Avec Kylian Mbappé et Sam Kerr en jaquette, le message était clair et identifiable : en termes d’ouverture et d’accessibilité, FIFA 23 compte bien perpétuer les efforts entrepris dans les précédentes versions. Le football féminin, déjà présent depuis quelques années, s’est vu renforcé de manière majuscule dans cette édition. Les ligues nationales féminines françaises et anglaises, - les première et deuxième division de chacun des deux pays - intègrent le roster des équipes jouables, avec un effort notable sur la modélisation des principales stars de ces championnats. Sur le terrain, les femmes ne sont pas en reste, avec des arbitres féminins dans certaines de vos parties et ce, quel que soit le mode de jeu. Une initiative louable mais qui nous a paru encore un peu limitée. Quitte à inclure encore plus le football féminin, on regrette que FIFA 23 ne soit pas allé au bout de l’idée, avec les autres ligues nationales par exemple - on l’aime, mais il n’y a pas que la D1 Arkema dans la vie - et surtout la Ligue des champions, dans laquelle nos clubs français ont l’habitude de briller (n’est-ce pas Lyon ?). Pas de quoi tourner en boucle non plus dans son salon à bougonner... Surtout que les filles seront encore à l’honneur avec l’ajout sous forme de DLC gratuit des deux Coupes du monde, masculine en novembre 2022 et féminine donc, en 2023.
Ce sentiment d’ouverture se ressent aussi manette en main. Déjà mis en avant la saison dernière, avec notamment un apport certain dans les célébrations et les ambiances de match, l’Hypermotion - le nouveau moteur basé sur une meilleure et plus complète reconnaissance de mouvements - a encore franchi un cap. Les pelouses en sont le parfait témoin, avec des traces énormes faites par des crampons après un tacle et tous autres types de détériorations dus soit aux conditions climatiques, soit aux comportements des 22 acteurs sur le terrain. Ces derniers, et c’est le plus important, ont encore gagné en réalisme. Leurs mouvements ont été retravaillés, avec l’ajout de nombreuses animations mais ils ont surtout perdu en vitesse d’exécution : fini les retournements face au but ultra-rapides (et pas vraiment réalistes), chaque gestuelle des joueurs est plus lente, plus posée.
UN MONDE QUI BOUGE, MAIS TRÈS LENTEMENT
Au début - et même encore maintenant - ça surprend, mais le résultat et le rendu manette en main sont loin d’être désagréables. La conséquence directe à ce changement et à cette inertie, qui, sur certains aspects peuvent rappeler celle du concurrent direct historique à FIFA, est qu’il va falloir construire, bien prendre en compte les caractéristiques de vos joueurs. Bref, il va falloir réapprendre à jouer ou plutôt revoir sa façon de jouer pour s’adapter à ce nouvel environnement de jeu. Attention et il est important de nuancer, ce n’est pas une révolution dans la profondeur : si les joueurs font tout beaucoup moins vite, le jeu, lui, n’a pas réellement baissé en rythme. Les passes laser, si elles auront perdu un léger pourcentage d’efficacité (mais alors léger, léger) sont toujours aussi efficaces pour remonter le terrain à toute berzingue et les joueurs aguerris se retrouvent vite en 3-4 passes aux abords de la surface adverse, soit en position de tirer, soit en phase de construction d’une attaque placée. Défensivement, là aussi, il y a du changement. Et autant vous le dire tout de suite, la mission n’est vraiment pas simple. L’assistance - on y reviendra en évoquant le mode Ultimate Team - déplorée par beaucoup de joueurs, a été en partie revue et ceux qui comptaient beaucoup sur l’aide de l’IA et le comportement automatique de la ligne défensive - notamment en position très, très basse - seront surpris. En clair, pour bien et mieux défendre, il ne faudra pas hésiter à prendre plus de risques, à aller chercher son adversaire plus haut sur le terrain, le presser et anticiper ses choix. Là encore, l’ensemble va demander un temps d’adaptation certain mais il est beaucoup plus jouissif de bien anticiper et de prendre la bonne décision au moment d’agresser le porteur de balle… et plus plaisant de comprendre pourquoi tel ou tel joueur de notre équipe s’est fait effacer sur une contre-attaque rapide.
