L’Arabie Saoudite continue son offensive culturelle. Après le foot, la F1 et l’esport, voilà le cinéma. Et pour ça, Riyad dégaine un milliard de dollars pour relancer SNK à Hollywood, sous la houlette d’Erik Feig, vétéran des blockbusters. Ancien boss de Lionsgate, Erik Feig connaît un peu son sujet et c'est lui qui va prendre la tête d'une nouvelle société, Arena SNK Studios, financé par MiSK Group, SNK et MBC Group, trois entités qui appartiennent à Mohammed ben Salmane, le prince héritier d’Arabie saoudite, et grand fan de la NeoGeo et de l'ère SNK des années 80 et 90 (un homme de goût). Son objectif est simple : bâtir un empire créatif autour de licences cultes, des films à gros budget aux séries animées, en passant par des “expériences mondiales”. Et à la clé, un budget XXL d’un milliard de dollars, pour transformer SNK en machine à storytelling global.
SNK, c’est Fatal Fury, The King of Fighters, Samurai Shodown, Metal Slug, des noms gravés dans les salles d’arcade, la NeoGeo et les cœurs des quarantenaires. Le problème, c’est qu’Hollywood s’est déjà cassé les dents dessus. Comment ne pas se rappeler le désastre qu'était le film The King of Fighters en 2009. On préfère tous l’oublier. Mais le fonds souverain saoudien n’a pas la mémoire courte, lui, puisqu'il y voit du potentiel là où les autres ont vu un nanar. Avec Arena SNK Studios, le royaume veut transformer ces vieilles gloires en franchises modernes, et pour piloter ce grand retour, Riyad a choisi Erik Feig, producteur de Souviens-toi l’été dernier, découvreur de Twilight et ex-dirigeant de Lionsgate (John Wick, Hunger Games). Selon Deadline, Arena SNK Studios prévoit de collaborer avec des studios tiers et des plateformes de streaming.
En septembre dernier, la société Qiddiya, qui appartient elle aussi à la couronne saoudienne, a racheté RTS, l’entreprise derrière les tournois EVO, les plus gros événements de jeux de combat au monde. Avant ça, MiSK avait déjà mis la main sur SNK en 2022, et ce n’est pas tout : Ubisoft a collaboré avec Riyad pour une extension d’Assassin’s Creed Mirage, censée valoriser la région d’AlUla, vitrine touristique et culturelle du royaume. Pendant que Jean Nouvel y dessine un hôtel et qu’Alstom prépare un tramway, le soft power saoudien tisse sa toile dans le soft power pour nous prouver que le pays veut changer, être ouvert et créatif. Et même si, derrière l’image, les débats éthiques continuent de gronder, pendant ce temps, l'Arabie Saoudite avance, pendant que l'Occident s'empêtre...