Pendant longtemps, Where Winds Meet a été comparé à Ghost of Tsushima, mais dans un contexte chinois. Et il est vrai que, de loin, au premier abord, le titre d’Everstone présente certaines similitudes avec celui de Sucker Punch. Son introduction, par exemple, où l’on traverse des champs de fleurs en affrontant des ennemis dans une sorte de champ de bataille, rappelle effectivement Ghost of Tsushima. Mais en réalité, les ressemblances s’arrêtent là. Vraiment. Là où Ghost of Tsushima flirtait avec le Japon féodal, Where Winds Meet embrasse pleinement l’esthétique et les principes du Wuxia, à commencer par son univers. Le jeu plante son décor dans les Seize États de Yanyun, au cœur de la période des Cinq Dynasties et Dix Royaumes – une époque trouble, fragmentée, particulièrement propice aux légendes martiales. Cette toile de fond historique donne au jeu une densité narrative inédite, avec une Chine morcelée où chaque région semble abriter son lot de mystères, de conflits, mais aussi de beauté.
CROUCHING TIGER, HIDDEN DRAGON
Le joueur incarne un guerrier épéiste dont l’aventure démarre dans le feu de l’action, avec une séquence d’ouverture où il doit échapper à des mercenaires prêts à le tuer, sans doute pour récupérer le bébé qu’il tient contre lui. On est immédiatement plongé dans cette ambiance tendue, et très vite, on affronte un premier boss : le Formless Emperor. Avec sa carrure imposante, son masque fendu en deux et sa hallebarde tranchante à l’allonge redoutable, il marque le ton. C’est à ce moment que l’on découvre le système de combat, particulièrement riche, souple dans ses mécaniques et impressionnant dans ses animations. Where Winds Meet reprend de nombreuses mécaniques issues des action-RPG modernes, notamment l’esquive et la parade popularisées par les jeux de FromSoftware, mais avec davantage de fluidité et une verticalité bien plus marquée. Grâce aux aptitudes inspirées des films de Wuxiapian, le héros peut bondir très haut dans les airs et même planer brièvement.
Reprendre les codes du Wu Xia Pian, c’est aussi soigner les combats et les chorégraphies. À l’image de Phantom Blade Zero, Where Winds Meet propose plusieurs façons de frapper un ennemi, souvent avec style. D’ailleurs, le studio Everstone a fait appel à Stephen Tung Wai, action designer et réalisateur hongkongais réputé, ayant collaboré avec des figures majeures comme John Woo (Hard Boiled, À toute épreuve) ou Donnie Yen (Seven Swords, Bodyguards and Assassins). Le bonhomme connaît son affaire, et son expertise se ressent dans le jeu, notamment dans les transitions ultra classes et cinématographiques entre gameplay et cutscenes. Sans trop en dévoiler, sachez que le bébé protégé par le guerrier au début de l’histoire est en réalité le personnage que l’on incarnera ensuite. Il sera possible de le façonner de la tête aux pieds, mais une chose restera visible : sa cicatrice, juste sous l’œil. Commencera alors une montée en puissance, avec des armes à maîtriser, des techniques à apprendre, et des arts mystiques à débloquer. Grâce aux pouvoirs du Qing Gong, notre personnage pourra faire des choses surhumaines : voler brièvement, courir sur l’eau, grimper des falaises à toute vitesse… sans oublier les pouvoirs liés au Chi, qui permettent d’étourdir un ennemi à distance ou de repérer un objectif.
L'ART DE LA GUERRE
Le joueur peut aussi apprendre diverses techniques comme le Tai Chi, les points d’acupuncture, ou encore acquérir des compétences en observant le comportement d’animaux. Cracher du feu comme un dragon, bondir comme un crapaud géant, rugir comme un lion… voilà un aperçu des capacités disponibles. Les arts mystiques permettent aussi d’attirer des objets à soi, de s’envoler en lançant un coup de pied rotatif, ou encore d’arracher les armes des mains des ennemis. Le style de combat dépend aussi de l’arme équipée. Dans la bêta fermée, huit types d’armes étaient disponibles : épée, lance, arc, éventails, doubles lames, sabre, corde avec un dard, et même ombrelle. On peut en porter deux à la fois, à interchanger librement. Certaines armes (comme l’épée ou la lance) sont disponibles dès le début, tandis que d’autres se débloquent plus tard dans l’aventure.
Toutes ces possibilités donnent lieu à un système de combat dynamique, fluide, réactif et percutant. On peut viser librement ou verrouiller une cible. Les parades et les blocages demandent un bon timing et consomment de l’endurance. Si la difficulté est trop élevée, une assistance à la parade peut être activée dans les options. Le rythme est plus rapide et nerveux que dans n’importe quel Soulslike. C’est moins lourd, plus vif. On pourrait dire que c’est un Soulslike "plus huilé". Parmi les éléments hérités des MMO — et qui rappellent aussi Death Stranding — on retrouve les messages laissés par les joueurs dans l’open world, utiles ou parfois trollesques. En solo, ils enrichissent l’exploration ; en multijoueur, on peut croiser d'autres personnages et lancer des donjons en coopération jusqu’à quatre.
HERO (DE ZHANG YI MOU)
Côté monde ouvert, Where Winds Meet voit grand : de nombreux PNJ se souviennent de vos choix, ce qui permet d’augmenter votre lien avec eux et d’obtenir des objets uniques. L’immersion est renforcée par une gestion poussée de l’état physique : faim, poison, entorse, folie… tout peut freiner votre progression. Et pas uniquement en combat. Il faudra consulter un soigneur — PNJ ou joueur — pour guérir. Le jeu regorge également d’interactions inattendues : frapper une oie dans un village ? Elle revient avec sa bande. Voler un objet ? Direction la prison. Vous vous évadez ? Une prime est placée sur votre tête. Le karma est partout, et les PNJ se souviennent de vos actes. Des activités annexes sont aussi au programme : pêche, cuisine, mah-jong, mini-jeux, parcours d’obstacles, énigmes, construction de maison, exploration sous-marine, factions... Il y a toujours quelque chose à faire.
Ce foisonnement a toutefois un prix : la progression principale est parfois bloquée par des paliers de niveau. Après le premier chapitre, par exemple, il faut atteindre le niveau 32 pour poursuivre l’histoire. Et bien sûr, open world oblige, Where Winds Meet propose des voyages instantanés, mais aussi des déplacements rapides via la course aérienne, le vol, la nage ou la plongée — avec gestion de l’endurance et des dangers sous-marins. Visuellement, le jeu est séduisant. Il ne rivalise pas avec les plus beaux titres actuels, mais propose des environnements envoûtants, des paysages marquants et des lieux de culte étonnants. Côté audio, Where Winds Meet mêle habilement instruments traditionnels chinois et nappes orchestrales. Les thèmes sont puissants et évocateurs, et les dialogues intégralement en mandarin renforcent l’immersion.
On ne sait pas encore quand Where Winds Meet sortira chez nous, mais il s’annonce comme une œuvre hybride, ambitieuse, et surtout profondément respectueuse de la tradition Wuxia. Et je ne sais pas vous, mais moi, je suis très impatient d’y jouer ! Ce sera pour 2025, sur PC et PS5, si tout va bien.