OMAR, C'EST LA GRANDE RÉGALADE
Le changement, à défaut d’être réellement visuel - le jeu est un petit peu plus beau que l’an passé, avec plus de modélisations réussies mais globalement, aucune évolution ou gap majeur dans ce registre -, il est aussi sonore. Exit Hervé Mathoux, orphelin depuis plusieurs mois de Pierre Menès, place au duo de commentateurs de beIN Sports, Benjamin Da Silva et Omar Da Fonseca. Particulièrement apprécié dans la vraie vie, ce binôme, qui a fait du ton posé du premier et des envolées lyriques du deuxième sa marque de fabrique, est tout aussi efficace dans FIFA 23. Forcément, le naturel est un peu moins présent - on rappelle que ces messieurs enregistrent des commentaires déjà écrits - mais le rendu est efficace. Les tirades d’Omar font mouche, notamment celles concernant un certain Lionel Messi (sans déc’!). Et si, d’aventure, les remarques du duo étaient jugées trop négatives pour vous, sachez que vous avez la possibilité de désactiver les commentaires critiques dans le jeu. Rien que ça. Le reste ? Les développeurs ont tenu à modifier les coups de pied arrêtés. Les penalties sont désormais régis par un système de cercle sous les pieds des joueurs, avec un timing à respecter pour être le plus adroit et précis possible au moment de tirer. Les corners et les coups francs ont changé de vue, avec une perspective derrière le joueur, une flèche à diriger et des indications pour paramétrer la façon avec laquelle vous voulez tirer votre coup de pied arrêté. LE gros changement, c’est l’ajout d’une nouvelle frappe, la power shot, qui se déclenche avec la pression simultanée du bouton tir et des gâchettes L1 +R1. Une animation se produit alors, avec un zoom sur le porteur du ballon (à la manière d’un Mario Strikers) et s’ensuit derrière une frappe supersonique et puissante… qui peut très bien ne pas aller au fond des filets !
OLIVE, SANS TOM
C’est la magie de cet ajout, qui n’est pas si simple à apprivoiser, puisque la frappe est manuelle et non pas assistée. Il faut donc être précis au moment de l’employer, mais une fois maîtrisée, celle-ci fait de sacrés dégâts. Pour tout vous dire, elle nous laisse ici encore dubitative : si elle offre une variété et du changement par rapport à la frappe enroulée, si elle sanctionne les défenses trop basses et représente un formidable outil dans la finition, elle a tous les codes du mouvement cheaté, surtout une fois que toute la communauté de joueurs aura compris comment bien l’employer. A surveiller donc. En parlant de tirs, dont la variété d’angles a encore été accru, on est obligé d’évoquer le cas des gardiens de buts. Beaucoup trop forts à la même époque, ils sont cette fois beaucoup trop… faibles. Certes, ces derniers bénéficient aussi de nouvelles améliorations et sont moins stupides dans leurs relances courtes aux pieds et à la main (enfin) mais leur comportement sur leur ligne est quand même sacrément douteux. Plongeons en retard ou du mauvais côté sans changement pourtant de trajectoire de la balle, pas de plongeons du tout aussi parfois, leur palette est souvent effrayante et il faudra vite y remédier pour ne pas gâcher l’équilibre de jeu proposé cette année.
