Après plusieurs années de silence et un développement compliqué, Pragmata est sur de très bon rails. On n’a pas encore la date exacte de sortie, mais il arrivera en 2026 c’est sûr, soit 4 ans après sa sortie initiale de 2022. Capcom a rencontré des difficultés pour trouver le bon équilibre en termes de gameplay, être suffisamment innovant sans pour autant sacrifier l’appétence des joueurs pour l’action pure et dure. Lors de la Summer Game Fest de Los Angeles en juin dernier, j’avais pu jouer à 20 minutes de démo, et pas une minute de plus, la démo se coupait brutalement une fois le timer arrivé à la fin, mais cette fois-ci, j’ai pu prendre mon temps, tester les mécaniques de gameplay, explorer à ma guise et surtout tenter des choses.
Pour ceux qui n’auraient pas eu l’occasion de consulter ma preview d’il y a quatre mois, il convient de replacer Pragmata dans son contexte narratif et scientifique. L’intrigue se déroule dans un futur où l’humanité a mis au jour un minerai lunaire nommé Lunam Ore, capable d’être transformé en Lunafilament, un matériau aux propriétés quasi illimitées, proche d’une imprimante 3D ultra-avancée. Cette découverte promettait de bouleverser la production et la technologie terrestre, mais les événements prennent rapidement une tournure dramatique. Une station de recherche lunaire, dédiée à l’étude de ce minerai, perd soudain tout contact avec la Terre. C’est Hugh Williams, astronaute ordinaire, qui est dépêché sur place pour enquêter sur cette anomalie. Comme il se doit dans ce type de récit, sa mission ne se déroule pas sans incidents : un séisme lunaire le sépare de son équipe, le plongeant dans une situation périlleuse et isolée. C’est alors qu’intervient Diana, une androïde prenant l’apparence d’une enfant, qui le secourt. Leur rencontre marque le point de départ de la démo, introduisant immédiatement le joueur à l’univers de Pragmata et à ses mécaniques de gameplay, tout en instaurant une dynamique de relation complexe entre l’humain et l’androïde. Ce cadre allie science-fiction stylisée et tension narrative, posant les bases d’une exploration qui promet autant de défis tactiques que de moments émotionnels.
HUGH & DIANA : DEUX PERSOS COMPLÉMENTAIRES
Dès les premières minutes, il apparaît essentiel de lancer les previews hands-on et de se familiariser avec le tutoriel, tant le gameplay de Pragmata exige un léger temps d’adaptation. Cependant, après seulement quelques minutes de prise en main, le système devient étonnamment fluide et intuitif, témoignant d’un équilibre réussi entre complexité et accessibilité. Le gameplay repose sur deux piliers complémentaires : le combat incarné par Hugh et le piratage assuré par Diana. Hugh, personnage principal que le joueur contrôle directement, dispose d’un arsenal varié et d’une maniabilité agréable. Il est équipé de propulseurs qui lui permettent de sauter, de léviter brièvement ou de dasher, offrant une grande liberté de mouvement et une dynamique de combat plaisante. Diana, bien que personnage secondaire et participante passive, constitue la véritable originalité du titre. Elle introduit le système de piratage, via des mini-jeux à réaliser en temps réel pendant les affrontements. Cette mécanique impose au joueur de conjuguer réflexes et stratégie, mêlant action et réflexion dans un rythme soutenu qui distingue immédiatement Pragmata des shooters traditionnels. L’association des compétences de Hugh et des interventions de Diana crée un tempo unique, où précision, anticipation et créativité sont récompensées, même lors des séquences les plus intenses.
