Vous le savez sans doute, ce qui a toujours différencié Battlefield à Call of Duty, c’est son sens de la démesure, l’ivresse du champ de bataille. Des maps immenses, des véhicules qui se mélangent à l’infanterie, des escouades qui travaillent ensemble selon leur spécialité, des bâtiments qui s’écroulent sous nos yeux en temps réel, et un chaos réel qui donne un sens véritable au terme ‘guerre totale’. Tout cela a toujours défini le multijoueur de la franchise Battlefield, au point où pour ses développeurs, la campagne solo n’avait aucun intérêt. Une erreur quand on sait qu’il existe un public de darons qui achètent leur Kalof chaque année uniquement pour la solo et jamais pour le multi. Un manque à gagner que Electronic Arts souhaite donc rectifier avec Battlefield 6, qui nous offre sans doute l’une de ses meilleurs campagnes solo depuis bien longtemps. Un solo de 9 chapitres et d’une durée de vie de 7 à 8h selon votre façon de jouer et qui a compris comment transposer l’expérience multi dans une aventure solo, avec tous les éléments que je vous ai cités juste avant. Et pour ce faire, il a fallu se retrousser les manches et c’est grâce à la réunion de ses meilleurs studios que Electronic Arts s’est enfin sorti les doigts du fiak, si vous me permettez cette vulgarité.
C’est simple, sous le label Battlefield Studios, on retrouve DICE bien évidemment, le studio lead de tous les BF, mais aussi Criterion, qu’on connaissait pour la série des Burnout puis des Need for Speed, Motive qui a été fondé par Jade Raymond en 2015 et qui nous a offert le remake de Dead Space en 2023 et enfin Ripple Effect qui s’appelait auparavant EA Los Angeles et qui a développé tous les anciens Medal of Honor. Quatre studios répartis sur deux continents, avec plus de 20 ans d'expérience sur la franchise avec un objectif : concrétiser une nouvelle vision audacieuse et authentique de la série. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est réussi. Dans sa globalité, la campagne solo de Battlefield 6 est moins cinématographique que celle d’un Call of Duty qui, on va dire, propose de meilleurs scripts et des séquences couloirs plus spectaculaires, mais Battlefield 6 se rattrape aisément par l’intensité des combats qui composent sa progression. Attention, ça ne veut pas dire que le solo de Battlefield 6 n’est pas spectaculaire, je vous laisse admirer les séquences de gameplay que je mets en fond pour que vous puissiez mesurer l’ampleur du combat, mais le FPS militaire d’Electronic Arts va plutôt favoriser la progression par équipe avec des zones de jeu plus ouverts.
D’ailleurs, au niveau de l’histoire, elle se déroule entre 2027 et 2028 aux commandes de Dagger 1-3, une unité d’élite des Marines américains qui vont devoir combattre la PAX Armata, une milice qui est devenue tellement puissante qu’elle menace désormais l’équilibre du monde. Une autre forme de terrorisme, puisque c’est de ça que ça parle, avec pour toile de fond la guerre mondiale, des trahisons et des tensions politiques. Quant au groupe de Marines qu’on suit durant ces 7-9h de jeu, il est composé de plusieurs hommes et femmes qui vont se succéder au film des chapitres et qu’on va incarner tour à tour. La particularité de ces Marines, c’est qu’ils ont leurs spécificités, définis par leur classe : Assaut, Ingénieur, Soutien et Éclaireur, qui sont tout bonnement les classes disponibles dans le mode multi. Il y a d’ailleurs une gestion légère de l’escouade avec la possibilité de donner des ordres à ses coéquipiers. Je vous rassure, ce sont des ordres très basiques et qui ne plombent en aucun cas le rythme des combats, surtout que vous n’êtes jamais obligé de les utiliser, mais sachez que l’option est là. Et si jamais ça vous amuse d’en faire usage, il est possible de demander à Gecko de marquer les cibles, à Lopez de balancer des munitions et des trousses de soin et à Murphy de tout faire sauter, tandis que d’autres soldats interviendront plus tard dans le scénario. Rien de révolutionnaire, mais suffisant pour créer une vraie synergie sur le champ de bataille, tout de même. Ça donne l’impression de faire partie d’une équipe, et non d’un one-man army à la Rambo en gros. Et ça fonctionne, car derrière, il y a du répondant, avec des échanges qui font office à la fois d’ambiance et de feedback de gameplay, rendant chaque fusillade plus vivante et insuffle une dynamique d’un affrontement multijoueur. Par contre, comme d’habitude avec ces jeux-là, Call of et Battlefield, la VF est imposée, impossible de jouer avec les voix originales américaines et comme souvent, le doublage français est mi-figue mi-raison. Certaines voix sont top, d’autres un peu à côté de la plaque en termes d’émotions, et ça s’entend très fort quand nos soldats sont sous le feu nourri. Dommage. Bref, comme d’hab, pour profiter de la VO US, faut passer votre console en version US dans son système.
