êtes avec des potes, ça pose aucun souci, mais dès que vous êtes rejoints par des inconnus, c’est beaucoup plus compliqué. Bref, je vous recommande de couper votre micro et celui de vos partenaires si vous n’avez pas envie de les entendre hurler comme des bœufs ou commenter le moindre truc. En termes d’immersion, c’est complètement WTF et ça ruine complètement le jeu.
SOLO, MAIS PAS TROP
Mais ça c’est rien, il y a bien plus grave, comme le fait que cette campagne solo coop requiert une connexion obligatoire en permanence. Même si vous jouez en solo, il est impossible d’y jouer hors ligne et le pire, c’est que si jamais vous êtes victime d’une coupure Internet, la campagne devient inaccessible et entraîne une erreur et vous allez vous retrouver au tout début de la mission. Parce que oui, il n’y a pas de checkpoint dans le jeu. Si jamais vous mourrez, vous respawnez à côté de vos coéquipiers, mais s’il n’y a personne avec vous, vous reprenez depuis le début de la mission. Pareil, impossible de mettre en pause le jeu. Si jamais vous avez envie de pisser ou s’il y a une urgence domestique, vous ne pouvez pas arrêter la partie, le jeu continue et c’est la mort assurée. Et le pire, c’est que si jamais vous trouvez une planque pour être à l’abri des tirs et que vous allez vaquer à d’autres occupations, le jeu vous expulse de votre partie pour cause d’inactivité, et vous recommencerez depuis le début de la mission. C’est du délire.
Et puis, il y a aussi le fait que vous êtes dépendant de vos coéquipiers. En gros, si jamais vous avez envie de zapper une cinématique, il faut que tout le monde valide le fait de ne pas la regarder. Il suffit qu’un seul gars ait envie de tout regarder et vous êtes prisonnier de sa décision. Ce qui est logique, mais ce qui est archi relou, soyons honnête, surtout si vous vous êtes déjà farci la cinématique. Alors attention, ce n’est pas parce que la campagne solo de Black Ops 7 propose des cutscenes en CGI et via le moteur du jeu qu’elle bénéficie d’une mise en scène digne de la série, que chi, que dalle ! La progression se fait de façon très basique, avec une progression bateau, sans aucune saveur et juste des zones à nettoyer. On s’est rarement autant ennuyé dans une campagne solo de Call of, d’autant que l’histoire ne fait qu’aggraver la situation, puisque tout a été écrit soit avec les pieds, soit avec un ChatGPT qui aurait eu un mauvais prompt, je sais pas.
"JE FAIS CE QUE JE VEUX (AVEC MES CHEVEUX)"
Séquences hallucinatoires et délires psychédéliques sont d’ailleurs les thèmes de ce scénario éclaté où David Mason, le fils d’Alex Mason, qui dirige une unité spéciale d’élite, baptisée JSOC, et qui a pour mission de démanteler La Guilde, une organisation terroriste qui manipule la perception et injecte de la peur à travers des outils connectés et un gaz qui vont directement taper dans le cerveau des soldats. C’est nanardesque au possible et surtout, ça nous envoie dans des délires WTF qui n’ont plus rien à voir avec Call of Duty. Alors je sais que ce n’est pas la première fois que la série tente des choses un peu plus loufoques et futuristes, mais là, c’est trop… Résultat, on se retrouve avec des robots, des zombies, des plantes mutantes, des machettes géantes qui tombent du ciel et des flashbacks dans le passé pour justement justifier tout le recyclage utilisé par les développeurs. On prend les cartes de la map endgame, les monstres du mode zombies, on fait revenir Franck Woods et Alex Mason pour la nostalgie, on secoue le tout et advienne que pourra. On nous fait croire que l’histoire a été écrite pour être la suite de Black Ops 2 et Black Ops 6, mais on préfère oublier son existence tellement c’est mauvais. C’est absurde, gênant et désolant de voir combien c’est raté. Le seul truc positif à cette campagne solo mytho, c’est qu’on accumule de l’XP, qu’on fait progresser ses armes et qu’on débloque des capacités qui serviront direct lorsqu’on passe en multi. Le reste, c’est à jeter à la poubelle.
