Dix-neuf ans d'absence c'est très long, et certains jeunes joueurs potentiellement intéressés par ce nouvel épisode n'ont peut-être jamais touché un Metroid de leur vie. Heureusement, Nintendo et le studio MercurySteam ont pleinement conscience de ce problème et nous proposent une cinématique d'introduction assez didactique, qui rappelle en quelques minutes la nature et l'existence des Métroïdes, des Chozo, des Parasites X et le rôle de Samus Aran dans tout cela. Si notre héroïne reprend aujourd'hui du service, c'est tout simplement parce que la Fédération Galactique a reçu une transmission vidéo prouvant la présence d'un X vivant à l'état sauvage sur la planète ZDR. Sept robots E.M.M.I. sont envoyés sur place pour enquêter, mais plus aucune communication avec eux n'est désormais possible. Il ne reste donc plus qu'un seul espoir et une seule solution : envoyer Samus à la rescousse ! La première rencontre locale, hostile et non jouable, aboutit à une "amnésie physique" qui prive notre héroïne d'une bonne partie de son armure et de ses équipements. Il fallait bien un artifice scénaristique pour justifier un nouveau départ.
Car ce Metroid Dread est bien évidemment un Metroidvania (la série Metroid a tout de même co-inventé le genre…), et il est donc primordial de distiller au joueur les différents gadgets et pouvoirs tout au long de l'aventure, afin qu'il puisse débloquer sans cesse de nouveaux chemins. Navettes ou ascenseurs entre les différentes zones principales, portails de téléportation et autres raccourcis à dénicher en détruisant des murs sont de la partie, mais n'évitent pas les nombreux allers-retours inhérents au genre. Cet aspect labyrinthique des niveaux constitue d'ailleurs à la fois une force et une faiblesse. Une force car les fans de la série attendent spécifiquement ce type de level design, et une faiblesse car les nouveaux venus habitués à être pris en main risquent de se perdre régulièrement et de pester contre l'absence d'indicateur d'objectif.
PRIME TIME
En revanche le gameplay réconciliera tout le monde car les mouvements et l'action sont d'une très grande fluidité. Glissades, sauts, accrochages aux rebords, et autres rebonds sur les murs s'effectuent facilement et offrent de très bonnes sensations. La frappe de riposte, sous forme de QTE à placer au bon moment, est particulièrement réjouissante et utile, puisqu'elle permet de bloquer les attaques de certaines créatures, de les tuer en un coup, et de récolter un gros bonus en santé et munitions. Quant aux pouvoirs à débloquer au fil de l'aventure, ils enrichissent sans cesse les possibilités, qu'il s'agisse du tir chargé, de l'arachnoaimant permettant de s'accrocher aux murs et plafonds magnétiques, du camouflage spectral conférant une invisibilité temporaire, du rayon large constitué de trois tirs simultanés et parallèles, ou encore de l'iconique boule morphing, qui permet à Samus de se rouler littéralement en boule afin de passer dans les espaces les plus étroits.
Le seul véritable bémol en ce qui concerne le gameplay provient de la visée libre, qui permet en théorie de pointer précisément tel ou tel endroit avant de tirer. Sa sensibilité est hélas bien trop élevée, ce qui complique inutilement la manœuvre et oblige à s'y prendre à plusieurs reprises. Ce réglage excessif et non modifiable est assez frustrant, notamment lors de certaines séquences de boss et mini-boss, qui demandent justement de viser rapidement et précisément des points faibles. Ces créatures restent tout de même intéressantes à abattre, notamment les sept robots E.M.M.I. évoqués plus haut. Ils ont comme particularité d'être initialement invincibles, ce qui oblige Samus à courir vers la sortie ou à s'infiltrer discrètement dès qu'elle rentre dans une zone contrôlée par l'un de ses anciens alliés. Cette petite variation de gameplay et d'ambiance change un peu de la routine. Il est possible de venir à bout de chaque robot une fois que l'on dégote un canon oméga (à usage unique) dans les décors, mais la manœuvre reste relativement ardue puisqu'il faut pour cela viser longuement le même point faible avant que la machine à tuer ne s'approche trop de nous.
OLD SCHOOL CONTEMPORAIN
Plus old-school que franchement novateur, Metroid Dread affiche tout de même son gameplay 2D dans une véritable 3D. Cela autorise quelques effets spéciaux plus ou moins chatoyants, ainsi que des mouvements de caméra variés qui permettent une transition fluide avec les scènes cinématiques. La mise en scène en particulier et la narration en général restent tout de même classiques, voire scolaires. En revanche, cet épisode a le mérite d'enrichir sensiblement l'univers Metroid. Quant aux graphismes, il ne faut évidemment pas attendre de miracles de la part de la Switch. Si le jeu reste agréable à l’œil, c'est bien plus en raison de la direction artistique que de la technique pure. Le plaisir de retrouver Samus évoluant de profil dans des couloirs métalliques joue également en la faveur du titre, qui cherche avant tout à plaire aux fans de la série. L'effet nostalgie remplit parfaitement son rôle et décuple le plaisir que l'on ressent à parcourir la planète ZDR. Les retrouvailles, ça a du bon !