L’autre grande force de cette campagne solo, c’est cette variété de situations et de missions différentes qui donnent un rythme effréné à chaque nouveau chapitre. C’est simple, il n’y a pas une mission qui ressemble à une autre, d’autant qu’elles sont suffisamment bien calibrées pour nous tenir en haleine et nous offrir de belles images comme celles que vous voyez en ce moment. L’intro du jeu commence d’ailleurs sur les chapeaux de roue avec une attaque de la PAX d’un camp militaire américain, au pied d’une montagne magnifique. La mission sur le canal de Gibraltar est toute aussi impressionnante avec ses véhicules amphibies qu’on pilote sur une mer déchaînée, en proie à de l’artillerie lourde, avant qu’on ne débarque sur la plage. Il y a évidemment un côté débarquement en Normandie avec ses bunkers au loin, mais à l’intérieur d’un véhicule tout terrain. Vu que les véhicules font partie de l’expérience Battlefield, on va pouvoir en contrôler dans cette campagne solo, avec un contrôle total et pas seulement sur des rails comme c’est souvent le cas dans les campagnes solo de Call of Duty. Dans tous les cas, parmi cette variété de missions, il y aura des prises d’assaut, des passages plus discrets en infiltration, des moments avec vision nocturnes, des tentatives d'infiltrations, des positions à défendre, des attaques avec des drônes qu’on subit et d’autres qu’on envoie aussi, des attentats à déjouer, le tout dans des décors toujours aussi impressionnants et parfois majestueux, comme ce passage au Caire en Egypte ou près du pont de Brooklyn.
Et puis, il y a cette notion de destruction massive et en temps réel, faire tomber des bâtiments entiers comme des châteaux de cartes. C’est la promesse du mode multi qui a pour but de rendre les affrontements encore plus spectaculaires et qu’on retrouve aussi dans la campagne solo. Bien sûr, on se souvient tous du système Levolution de Battlefield 4 qui transformait les cartes en temps réel par le biais de bombardements et de catastrophes naturels, mais là, c’est différent. D’ailleurs, il faut savoir que les maps de Battlefield 6 ne sont pas 100% destructibles. Et non, seules certaines portions du décor partent en lambeaux, ce qui va peut-être en décevoir quelques uns, mais derrière cette décision, il y a un choix de game design assez évident et logique. Si tout avait été destructible, le level design n’aurait plus aucun sens, et le level design, c’est vital dans un jeu vidéo et surtout dans un shooter où la planque est crucial. Du coup, à vous de repérer les zones destructibles des bâtiments pour justement savoir si vous êtes dans une zone safe ou pas du tout. Et ça vaut aussi bien en solo comme en multi. Bref, vous l’avez compris, le solo est une belle réussite, très prenante, très fun à jouer aussi, moins cinématographique, moins scriptée, mais avec plus de liberté de jeu je trouve. Et c’est très bien comme ça.
On en vient maintenant au mode multijoueur, qui est évidemment la pièce-maîtresse de ce Battlefield 6 et ce qui va lui permettre de durer dans le temps, d’imposer son style et surtout sa proposition. Parce que le 2.4/10 que les joueurs ont attribué sur Metacritic pour Battlefield 2042, il est resté en travers de la gorge d’Electronic Arts et du studio DICE. Il faut dire que le système des Spécialistes avait fait rager la communauté et pour Battlefield 6, EA et ses studios ont fait machine arrière, avec le retour des classes plus classiques et cette envie de retrouver la vibe Battlefield 3 et 4, qui reste pour beaucoup les meilleurs épisodes de la franchise. Il y a donc le retour des 4 classes emblématiques, Assaut, Ingénieur, Soutien et Eclaireur, qui disposent de leurs spécificités pour une synergie parfaite, mais qu’on peut faire quand même évoluer, parce que bon, on est en 2025 quand même. En fait, Battlefield 6 introduit un système hybride d’armes qui permet d’équiper n’importe quelle arme sur n’importe quelle classe, ce qui donne une certaine liberté, sans non plus trahir l’ADN original. Et puis, pour éviter que ça râle sur les forums et les réseaux sociaux, les développeurs ont intégré un mode « armes verrouillées » qui préserve l’expérience traditionnelle. Comme ça, tout le monde est content.