Un équilibre qui est forcément à nuancer dans le mode FUT et sa diversité de cartes et de boosts de joueurs. Sur ce mode, il y a pas mal de changements et c’est finalement dans sa mécanique que ces derniers opèrent. Le collectif a changé : fini les liens vert, jaune et rouge, place à un système de losange qui se remplit en fonction des connexions des joueurs entre eux. Plus besoin de coller absolument des joueurs de même nationalité et de même championnat : ces derniers sont connectés quelle que soit leur place dans votre onze. Cela va permettre une plus grande diversité d’équipes en ligne et offrir aux joueurs d’autres solutions que de devoir absolument aligner des Icônes pour lier plusieurs championnats entre eux. Autre chose, la notion de collectif est un peu moins punitive que par le passé. Le maximum de synergie (33 sur 33) permet de booster les attributs de style que vous donnez à vos joueurs, et de bénéficier d’une meilleure assise défensive, aussi. Mais contrairement aux autres opus, ne pas avoir le collectif max ne fait pas baisser les stats de vos éléments. Elle ne les booste simplement pas, comprenez par là que vos joueurs conservent juste leurs données de base, sans malus donc et sans bonus. Une bonne nouvelle, qui s’ajoute aux changements de poste. Les joueurs ayant tous un ou deux postes secondaires, plus besoin d’acheter des dizaines de consommables pour les faire jouer ou et comme vous voulez. Les postes offensifs sont liés (un ailier gauche peut jouer buteur et inversement, ce qui n’était pas possible auparavant), ce qui va faciliter la tâche de tous les joueurs, les novices comme les habitués.
UN FIFA PRESQUE ULTIME
L’expérience de jeu a été boostée, avec l’arrivée du cross-play (enfin !), réclamé par les joueurs depuis un bon moment. A noter que ce dernier n’est pas intégral : les joueurs de l’ancienne génération et ceux de la next-gen ne peuvent pas s’affronter. Le cross-plateforme se fait donc par génération : PS4-Xbox One d’un côté, PC, PS5 et Xbox Series de l’autre, ce qui nous permet de préciser qu’EA Sports a fait un effort pour le portage PC cette année, avec une version enfin à la hauteur des versions next-gen. Le contenu solo du mode Ultimate Team se voit dopé avec l’arrivée des Moments FUT, des matches à challenge censés retracer l’histoire de quelques vedettes du football mondial (comme c’est le cas avec Mbappé), dans le but de remporter des étoiles, monnaie virtuelle vous permettant de vous offrir des packs, le nerf de la guerre de FUT depuis sa création. On aurait aimé en dire autant des autres modes de jeu, mais le changement est, à chaque fois, plus infime. Volta, qui n’a plus du tout de mode scénarisé ou de trame principale, fusionne avec le Club Pro (qui lui n’est pas encore concerné par le cross-play), vous permettant de relier votre avatar à ces deux modes. La carrière, très prisée par les joueurs, met l’accent sur l’interactivité, avec la possibilité de jouer les moments cruciaux d’une partie. Les négociations pour les transferts ont gagné en interaction, avec une jauge déterminant le comportement en direct de votre interlocuteur. Le nombre de coaches modélisé a été augmenté et pour le fun, le personnage de Ted Lasso, entraîneur de l’AFC Richmond dans la série du même nom, fait partie de ce roster. En tant que joueur, la carrière se penche plus sur l'extra-sportif, avec des intérêts autres à gérer pour son avatar et un système de personnalité qui définissent le type de joueur que vous souhaitez devenir. Enfin pour finir, on apprécie la présence d’un mode Entraînement, plus souple, plus fun aussi à appréhender, avec un système de défis, à même d’intéresser le plus grand nombre et fortement recommandé, surtout s’il s’agit de votre premier FIFA. Dans l’ensemble, vous l’aurez compris, c’est à un très bon cru que nous avons affaire avec FIFA 23. Pas parfait, loin de là, pas franchement révolutionnaire non plus, mais suffisamment riche en idées pour offrir un jeu de football agréable à jouer, peut-être même le meilleur de la saga depuis longtemps. La transition est réussie. Place à la suite messieurs, dans les prochains mois.