Onze ans, cela faisait 11 ans qu'on n'avait pas eu de nouvel épisode de Super Mario Bros en 2D comme jeu de plateforme, je ne sais pas si vous vous rendez compte. Alors évidemment, je ne parle pas des épisodes 3D comme Super Mario Odyssey, ni des autres expériences du plombier moustachu, souvent sportives comme le tennis, le golf, ou le football plus récemment, mais en tant que plateformer, on n'avait rien eu d'original depuis New Super Mario Bros U, sorti sur Wii U en 2012. D'ailleurs, cet épisode-là, bien que sympathique manquait d'impact et de véritable nouveauté. Je me souviens qu'on l'avait noté 15/20 à l'époque, et je suis assez d'accord avec le test. Parce que tout de même, ça manquait d'originalité et surtout de folie. De toutes les manières, Nintendo a toujours été très sage avec ses Mario en 2D, qui durent depuis près de 40 ans, mais on va pas se mentir, la formule n'a jamais énormément évolué. Mais pour la fin de vie de la Switch, Nintendo a décidé de se sortir les doigts, pardonnez-moi l'expression, afin de nous offrir l'un des meilleurs jeux Mario 2D jamais créé.
BONJOUR FLORIAN
Mais avant de rentrer dans les explications détaillées et le coeur du gameplay, c'est quoi l'histoire de ce Mario ? Alors, vous allez me dire, on s'en fout de l'histoire Maxime, c'est un jeu Mario, il n'y en a pas, ça tient sur un confetti. C'est vrai, vous avez raison, mais il y a cependant quelques petits changements avec ce Super Mario Wonder. Déjà, pour commencer, on ne se retrouve pas au royaume Champignon, mais au royaume des fleurs, dirigé par le Prince Florian, cette espèce de petite chenille tout mimi, qui va voir son kingdom fusionner avec Bowser après que ce dernier ait mis la main sur la Wonder Flower, ou plutôt Fleur Prodige en français. Bowser va alors se métamorphoser en un énorme vaisseau qui va semer le chaos à travers les mondes. C'est donc à Mario et à tous ses amis de venir en aide au Prince Florian pour qu'il retrouve son royaume et sa prospérité. Pas de kidnapping de la princesse dans cet épisode, une grande première, puisque cette dernière fera partie des personnages jouables. Il y en aura d'ailleurs 12 dès l'écran de sélection : Mario, son frère Luigi, Peach (que j'aurais adoré voir avec sa combinaison du film d'animation), Daisy, deux Toad, une Toadette, 4 Yoshis et Carottin. Ils se jouent tous de la même façon, à l'exception des Yoshis et des Carottins qui sont là pour les joueurs les plus jeunes, car ils sont immunisés contre les dégâts, mais ils peuvent cependant mourir s'ils tombent dans une crevasse. En plus les Yoshis ont leur capacité habituelles dans leurs jeux à eux, ils peuvent avaler les ennemis, les recracher et planer un court instant dans les airs. Ils sont vraiment adaptés au enfants qui souhaitent jouer de façon chill.
CHAMPI, FLEUR, SAME SAME
Je vous l'ai dit tout à l'heure, ce Super Mario Wonder nous fait changer de royaume, celui de fleurs, mais en vrai, rien ne change vraiment. On retrouve ce même principe des biomes différents à traverser au fil des niveaux. Il y en a 7 au total et comme avant, il y a le monde sous-terrain, celui des fonds marins, la neige, le sable, le volcan, les nuages, les chutes, etc. On navigue donc en terrain connu, sauf que cette fois-ci, la navigation entre ces différents univers a gagné en souplesse, puisqu'il sera possible de se déplacer librement dans certaines zones ouvertes. Ça ne révolutionne rien bien sûr, mais après 40 ans de chemins balisés, limite automatisés, bah ça surprend au départ. Le fait de pouvoir se déplacer librement permet aussi de choisir son niveau. On est libre de commencer par celui qu'on veut, d'autant que chacun d'entre eux dispose de son niveau de difficulté affiché, en fonction du nombre d'étoiles affichées. Rien d'insurmontable je vous rassure, mais certains niveaux demandent parfois de la dextérité, du sang-froid et beaucoup de patience parfois. De toutes les façons, tout est fait pour revenir dans chaque niveau afin de récupérer l'ensemble des récompenses et de découvrir les passages cachés. D'ailleurs, parmi les nouveautés, il y a ces fameuses fleurs cancan, qu'on distingue avec leur bouche grande ouverte et qui n'hésiteront pas à communiquer avec vous. Oui, il y a des dialogues dans un Mario 2D et c'est une grande première. Ces fleurs vont vous parler, vous saluer, réagir à vos actions, vous encourager et même parfois pousser la chansonnette. C'est assez déroutant au départ, d'autant que nos personnages n'ont toujours pas l'usage de la parole (il va falloir y penser d'ailleurs Mr Nintendo), mais au moins, ça permet de créer une belle ambiance festive. Ça, on a vraiment adoré.