Et comme le but c’est de donner de l’importance à chaque classe, elle dispose toute d’un trait unique, comme par exemple la classe Assaut qui bénéficie d’une régénération de santé plus rapide, de stimulants supplémentaires et d’une meilleure précision en mouvement. L’ingénieur de son côté est le seul qui dispose des armes pour faire sauter les véhicules blindés, mais aussi réparer les véhicules alliés si besoin. L’Eclaireur de son côté peut marquer automatiquement les ennemis pour son équipe lorsqu’il vise, mais peut aussi empêcher l’ennemi de se soigner s’il fait usage de son fusil de sniper. D’ailleurs, les tirs à la tête éliminent instantanément les ennemis, sans possibilité de réanimation. Et justement, l’une des mécaniques sympas dans ce Battlefield 6, c’est cette faculté à demander de l’aide à ses coéquipiers si on tombe au combat. La demande est limitée dans le temps avant de succomber aux blessures, et si jamais vos potes mettent trop de temps pour venir vous soigner, il est possible de se laisser mourir et de respawn par la suite, mais ça fera un kill de plus pour le camp adverse. D’ailleurs, c’est la classe Support qui est la mieux placée pour vous réanimer, mais elle peut aussi placer des couvertures temporaires et distribuer des munitions. Bref, chacun à un rôle bien spécifique et l’entraide est le meilleur moyen de remporter la victoire, comme on peut le voir quand on entre dans une fourgonnette, un tank ou un hélico. Il y a ceux qui conduisent ou pilotent et les autres qui shootent. Il faut donc une confiance mutuelle l’un envers l’autre et c’est ce qui fait le sel de l’expérience multi de ce Battlefield 6.
La destruction partielle et en temps réel des décors est aussi l’une des meilleures idées de ce Battlefield 6, car elle donne un sens stratégique aux affrontements. Tous les mecs qui se planquaient dans les bâtiments ou dans les structures en hauteur peuvent désormais être délogés en un rien de temps. Entre les frag grenades, les lances grenades, les RPG et les explosifs C4, les armes sont là pour démolir une façade, ou faire sauter le plancher d’un étage pour mieux surprendre l’ennemi. On peut même fracasser les murs avec des marteaux et ces éléments de destruction apportent un sens stratégique dans les combats vraiment mais vraiment jouissif. Et tout cela s’accompagne en plus de mouvements de nos soldats qui sont hyper fluides, hyper smooth et qui permet d’être archi mobiles qu’importe les situations. On peut sprinter, courir en étant accroupi, glisser sur les genoux, ramper, faire un saut vers l’avant, se retourner quand on est sol, s’appuyer contre un élément du décor pour tirer de biais, passer à travers des obstacles, passer à travers une fenêtre en la fracassant, Battlefield 6 rend chaque déplacement super mobile et super satisfaisant.
Et puis, il faut aussi saluer les équipes pour la qualité des maps, aussi bien sur le plan visuel qu’en matière de level design, qu’il s’agisse des grandes, comme des petites maps. Parce que oui, Battlefield 6 propose aussi des cartes plus intimistes, plus resserrées avec moins de joueurs, du 8v8, pour des affrontements plus vifs, plus nerveux, un peu comme la formule Call of Duty. Mais évidemment, ce sont les grandes maps avec véhicules terrestres et aériens qui rendent les parties de Battlefield 6 super excitantes. D’ailleurs, Electronic Arts a abandonné l’idée des 128 joueurs, on reste sur du 64, ce qui est largement suffisant pour que chaque game reste mémorable et garder son optimisation optimale. Quant aux modes, on a le droit aux modes Percées, Expansion, Conquête et Combat rapproché que vous connaissez forcément si vous avez déjà joué à Battlefield et je vous avoue avoir un petit faible pour le mode Percée, qui oppose une équipe d’attaquants à une équipe de défenseurs, qui doivent tenir leur ligne pour empêcher l’invasion. Et puis si Electronic Arts est malin, il va soutenir le jeu avec ce qu’il faut de mises à jour pour que le serveurs restent plein tous les soirs. Il y a quoiqu’il arrive cette impression d’être plongé au cœur d’un véritable champ de bataille. Les balles sifflent de tous les côtés, les explosions ne s’arrêtent jamais, il y a toujours un tank, un avion de chasse ou un hélico qui nous passe au-dessus de notre tête ou qui se fait exploser en vol, vraiment la notion de guerre totale, elle est totale !