KALOF ENDGAME
Ce qu’il faut savoir sinon, c’est qu’une fois la campagne terminée, on débloque le endgame, qui est en fait une grosse zone ouverte dans lequel on va poursuivre l’aventure, mais de façon plus libre. La campagne se transforme alors en PvE, en mode extraction shooter où l’on doit explorer Avalon, trouver du loot, augmenter son niveau de puissance, survivre à des hordes d’ennemis et tenter une extraction avec un combat final. La map est suffisante grande pour donner du biscuit, d’autant qu’elle est limitée par des zones avec des paliers de difficulté qui avertissent si le joueur a le niveau suffisant pour s’y rendre. Sur le papier, ça aurait pu être intéressant si les développeurs avaient bossé correctement le truc, mais une fois sur la map, on se rend compte que tout a été fait un peu par-dessus la jambe. Il faut dire que la carte propose un level design tellement peu intéressant qu’on passe plus de temps à se balader qu’à véritablement profiter de sa construction. Alors oui, on peut profiter des pouvoirs qu’on a pu expérimenter dans la campagne, comme le saut cinétique, le grappin et le bouclier protecteur en forme de dôme, mais comme les ennemis sont tous des sacs à PV et que leurs comportements frôlent le néant absolu, on se lasse vite de ce endgame anecdotique. C’est d’autant plus vrai que de l’autre côté, il y a ARC Raiders qui propose la même chose en 10 fois plus intéressant. Difficile du coup ne pas comparer.
En ce qui concerne le mode multijoueur, Call of Duty Black Ops 7 s'inscrit clairement dans la continuité de Black Ops 6 et ça ne pouvait pas être autrement avec même pas un an de production. Treyarch et Raven Software ont donc repris ce système d’omni-mouvement qui avait fait fureur l’année dernière et qui offrait une mobilité grisante. Cela veut dire donc que le sprint, les glissades et les plongeons sont toujours d’actualité, mais tous ces mouvements s’accompagnent désormais du walljump, à ne pas confondre avec le wallrun. Non, le walljump consiste à utiliser le décor pour réaliser des rebonds contre les murs, et ainsi atteindre des positions avantageuses ou carrément surprendre un ennemi. Contrairement au wallrun de Black Ops 3, le walljump est plus cadré et plus cohérent avec la physique du jeu et s’intègre de manière fluide aux différentes maps, en apportant un peu plus de verticalité. Le problème, c’est que les cartes proposées ne sont pas suffisamment bossées pour justement tirer partie de ces walljumps. Il y a bien quelques endroits stratégiques, mais on aurait aimé des level design plus ingénieux pour que cette nouvelle feature de mouvement soit pleinement exploitée. Du coup, on en sort un peu frustré. 
ON THE BATTLEFIELD
Il faut dire aussi qu’au lancement de Black Ops 7, Treyarch et Raven Software ont opté pour pas mal de recyclage au niveau des maps, avec le retour de Hijacked, Express, et Raid. Une manière très subtile de recycler des assets pour aller plus vite en termes de production, tout en maintenant le discours de la nostalgie. Et il est vrai que de se retrouver dans ces environnements vieux d’il y a 13 ans, ça fait son petit effet. Le truc, c’est que Black Ops 7 a fait évoluer son gameplay au point où tout ne se joue plus comme en 2012. Tout va très vite, trop vite pour certains, au point où l’on se demande la pertinence de certaines maps, bien trop étriquées pour nous laisser le temps de respirer. Evidemment, les fans absolus de Kalof nous diront d’aller jouer à Battlefield 6 si on veut un peu plus de stratégie et d’ouverture dans le gameplay, car il est évidemment que Call of Duty Black Ops 7 assume pleinement son ambiance jeu multi ultra speed avec injection de Red Bull en intraveineuse. Très franchement, j’apprécie autant mes parties sur Battlefield 6 qe Black Ops 7 et j’ai pris parfois un pied monstre ces 5 derniers jours sur le FPS d’Activision, mais parfois, et je dis bien parfois, c’était trop, limite un peu claustro, où tout le monde se marche dessus comme si on était dans le RER B à Châtelet les Halles aux heures de pointe. Que ce soit le time-to-kill, le time-to-die, les grenades qui one-shot, la tourelle de drones, les chiens robots invincibles, tout me paraît beaucoup trop frénétique par moments et calibré avec les potards à fond les ballons. Même certains respawns sont parfois douteux, puisqu’il n’est pas rare que je sois apparu plusieurs fois devant l’ennemi sans même comprendre que j’étais déjà mort. Il y a clairement un souci de réglages et d’équilibrage.