UN JEU (BON) VIVANT
Autre point qu'on a particulièrement aimé dans ce Super Mario Wonder, ce sont les graphismes du jeu. Ne tournons pas autour du pot, le jeu est un festival de couleurs et de bonnes vibes. Il en aura fallu du temps, mais Nintendo a enfin apporté plus de vie à ses personnages et à ses univers, et il ne fallait pas grand-chose pourtant. Un look plus cartoon, qui se rapproche un peu plus de ce qui a été fait avec le film d'animation. C'est plus rondelet, c'est plus charmant, ça se rapproche plus d'un film d'animation que d'un jeu vidéo traditionnel, j'exagère un peu mais vous avez compris l'idée. Et puis surtout, le jeu dispose d'une quantité d'animations nouvelles. Les mouvements sont plus nombreux, mieux découpés, il y a des détails partout comme ce chapeau que Mario ou Luigi perd en rentrant dans un tuyau, et qu'il rattrape de justesse. Voir nos personnages regarder autour d'eux quand ils sortent du tuyau, c'est pas grand-chose, mais ça apporte plus de mignonnerie aussi. Et des petits détails comme ceux-là, il y en a moult, avec également plein d'expressions au niveau des visages qui ont été ajoutés. Pour nos personnages bien sûr, mais aussi les ennemis. Tout est merveilleusement animé, et c'est aussi le cas dans les décors, c'est bourré d'éléments animés, et ça devient un véritable spectacle. Bref, ça m'était jamais arrivé dans un Mario 2D, mais souvent je m'arrêtais pour profiter de ce qui se passait à l'écran.
D'ailleurs, ces animations se mettent à exploser toutes en choeur dès lors que Mario ou ses amis attrapent une fleur prodige qui va littéralement transformer le niveau en maelstrom de couleurs et d'hallucinations. C'est comme si Van Gogh avait pris du LSD et qu'il se mettait à peindre ce qui lui passe par la tête. Visuellement, c'est magnifique et déroutant pour un Mario, mais en termes de gameplay, c'est une façon de transformer complètement l'agencement des niveaux et de chambouler le joueur. Des tuyaux qui prennent soudainement vie, le décor qui se met à trembler ou à pencher, des dinosaures qui déboulent en trombe, bref plein de phénimènes étranges qui nous prouvent que Nintendo s'est lâché et surtout s'est fait plaisir.
TRANSMUTATION !
Evidemment, que serait un Mario sans ses transformations ? Dans cet épisode, on a droit à trois métamorphoses inédites : éléphant, bulle et foreuse. En éléphant, Mario et ses amis peuvent compter sur la trompe pour se débarraser des ennemis, détruire les blocs ou carrément renvoyer les projectiles des ennemis vers l'envoyeur. Grâce au gabarit d'éléphant, il est possible d'exploser des murs et même de courir à travers des petites crevasses. Et si jamais vous vous approchez d'un point d'eau, on peut en garder dans la trompe pour arroser le sol et faire apparaître des plantes ou même des pièces. Autant vous dire qu'il ne faudra pas à hésiter à arroser le sol pour dénicher des trésors. Il y a aussi le costume bulle qui permet de balancer des bulles qui vont capturer les ennemis et les transformer en pièces jaunes. On peut même sauter sur ces bulles pour prendre plus d'altitude, et du coup atteindre des plateformes inaccessibles, ou tout simplement cachées. Quant à la 3è transformation, elle arrive bien après dans l'aventure, c'est le costume de foreur et qui permet à Mario et les autres persos de se protéger des choses qui lui tombent dessus. Un peu comme une protection supplémentaire. Il est bien sûr possible de détruire des blocs, de percer des trous, ou carrément se déplacer sous terre comme une taupe, et ainsi passer à travers des endroits qu'on pensait inaccessibles.
ON PRÉFÈRE LES PIN'S
A cela s'ajoute le système de badge, l'autre grosse mécanique nouvelle de ce Super Mario Wonder. En gros, en évoluant dans le jeu, on obtient des capacités supplémentaires qui vont aider Mario et les autres personnages à mieux évoluer. Il y a 24 badges au total et ça va du Parachapeau qui permet de flotter dans les airs au grappin qui permet de se déplacer plus facilement, en passant par le double saut mural à la vertical, la nage dauphin pour se déplacer plus rapidement sous l'eau, le grand bond vertical, l'aimant qui attire les pièces, etc etc. On ne peut porter qu'un seul badge par niveau, et certains d'entre eux vous suggèrent tel ou tel badge à porter pour mieux s'en sortir. On n'est pas obligé de l'utiliser bien sûr, et il y a toujours une solution pour arriver au bout du niveau, mais pour dénicher tous les secrets, il faut parfois écouter les conseils donnés par le jeu. Ce qui est fou dans ce Super Mario Wonder, c'est la quantité d'idées de gameplay mis en place par Nintendo. Des idées qui auraient pu tenir sur l'ensemble du jeu, mais que les développeurs ont utilisé uniquement pour un ou deux niveaux. C'est limite du gâchis à ce stade, mais ça prouve à quel point l'imagination était débordante lors de la conception de ce jeu. Même le bestiaire est d'une variété hallucinante, avec toujours ces petites idées sorties de nulle part et qui font mouche, comme la chute libre ou le niveau où l'on évolue parmi la foudre et les éclairs.
En fait, dans l'absolu, Super Mario Wonder reste un plateformer classique dans sa structure et ses mécaniques, on va pas se mentir, mais ce sont tous ces petits ajouts qui viennent étoffer la proposition, si bien qu'on a l'impression d'être en découverte constante à chaque nouveau niveau. Sinon, en main, le kiffe est toujours totale, avec cette précision unique que seul Nintendo a le secret, qu'il s'agisse de l'inertie des personnages, les sauts au millimètre près et le savoir-faire Nintendo en la matière. Non, y a pas à tortiller de la nouille comme j'aime bien dire, c'est du très beau travail. Surtout qu'en matière de contenu, là aussi, Nintendo s'est bien lâché. D'ailleurs, il est possible de faire tout le jeu en coop, mais ça, je vais pas vous mytho, je l'ai pas testé.