Vous l'aurez compris, ce test n'a pas vocation à paraphraser ceux disponibles ici ou là depuis des années. Si vous souhaitez plus de détails sur l'aventure en elle-même, n'hésitez pas à replonger dans notre test de Wild Hunt et à vous renseigner sur le contenu des extensions Hearts of Stone et Blood and Wine. Ces trois segments majeurs, ainsi que seize contenus téléchargeables annexes, sont en effet inclus dans cette "Complete Edition", qui n'usurpe absolument pas son titre. Le contenu est tellement énorme (comptez environ cent cinquante heures de jeu) que la version physique est directement fournie sur une cartouche de 32 Go. On salue l'initiative. En revanche, la version dématérialisée est trop grosse pour être installée sur la mémoire interne de la Switch, qui montre d'emblée l'une de ses limites. Il vous faudra donc insérer une carte microSD d'au moins 32 Go dans la console pour pouvoir télécharger le jeu. Ce n'est évidemment pas là le seul défaut de cette version Switch, qui doit composer avec un processeur et une puce graphique bien inférieurs à ceux des autres plateformes.
Ce portage est donc forcément à la traîne par rapport aux versions PS4 et Xbox One, qui elles-mêmes étaient en retrait par rapport à la version PC, qui elle-même n'était pas tout à fait à la hauteur de la première vidéo montrée au public en 2013. Bref, nous avons en quelque sorte affaire à un downgrade de downgrade de downgrade. Autant dire qu'on n'en prend pas vraiment plein les yeux... du moins pas dans le sens habituellement positif de l'expression. Car il y en a des choses à observer ! Des scintillements, de l'aliasing, un flou général, des éléments de décor qu'on voit nettement apparaître à l'écran, ainsi que des textures compressées et baveuses qui ne font pas honneur au travail originel des artistes... Les sons ont également été compressés pour pouvoir tenir dans la limite des 32 Go, et les plus audiophiles d'entre vous s'en rendront peut-être compte. Le joueur moyen, lui, se réjouira plutôt de la présence concomitante des voix françaises et des voix anglaises, entre lesquelles on peut basculer librement.
QUID DES BONNES RÉSOLUTIONS DE GERALT ?
Afin de ne pas surcharger les circuits de la Switch, le jeu tourne naturellement dans des résolutions modestes. En mode téléviseur on a droit à du 720p dynamique, c'est à dire à 1280x720 pixels au maximum. Le mode portable utilise quant à lui du 540p dynamique, seuls 960x540 pixels sont donc affichés dans le meilleur des cas. Ces valeurs modestes, ainsi que les limitations visuelles évoquées plus haut, n'ont qu'un seul but : garder une fluidité suffisamment élevée pour que le gameplay ne souffre jamais trop. Et en effet, si l'on peut constater quelques ralentissements lors de certains combats intenses ou certaines cinématiques riches en changements de plan, le framerate reste globalement très acceptable. Il tourne autour des 30 images par seconde, avec quelques chutes dans la vingtaine. C'est évidemment loin d'être idéal, mais ce n'est jamais réellement handicapant. Il en va de même pour la taille des différents textes, qui restent lisibles en mode portable même s'ils sont en réalité plus adaptés à un grand écran. A ce propos, privilégiez absolument le mode portable ! Malgré sa résolution inférieure, l'image paraît nettement plus détaillée qu'en mode téléviseur, en raison de la faible taille de l'écran. Tous les problèmes graphiques de ce portage, bien que toujours présents, se font alors nettement plus discrets. Dans les deux cas, le jeu conserve une direction artistique plaisante, même si elle est mise à mal par la technique. Les couleurs chatoyantes, les étendues d'eau et certains effets de lumière font encore leur petit effet. De plus, les développeurs ont réussi à ne pas tailler dans le nombre de personnages affichés à l'écran. Les villes paraissent donc aussi peuplées que dans les autres versions.
THE SWITCHER 3
D'une manière générale, tous les défauts de ce portage, y compris les temps de chargement un peu longuets, sont choquants si on fait la comparaison avec les autres versions déjà sorties. Mais ils restent parfaitement acceptables pour quelqu'un qui découvrirait le jeu pour la première fois, surtout s'il est habitué aux graphismes modestes de la plupart des jeux Switch. Le tour de force technique consistant à faire tourner The Witcher 3 sur la console de Nintendo n'aura donc pas été vain, puisqu'il va permettre à un nouveau public de découvrir les aventures de Geralt. Ceux qui possèdent déjà le jeu sur une autre plateforme et réfléchissaient à acheter cette version pour quelques parties d'appoint pourront en revanche passer leur chemin. Le jeu est vendu à plein tarif, il n'y a pas de sauvegarde cross-plateformes, et les concessions graphiques piquent un peu trop les yeux quand on connaît déjà Geralt sous son plus beau jour.