GAMEPLAY DEUSPI
Après Call of Duty restera Call of Duty et Black Ops 7 ne semble pas se détourner de cette directive. C’est un jeu qui va droit à l’essentiel, un peu trop d’ailleurs, et surtout un jeu qui n’évolue que trop lentement, parce que les temps de développement sont trop courts pour que les équipes puissent prendre du recul, mais aussi parce que la commu refuse tout changement. Avec 16 cartes 6v6 au lancement — treize inédites et trois issues de Black Ops 2 — le multijoueur propose un contenu plutôt généreux au lancement. Côté modes, le jeu reste fidèle à la panoplie classique, avec du Team Death Match, du Domination, de la Recherche et destruction, tout en ajoutant le mode Surcharge, qui est une sorte de de capture de drapeau mais en plus dynamique et évolutif. L’objectif est en effet de capturer, escorter et défendre un dispositif unique avec des emplacements qui évoluent sur la map. Il y a de la tension, pas mal de stratégie et le besoin de communiquer dans la team, c’est clairement un bon point. Ce qui n’est pas le cas avec le mode Engagement en mode 20 contre 20 où la vibe Battlefield se fait clairement ressentir. Des maps immenses, des véhicules, la wingsuit, sur le papier, c’est cool, une fois sur le terrain, c’est la désillusion, non seulement les cartes sont peu palpitantes, avec un level design qui donne l’impression d’avoir été généré aléatoirement par IA. Call of Duty veut jouer dans la cour de Battlefield, mais sans l’expertise ni le savoir-faire. C’est vraiment l’un des gros ratés du jeu. Pour compenser cette déception, on peut alors fêter la disparition du SBMM et c’est un soulagement pour tout le monde, puisque ça signifie que tout le monde peut jouer avec tout le monde, en donnant une dynamique plus aléatoire certes, mais plus logique. 
Récapitulons : campagne solo vraiment nulle, zéro pointé, endgame anecdotique et osef et multijoueur classique qui se repose trop sur ses lauriers, que reste-t-il alors à ce Black Ops 7 pour se sauver de la noyade ? Bah le mode Zombies. Il fait partie des meubles de la licence, toujours apprécié par les joueurs, mais qui là aussi manque clairement d’inspiration pour se démarquer des autres épisodes. La grosse nouveauté cette année, c’est l’ampleur de sa carte principale, Ashes of the Damned, qui offre un souffle un peu plus open world au joueur, au point où l’on peut se déplacer en véhicule. Un véhicule qui ne sert d’ailleurs pas qu’à se déplacer, mais aussi à se battre. En plus de pouvoir rouler sur les morts-vivants, on peut placer des tourelles, acheter des modules de défense et améliorer ses armes en greffant le Sacré Punch dessus. Il faut même faire attention aux dégâts et parfois procéder à des réparations. Tout cela apporte un certain sens de la stratégie aux vagues de zombies qui se déversent sans discontinu. Tout seul, on s’emmerde vite, mais à plusieurs, ça devient plutôt fun. Dommage par contre que la map, aussi grande soit-elle, manque clairement de lieux iconiques et soit finalement assez plate voire même linéaire. Là encore, le level design est pas terrible.
GORILLES DANS LA BRUME
Reste alors le fameux mode Dead Ops Arcade 4, qui est toujours là pour proposer quelque chose de plus léger, plus arcade dans l’âme, avec ce côté WTF qui lui est caractéristique. Pour beaucoup, ce mode à part dans l’écosystème Call of Duty est un vrai plaisir coupable, qui est jouable seul ou en équipe jusqu’à quatre joueurs. Ça ne se prend évidemment pas au sérieux, c’est du bonus, il y a plein de mini-jeux complètement débils, un gorille cosmique complètement barré, des milliers de zombies arc-en-ciel à dézinguer, des pouvoirs complètement débiles, du shoot’em up et même des sessions de karting. C’est absurde, c’est fun, mais en vrai, c’est sympa 30 min et c’est vite oubliable. Ça fait du contenu en plus gratos à moindre frais pour les développeurs on va dire, mais en vrai, c’est très dispensable… Et enfin, pour terminer, j'aimerais ajouter que visuellement ce Call of Duty Black Ops 7 semble avoir regressé par rapport à Black Ops 6. Je ne sais pas si c'est le délire futuriste WTF qui donne ce sentiment de dégradation visuelle, mais face aux standards d'aujourd'hui et à la concurrence, ce Black Ops 7 fait pâle figure...
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