Le scénario de Resistance 2 démarre quelques heures après la fin des événements du premier épisode. Si les Humains sont parvenus à déjouer les plans des Chimères, la guerre est loin d’être terminée. Récupéré par des forces spéciales au large d’un Canada enneigé, le sergent Nathan Hale est aussitôt réquisitionné par l’armée pour saboter les plans des extraterrestres, venus en masse sur Terre pour foutre le boxon et par la même occasion imposer leurs lois. Comme dans la plupart des FPS (exception faite de BioShock), le scénario a été écrit sur un bout de papier et n’est là que pour servir le gameplay et mettre en œuvre les idées et les références des développeurs. D’ailleurs, à l’instar du premier volet, Resistance 2 collectionne les clins d’œil aux films de science-fiction. Alien, Independance Day, Predator ou bien encore Star Wars, il ne fait aucun doute quant à la nature même du jeu, à savoir un melting-pot bardé de références mais qui ne parvient à aucun moment à imposer sa patte. Un problème qu’on avait soulevé dans le premier volet et qu’on retrouve à nouveau deux ans plus tard.
Hale boy
Cependant, pour tenter de masquer cette absence de charisme assez flagrante, Insomniac Games a joué la carte du spectaculaire, avec des séquences plus ou moins rythmées et surtout scriptées afin d’immerger le joueur complètement dans l’ambiance. Si Infinity Ward et dans une moindre mesure Treyarch sont passés maître en la matière avec les différents épisodes de Call of Duty, le résultat avec Resistance 2 n’est pas du même acabit. Tout d’abord, difficile de s’identifier à Nathan Hale quand on possède un physique passe-partout et qu’on n’est pas très loquace. Car notre héros a beau s’être laissé pousser la moustache et la barbe pour se la jouer bad guy, son charisme ne parvient toujours pas à dépasser celui d’une huître. Malgré cette carence physique, Nathan combat l’ennemi avec envie et pour faire passer notre soldat pour un héros, rien de tel que l’envoi massif de vagues d’ennemis à dézinguer dans tous les sens. Une bonne idée en soi mais encore faut-il savoir maîtriser son sujet. En effet, si les concepteurs ont multiplié les affrontements avec des vagues de monstres à abattre par dizaines, ces derniers manquent cruellement de jugeote pour réellement nous inquiéter. Certes, les Chimères visent plutôt bien mais pour ce qui est du reste, elles se contentent de quelques mouvements basiques qu’on arrive facilement à anticiper. Vouloir scripter des séquences entières est loin d’être un défaut, mais seulement lorsque c’est bien fait. Dans Resistance 2, il suffit d’observer une seule fois les déplacements des adversaires pour ne pas reproduire ce qu’on avait fait juste avant la sauvegarde du checkpoint. Dans ce genre de FPS où tout est calculé au millimètre près, on tente de détourner le regard du joueur par une immersion saisissante. Généralement, la bande-son fait partie des éléments-clefs pour plonger le joueur dans la guerre, avec des bruitages percutants et une musique entraînante. C'est le cas dans de nombreux FPS de guerre tels que Call of Duty. Si la série d'Activision est une référence dans ce domaine, Insomniac Games a encore ses preuves à faire puisqu'à aucun moment, Resistance 2 ne parvient pas à nous faire croire à l'invasion dangereuse des Chimères. Peu de tension, zéro stress, même lorsqu'on fait face au Kraken, le joueur n'est jamais dedans. Et c'est bien dommage.
Refuse / Resist
Pas facile non plus de se plonger dans l’ambiance dramatique de la chose (la Terre est envahie par les Aliens et les Humains sont voués à disparaître), quand la réalisation ne suit pas non plus. En effet, si Resistance 2 est joli à contempler dans son ensemble, très vite on se rend compte que les détails qui composent le jeu sont affreux, n'ayons pas peur des mots. Textures floues et parfois baveuses, contours qui manquent d’arrondis, modélisation des objets succincte, bestiaire ultra limité, le moteur graphique utilisé est le même qu’en 2006 et on peut le dire, il a sacrément pris un coup de vieux. A l'heure où les développeurs tentent de repousser les machines dans ses derniers retranchements (Gears of War 2, BioShock, Far Cry 2), Insomniac Games nous fait savoir qu'il est encore possible de recycler des éléments de la PlayStation 2. Il suffit par exemple de se rapprocher des flaques de sang pour constater à quel point Resistance 2 traîne des casseroles derrière lui. A peine digne de la PSone... Il faut le voir pour le croire... Même topo pour le gameplay, classique au possible – quoique assez efficace par moments –, et qui prouve que nos exigences ne sont clairement plus les mêmes. Bâti en couloir avec aucune possibilité de prendre divers embranchements, Resistance 2 ne fait jamais appel à nos neurones pour tenter d'insuffler un peu de fraîcheur au genre. Que chi ! On avance, on fraggue, on avance, on fraggue. Nous voilà revenus à des sensations primaires. Back to basics, comme dirait l'autre...
Textures floues et parfois baveuses, contours qui manquent d’arrondis, modélisation succincte, le moteur graphique utilisé est le même qu’en 2006, et on peut le dire, il a sacrément pris un coup de vieux. Même topo pour le gameplay, [...] et qui prouve que nos exigences ne sont clairement plus les mêmes."
Puisqu’on énumère les absurdités du jeu, parlons du pathfinding des ennemis, mal géré et qui offre des situations cocasses. Il n’est donc pas rare de voir un ennemi continuer à avancer bêtement alors qu’il est bloqué par un élément du décor. Les méthodes ancestrales ressurgissent et l’on n’hésite pas à faire usage de ce bug inopiné pour sortir indemne de l’affrontement. Néanmoins, tout n’est pas à jeter dans Resistance 2, à commencer par un arsenal plutôt varié proposant souvent deux types de tir pour chaque arme. On passe facilement du simple gun ou Magnum au lance-roquettes tout en passant par le fusil de sniper à rafales ou bien le classique fusil à pompe. Rien de bien exceptionnel ceci dit mais quand on a tendance à réfléchir plus de 20 minutes pour trouver des qualités à un jeu chroniqué, on s’engage dans un comparatif artistique. Certes, on est loin du travail d’orfèvre réalisé sur BioShock et son côté Art-Déco, mais le titre d’Insomniac Games parvient à proposer des environnements assez séduisants dans l’ensemble. Même si le changement de décor est justifié scénaristiquement, on passe des couloirs étriqués d’un laboratoire à une forêt gigantesque tout en passant par une ville assujettie ou bien encore sur le ponton d’un bateau. A ces quelques qualités s’ajoute un mode coopératif, qui permet de continuer l’aventure avec un ami en réseau ou écran splitté. Reste alors le mode multijoueur, ambitieux et pouvant accueillir jusqu’à 60 personnes. C’est la grosse nouveauté de cette édition, à savoir la possibilité d’accueillir autant de pèlerins sur un même serveur pour des sessions de jeu qui virent assez vite à la cacophonie visuelle. Si certaines maps sont suffisamment grandes, d’autres en revanche manquent d’espace pour laisser autant de fous furieux du pad s’affronter dessus. De même les modes, archi-classiques, nous rappeleront également des sensations d'antan. Sympatique donc, mais loin d'être surprenant, le multijoueur de Resistance 2 se laisse jouer sans trop de complexe, mais en simple alternative à l'excellent Call of Duty 4 ou le récent Call of Duty : World at War. Sans trop prendre de risques, Insomniac Games consolide les bases multi du premier épisode mais prouve que l’aventure en elle-même manque tout de même de consistance. La prochaine fois peut-être…
Resistance 3 - Le test vidéo