REAL-TIME HACKING
La mécanique de piratage de Pragmata est à la fois simple à comprendre et remarquablement efficace. Lorsqu’un ennemi est ciblé par Hugh, Diana fait apparaître une grille holographique sur laquelle le joueur doit déplacer un curseur à l’aide des boutons de la manette — carré, triangle, cercle, X — pour atteindre le nœud central et réussir le hack. La grille comporte également des nœuds secondaires qui renforcent l’efficacité du piratage ou confèrent des bonus à Hugh, tandis que certaines zones demeurent inaccessibles, obligeant le joueur à trouver rapidement d’autres chemins. Et comme tout se déroule en temps réel, sans ralentissement, les ennemis continuent d’attaquer, ajoutant une tension permanente et exigeant une concentration simultanée sur piratage et combat. L’intégration de cette mécanique aux boutons de façade, tout en conservant le rythme frénétique de l’action, constitue un choix de design particulièrement habile. Les combats deviennent intenses et dynamiques, mais restent toujours ludiques et gratifiants. Le joueur peut continuer à se déplacer et esquiver pendant le piratage, ce qui impose une coordination constante entre anticipation, réflexes et gestion de l’espace. Lorsque plusieurs adversaires occupent le champ de bataille, le chaos atteint son paroxysme, mais la sensation de contrôle demeure intacte. Un point souvent méconnu — que beaucoup de testeurs, moi y compris, ont négligé lors de ma session de juin à Los Angeles — est que le piratage n’est pas strictement obligatoire. Il est tout à fait possible de se passer des interventions de Diana et de s’en remettre uniquement aux armes de Hugh. Cette approche reste viable, mais prend plus de temps et consomme davantage de munitions, soulignant subtilement que le jeu incite à exploiter pleinement le hacking, sans pour autant le rendre indispensable. Ce choix de design renforce la liberté du joueur tout en préservant l’intensité et la fluidité du gameplay.
Hugh dispose d’un arsenal diversifié, offrant au joueur un panel de possibilités stratégiques. Le Grip Gun, le Shockwave Gun — sorte de fusil à pompe infligeant des dégâts massifs à courte portée — et le Stasis Net (ou Sphère de Tase) permettent de figer temporairement les ennemis pour faciliter le piratage. Chaque arme est pourvue de munitions limitées et disparaît après usage, incitant ainsi le joueur à expérimenter et à ajuster sa stratégie au fil de l’aventure. Dans cette démo, seules trois armes étaient disponibles, mais il est probable que d’autres viendront enrichir l’arsenal final. La combinaison tir + piratage constitue l’une des mécaniques les plus originales du jeu. Alors que de nombreux shooters contemporains s’appuient sur l’esquive et le parry, Pragmata valorise la précision et la rapidité du piratage, offrant une dynamique de jeu à la fois tendue et gratifiante. La réussite d’un hack sous pression procure un sentiment immédiat de satisfaction, renforçant l’immersion et le contrôle du joueur sur l’environnement. Mais le jeu ne se limite pas aux affrontements : les niveaux intègrent également exploration et énigmes légères. Pirater des terminaux, des serrures ou d’autres systèmes constitue autant de micro-défis, qui varient le rythme et sollicitent la réflexion tout en maintenant la tension. Cette approche hybride, mêlant action frénétique et petits casse-têtes, promet une expérience à la fois intense et stimulante, où chaque succès tactique se traduit par un plaisir immédiat et tangible pour le joueur.
La démo offrait notamment un affrontement marquant contre un boss final de taille colossale, incarné par un gigantesque mecha. Malgré son imposante stature, l’adversaire faisait preuve d’une agilité surprenante, alternant déplacements rapides, tirs de missiles et lasers dévastateurs. Pour le vaincre, il fallait combiner mobilité, précision et piratage stratégique, ciblant les points faibles situés à l’arrière de la machine. Une mise en scène particulièrement réussie pour un premier combat de boss, qui mettait déjà en lumière la profondeur tactique et la variété des mécaniques de gameplay. Autre aspect frappant : la relation entre Hugh et Diana. L’ambivalence qui se dégage de ce duo est fascinante : d’un côté, Hugh, profondément humain, confronté à ses émotions et à ses responsabilités ; de l’autre, Diana, androïde, aux réactions mécaniques mais incarnée par les traits d’un enfant. Ce contraste crée une dynamique quasi parentale, où protection, empathie et instinct de survie s’entrelacent, apportant une dimension émotionnelle inattendue à ce titre par ailleurs très orienté action.